Par Jean-Christophe Buisson*
Douze films avec des acteurs confinés dans une pièce, une maison,
une cave, un cube, une cellule, une crevasse, une cabine téléphonique…
CHERS MASOCHISTES, après avoir revu les évidents Garde à vue, Shining, Fenêtre sur cour, Alien, ou encore 12 hommes en colère, pourquoi ne pas prolonger le plaisir de vivre en huis clos avec ces films de huis clos ?
Panic Room (2002) : Jodie Foster enfermée dans une pièce de sûreté que tentent d’investir des cambrioleurs. À son côté, sa fille, interprétée par Kristen Stewart, 12 ans et déjà inquiétante.
12 (2007) : le remake russe du film judiciaire de Sidney Lumet signé Nikita Mikhalkov. Une merveille, là aussi.
Cube (1997) : des hommes et des femmes coincés dans un infernal labyrinthe cubique dont ils ne peuvent s’échapper qu’en mettant leurs compétences ensemble. Problème : ils se détestent. Délicieusement angoissant.
Le Souper (1992) : règlement de comptes entre Talleyrand et Fouché après la chute de Napoléon. Le vice et le crime enfermés dans la même pièce. Claude Rich et Claude Brasseur reprennent les rôles qu’ils tenaient dans la pièce de Jean-Claude Brisville. Un must.
Festen (1998) : une famille danoise réunie à table se balance ses quatre vérités. Cruel, féroce, dérangeant.
Le Trou (1960) : le dernier film (somptueux) de Jacques Becker, dans la prison de la Santé, à Paris, d’où tentent de s’évader des détenus en creusant un tunnel.
La Chute (2004) : les derniers jours du IIIe Reich dans le bunker de Hitler. Apocalyptique, donc.
127 heures (2011) : 6 jours et 5 nuits dans la crevasse d’un canyon de l’Utah en compagnie d’un randonneur qui ne (s’en) sortira qu’en se coupant le bras bloqué sous un rocher. D’après une histoire vraie…
L’Ange exterminateur (1962) : de grands bourgeois mexicains passent une soirée dans une grande et sublime maison dont ils ne peuvent plus sortir. Bunuélien.
Misery (1991) : un romancier enfermé après un accident de voiture chez une fan de son héroïne qu’il a honteusement décidé de faire mourir dans son prochain livre (d’après le best-seller de Stephen King)…
Phone Game (2002) : Colin Farrell dans une cabine téléphonique durant une heure vingt. S’il raccroche, il est mort.
Arsenic et vieilles dentelles (1941) : la preuve que, passé 70 ans, on est capable de tout : tuer hier, résister au Covid-19 aujourd’hui ? ■
* Source : Figaro magazine, 24.04.2020.
Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l’émission hebdomadaire Historiquement show4 et l’émission bimestrielle L’Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d’une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l’émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l’année qui a changé le monde, est paru aux éditions Perrin.
Oh là là, il y a bien d’autres films encore… même si on exclut ceux qui se passent dans un monastère (« Dialogue des Carmélites » – Philippe Agostini 1960 -, « Thérèse » -Alain Cavalier , « Le nom de la rose – Jean-Jacques Annaud 1956, « Le grand silence » – Philip Gröning 2005), en voilà quelques uns.
« Pépé le Moko » 1937 Julien Duvivier ; le gangster Pépé confiné dans la Casbah d’Alger
« Les maudits » 1947 de René Clément ; une bande de SS et de collaborateurs fuyant l’Allemagne qui s’écroule en sous-marin
« L’auberge rouge » 1951 de Claude Autant-Lara ; des voyageurs de 1833 pris par la tempête de neige qui échouent dans une auberge… particulière
« Les espions » 1957 de Henri-Georges Clouzot ; une étrange maison de santé…
« Un roi sans divertissement » 1963 de François Leterrier ; un assassin compulsif dans un village du Trièves englouti par la neige, durant la Restauration…
« Le masque de la mort rouge » 1964 de Roger Corman ; un groupe d’aristocrates débauchés se resserre dans un château par peur de la peste qui rode…
Et évidemment le grandissime « Salo ou les 120 journées de Sodome » 1975 de Pier-Paolo Pasolini, qu’il ne faut mettre que sous des yeux très avertis. Très très avertis. très, très; très avertis.
Et j’en ai une bonne douzaine en rayon, si le virus persiste !!! Par exemple le gaçant « Funny games » de Michael Hanneke (1997) ; celui-là aussi vous m’en direz des nouvelles…)