Ces rubriques de JSF (Dans la presse et Sur la toile) sont destinées à ne pas nous satisfaire de l’entre-soi. A être familiers des analyses et de la pensée de ceux qui nous entourent, parfois très proches, parfois adversaires. Et qui exercent une influence forte sur l’opinion et l’intelligence françaises. A condition d’exercer notre réflexion propre, nous nous y enrichissons et souvent nous créons par là des contacts qui portent leurs fruits. Car nos idées, nos articles, aussi séduisent, bien au-delà de nos cercles. Ainsi, d’ailleurs de Zemmour lui-même, à l’évidence. Parfois plus – ou mieux – Action Française que nous ! (Mais pas tout à fait tout de même). Nous ne reprenons pas ces analyses venues d’ailleurs en les multipliant pour faire nombre. Nous les choisissons pour leur intérêt politique et leur utilité pour l’expansion de nos idées. Nous les discutons…
Ici, Éric Zemmour ne fait q’expliquer, constater : Quand les Italiens de Lombardie sont pris à la gorge par le virus, ils se tournent vers Rome, pas vers Bruxelles. Ils notent en passant que Paris se moque d’eux et que Berlin leur refuse du matériel médical. [Éric Zemmour, Figaro, 20 mars].
Quand la mort rôde, ce n’est pas vers la Commission de Bruxelles que les peuples tendent des regards inquiets
A plusieurs, on est plus forts. La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir. Nous devons bâtir une souveraineté européenne.
Nous connaissons tous ces phrases célèbres. Phrases devenues slogans, devenus idéologie dominante, devenue vérités d’Évangile, devenues éléments de langage inlassablement rabâchés.
Mais quand la mort rôde, ce n’est pas vers la Commission de Bruxelles que les peuples tendent des regards inquiets, mais vers leur État-nation. Cet État-nation qu’on présente depuis des décennies comme un objet du passé. Cet État-nation qui s’empare pourtant à bras-le-corps de la question des soins et des interdictions. Mais un État-nation affaibli qui n’a plus sa capacité de prospective d’antan ni les moyens budgétaires suffisants pour avoir un hôpital public digne de sa réputation.
Quand les Italiens de Lombardie sont pris à la gorge par le virus, ils se tournent vers Rome, pas vers Bruxelles. Ils notent en passant que Paris se moque d’eux et que Berlin leur refuse du matériel médical. C’est la solidarité européenne. Les Italiens ferment leurs frontières avec la France tandis qu’à Paris, Emmanuel Macron explique d’une jolie formule, très française, que «le virus n’a pas de passeport». Les malades atteints du virus, eux, ont un passeport: les Chinois d’abord infectés ou les Italiens atteints. Mais l’idéologie sans-frontiériste est plus forte que tout.
Pourtant, les pays ferment leurs portes, l’Allemagne en tête, mais aussi la Hongrie, la République tchèque, l’Autriche, tandis qu’à Paris Emmanuel Macron en est encore à réclamer la fermeture des frontières à l’extérieur de Schengen. Notre président ne se rend pas compte que Schengen n’existe plus quand la vie est en jeu. En revanche, il a très bien compris que Maastricht était mort. Cette fois, ce sont les Allemands qui ne veulent pas entendre raison et s’accrochent aux règles budgétaires. Chacun son idéologie dominante et ses intérêts. Le problème, c’est qu’on n’a pas les mêmes. Alors, à plusieurs, on n’est pas plus forts mais plus faibles.
Tous les yeux se tournent vers la BCE. On pense qu’elle va, comme en 2008, sauver la situation en faisant marcher la planche à billets. Mais Lagarde n’est pas Draghi. La Française a irrité les Italiens en donnantl’impression de se moquer des différences éventuelles de « spread » – ces fameux taux d’intérêt payés aux prêteurs par les États. Heureusement pour elle, le soufflé médiatique est retombé, le coronavirus emportant tout.
Mais cette épidémie remet en cause plus largement tous les préceptes qui règnent à Bruxelles depuis des lustres. La mondialisation est vue enfin comme une sinisation dangereuse pour notre santé et notre indépendance ; on parle de réindustrialisation, de circuits courts ; le droit et le commerce ne peuvent rien contre les virus ; les technocrates de Bruxelles sont apathiques et impuissants ; les États nationaux demeurent indispensables et indépassables. Il n’y a pas de peuple européen, il n’y a donc pas de nation européenne ni de souveraineté européenne. Le coronavirus est un révélateur impitoyable. Il a déchiré sans vergogne la tunique sans couture de l’européisme. ■
Et pour remettre cent sous dans la machine et donner un nouvel exemple de l’absurdité d’une « unité » européenne, signalons que la Tchéquie a piqué au passage 680000 masques venant de Chine et destinés à l’Italie….
Quels bons camarades !
Et juste avant, la Hongrie a fait de même avec les masques achetés par la république tchèque en Chine, sans qu’il y ait condamnation.
Dans le chacun pour soi, c’est l’idée des anti européen, donc il ne faut s’en étonner. La solidarité européenne française, depuis Daladier n’est pas un point fort des sympathies Tchéco-françaises.