Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Début janvier un rapport était remis à M. Macron sur l’immigration, rapport dangereux (dont il a déjà été question dans ces colonnes) puisqu’il préconise une régularisation à grande échelle pour régler le problème – alors qu’il est évident que l’appel d’air ainsi créé aggraverait la situation.
On sait bien par ailleurs que, vu la provenance de la grande majorité des immigrés et l’application du funeste principe du « droit du sol », la conséquence principale de l’immigrationnisme forcené des dernières décennies est la constitution d’une « communauté » musulmane de plusieurs millions de personnes (devenues « françaises » ou appelées à le devenir, elles et/ou leurs enfants). Avec deux conséquences bien établies : une pression continue visant à l’islamisation de la société et la violence avérée d’une minorité militante qui attire même certains « gaulois » devenus les plus acharnés (voire les plus brutaux) de ses propagandistes.
Le « récit républicain », fondé sur la philosophie individualiste héritée des Lumières ne fait plus illusion. La République aurait « intégré » les vieilles provinces de France – mais c’est en désintégrant leur identité culturelle et linguistique ; elle aurait reçu et assimilé plusieurs vagues migratoires dans la première moitié du vingtième siècle – mais il s’agissait de quelques dizaines de milliers, parfois un peu plus, de personnes relativement « proches » géo-culturellement et dont la quasi-totalité avaient à coeur de devenir françaises.
Aujourd’hui, la République est face au problème qu’elle a créé par son approche idéologique de la réalité : n’importe qui dans le monde serait un Français en puissance, quels que soient ses « antécédents », d’où la venue et l’installation en France de millions d’afro-musulmans peu intégrables en tant que tels et encore moins en tant que membres de l’Umma islamique.
La communauté musulmane n’est en effet pas tout à fait du même ordre que les autres « communautés » (sociales, ethniques, culturelles…) ni sur le plan quantitatif ni sur le plan qualitatif. Le paradoxe est qu’en demandant aux musulmans de France (qu’ils soient français ou pas) de s’organiser, l’Etat conforte une construction communautaire donc le communautarisme, donc ce que M. Macron appelle le séparatisme ! Or, affirmer que le communautarisme musulman militant cache effectivement une sorte de « séparatisme », c’est souligner que l’islam-isme constitue bien un projet politique dangereux. Par ailleurs, parler de « séparatisme » au lieu de « communautarisme », c’est oublier que pour se séparer il faut avoir été unis (dans les « valeurs » de la République ? dans la France profonde et historique ? – pour l’islam : ni l’un ni l’autre).
M. Macron doit donc s’exprimer cette semaine. Saura-t-il parler vrai et briser les tabous de la bien-pensance ? Saura-t-il sortir de l’ambiguïté et de l’hypocrisie généralisée à propos de l’islam en France ? Même si on ne peut exclure une arrière-pensée politicienne, le fait qu’il ait déjà considéré nécessaire de « reprendre le contrôle » sur la situation signifie une reconnaissance de facto au plus haut niveau de l’Etat que l’islam constitue bel et bien un problème. Cependant, la solution ne passera pas par un simple tour de passe-passe lexical consistant à parler de « séparatisme » au lieu de « communautarisme ». Il faudra bien, au-delà de mots qui ont toute leur importance, prendre des mesures. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Bravo pour le clairvoyant exposé de notre ami Delanglade !
Il faut craindre en effet par-dessus tout une posture purement « lexicale »de M.Macron-selon sa déplorable habitude, dépourvue d’autorité mais pas d’hypocrisie !-