Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
On se rappelle les attentats islamo-terroristes de 2015 contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo (7 janvier) et la salle du Bataclan (13 novembre). Défila alors dans les rues une France choquée mais peureuse et bien décidée à ne surtout pas répondre à l’ennemi de l’ombre.
Aujourd’hui, dans un psychodrame savamment orchestré par médias et politiciens de tous bords désormais à la remorque des réseaux « sociaux », le pays tout entier se mystifie lui-même, s’auto-glorifiant en continu pour son courage et sa ténacité contre un ennemi invisible. Au point de risquer la paranoïa avec un déconfinement où l’autre sera cet être masqué qu’il faut maintenir à bonne distance. On a évidemment oublié un peu vite que les grippes dites « asiatique (1957) et « de Hong-Kong » (1969) avaient causé la mort en France même de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
On feint aussi d’ignorer que toute une partie de la population continue de vivre à côté du virus, comme s’il n’existait pas. Ainsi ces footballeurs des quartiers nord de Marseille qui profitent de l’époque pour s’adonner à leur sport favori, comme le rapporte La Provence du 2 mai : « Depuis plusieurs semaines, des matches sont organisés dans les quartiers de Marseille et rassemblent de plus en plus de monde sur et autour du terrain, au point de devenir de véritables tournois. » Précision d’un des intéressés : « On n’a pas peur du virus. Autour de nous personne ne l’a eu, ça veut dire que ce n’est pas aussi grave qu’on veut nous le faire croire. Nous, on est là parce qu’on a faim de ballon et pour faire passer le temps. » C’est évidemment mieux que d’agresser pompiers et policiers dans l’exercice de leurs fonctions.
Malgré la pandémie et même si quelques milliards d’êtres humains sont censés avoir été, être ou devoir être confinés, la terre continue en fait de tourner : le coronavirus n’est pas forcément la préoccupation essentielle de tous en ce bas monde ; disons qu’il est souvent ignoré, minoré voire instrumentalisé. Ainsi est-il évident que les passes d’armes entre Chinois et Américains sont motivées moins par des raisons sanitaires que géopolitiques. La rivalité sino-américaine a pris un tour verbal paroxystique, chacun des deux diffusant sa mise en récit de la crise sanitaire actuelle avec comme objectif de se positionner au mieux pour la suite : à des Chinois fortement suspects d’avoir menti, au moins par omission, répondent ainsi les accusations à l’emporte-pièce du président américain.
Dans le même temps, l’Onu subit des camouflets qui soulignent sa vacuité : en Libye où, un mois après l’appel de son secrétaire général, M. Gutterres, à « une trêve du coronavirus », le maréchal Haftar vient de se proclamer « chef de toute la Libye » ; en Israël où, en violation de la résolution 242 du Conseil de sécurité, et suite à l’accord de gouvernement passé entre MM. Gantz et Netanyahu, ce dernier s’apprête à annexer, si possible avant la date de la prochaine élection présidentielle américaine, une partie de la Cisjordanie occupée. L’Union européenne ne se porte pas mieux. On a pu ici et là se féliciter que Mme Lagarde ait décidé de faire fonctionner la planche à billets de la B.C.E. (750 milliards d’euros tout de même) mais les Etats membres de l’U.E., toujours aussi désunis se sont montrés jeudi 23 incapables de s’entendre sur la mutualisation de la dette, prouvant une fois de plus qu’ils étaient tout sauf solidaires.
La Croix du 21 titrait déjà « 71 % des Italiens pensent que la pandémie de coronavirus détruit l’UE et environ 55 % seraient d’accord pour sortir de l’Union européenne et/ou de l’euro. »
Qu’est-ce à dire, sinon que les mots (« pandémie », « confinement », etc.) n’ont pas le même sens partout et pour tous ? Malgré les incertitudes sur l’avenir immédiat, il convient donc plutôt de relativiser. Et d’admettre que lorsque notre vie quotidienne aura repris ses droits, ce sera dans un environnement humain et politique qui n’aura pas forcément marqué le pas ni prétendu changer, contrairement à nous. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
LJD a raison de « relativiser » le Covid-19. Il tourne trop de fantasmes divers et variés autour du phénomène. Lu aussi l’article de Leclerc qui est sur cette ligne. La terre tourne.
Bravo LJD!! L’essentiel sur cette pandémie qui fait bien moins de morts annuels que le paludisme chez les enfants (7-800.000), a été dit !
Notre monde politique est aux abois, nos hommes et femmes politiques sont d’une incompétence notoire face un mouvement mondial que personne ne contrôle, notre économie à flux tendus permanents ne tient qu’à un fil, celui de la logistique. Quant aux systèmes de santé, entre autre celui que la France mettait en avant est vu de l’étranger comme le système d’un pays en voie de développement!
Ordres et contre-ordres de l’exécutif sont le symbole d’un pays sans repère, sans chef, sans leader, sans hommes de guerre; le pays est livré aux gangs et aux communautés que notre pitoyable ministre de l’intérieur n’ose même plus affronter. Honte à vous nos politiques et autres scientifiques de plateaux TV … vous êtes devenus en 2 mois, la caricature de vous mêmes, de vrais petits comptables ! Mais la Terre continue sa route et votre présence, Mesdames et Messieurs les politiques, n’est plus du tout indispensable.
Parfaitement dit et écrit. On peut à bon droit être surpris de la part excessive que prend la « pandémie » dans l’information et les préoccupations de tous. Ça permet aussi de faire mine d’ignorer les émeutes de banlieue et l’invasion migratoire…
Avons-nous assisté, involontairement, bien sûr, aux premières conséquences d’une guerre bactériologique …
Qui en serait le vainqueur ou plutôt le …bénéficiaire !
COVID le perfide est devenu une chance pour nombre de dirigeants, désormais c’est facile, tout problème vient de ce virus. Pandémie qui n’est pas la peste noire, j’avais complètement oublié la grippe de HONG KONG , parce qu’à l’époque ce n’était pas la fin du Monde. Et dans quel état sera l’économie de la France après tout ce mauvais cinéma. Et comme le disent très bien les Anglo Saxons: SHOW MUST GO ON,
Du haut de mes nombreux printemps, mon analyse est que, à de rares exceptions près, les Français sont des larves, pire que des veaux !
Ce qui est quasi normal : ils n’ont pas faim, satisfont globalement à leurs appétits individualistes et primaires, n’ont plus de repères spirituels, et pour la plupart, ne comprennent pas ce que parler veut dire (sinon, on n’aurait pas un macron) !
Dans la situation actuelle, toutes préoccupations confondues, c’est une révolution physique qu’il faudrait engendrer, ou que l’armée prenne le pouvoir.
Avec une magistrature s’inscrivant dans le « mur des cons », ce serait déjà mal parti pour ceux qui oseraient.