Par Rémi Hugues.
Réflexions, variations, autour du livre de Pierre de Meuse « Idées et doctrines de la Contre-Révolution ». Suite de 21 articles à paraître les jours prochains, sauf le weekend.
Contrairement à ce que lʼon pourrait croire, les Frères musulmans forment lʼaile « libérale » de lʼislam politique, non son aile « radicale ».
« Le réformisme islamique est né dans la même période que le réformisme politique, et ses acteurs principaux sont liés, eux aussi, la maçonnerie.
Ce que lʼon verra en Occident à lʼidentique où le messianisme social diffusé par les Loges se divisent entre socialistes révolutionnaires, sociaux-démocrates et communistes, soit entre réformistes et partisans de la Terreur comme instrument politique. Terreur que mirent en œuvre à large échelle les Jeunes Turcs à partir de 1915 », explique Youssef Hindi.[1]
Les grandes figures du réformisme sont Malkun Khan (1833-1908), Jamal Eddine al-Afghani (1838-1897), Mohamed Abdub (1849-1905) et Rachid Ridha (1865-1935).
Le chef suprême des Frères Musulmans est donc Recipe Erdogan, qui est favorable à lʼintégration dans lʼUnion européenne, même si aujourd’hui celle-ci semble totalement impossible. Son parti « musulman-démocrate » (A.K.P.) est à lʼimage de la démocratie-chrétienne des de Gasperi ou Giscard dʼEstaing, c’en est le versant islamique.
Lʼislamisme participe du processus révolutionnaire, aussi incroyable que cela puisse paraître, plus précisément cet islamisme dit « réformiste ». Or cela ne concerne quʼun islamisme parmi dʼautres : la révolution iranienne chiite de 1979 est diamétralement opposée au réformisme islamiste des Frères musulmans.
La première est orientale, le second est occidental. Les Frères musulmans sont des alliés de lʼOuest. Nʼa-t-on pas vu une association basée à Londres soutenir le « Printemps syrien », à savoir lʼO.S.D.H. (organisation syrienne des droits de lʼhomme). LʼArabie Saoudite nʼest-elle pas à la direction de la commission des droits de lʼhomme de lʼO.N.U. ? Les « sacro-saints » principes des droits de lʼhomme nʼont absolument rien dʼislamique.
Quel rapport en effet entre la civilisation du Coran et lʼévangile du capitalisme moderne ? Lʼune prohibe lʼusure (riba dans lʼislam) quand lʼautre lʼidolâtre : « Le crédit public, voilà le credo du capital. Aussi le manque de foi en la dette publique vient-il, dès l’incubation de celle-ci, prendre la place du péché contre le Saint-Esprit, jadis le seul impardonnables », écrivait Karl Marx[2]. [À suivre lundi 4] ■
[1] Youssef Hindi, Occident et Islam. Sources et genèse messianiques du sionisme de lʼEurope médiévale au choc des civilisations, t. I, Alfortville, Sigest, 2015, p. 107.
[2] Le Capital, Livre I, section VIII, chapitre 31.
* Un viatique pour les années 2020 [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8]
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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