Entretien du 8 mai
À lire sans oublier que ce grand médecin est aussi un homme politique.
L’absence de réactivité de certains, l’inconséquence de quelques autres, parfois les mêmes, nous ont conduits à une faillite humaine.
Dans une interview donnée hier lors d’une visite dans une école primaire, Emmanuel Macron a déclaré que « nous avions réussi le confinement ». Il a ajouté que pour le déconfinement l’État devait « faire preuve de pragmatisme » et les Français de bon sens. Partagez vous ce point de vue ?
Philippe Juvin : Par ces propos, le président joue son rôle de chef de l’État et je n’en suis pas étonné. En revanche, je ne partage pas son point de vue sur la question. Depuis le début de cette crise, l’État a montré son incapacité à préparer la lutte contre l’épidémie. Nous n’avions pas de stock stratégique, et l’État n’a pas montré sa capacité à mener la lutte contre le coronavirus. Les commandes de ce qui nous manquait et qui visiblement n’étaient pas en stock, n’ont pas été passées à temps. Le premier patient a été signalé fin janvier. Quand les premières commandes ont-elles été passées ? Si l’Etat avait été agile, il l’aurait été dans les jours qui suivent le début de la crise. Cela n’a pas été le cas. Ce qui a fait qu’un confinement indifférencié a été obligatoire, c’est que notre pays n’était pas préparé à la crise. Cette erreur ne doit pas être reproduite au moment du déconfinement. Si demain nous ne sommes pas capable de déconfiner massivement partout, c’est que nous manquerons quelque part de masques, de tests ou de lits de réanimation. Je ne comprends pas qu’après deux mois de confinement, la question se pose encore.
Les seuls qui ont porté la lutte contre le virus, ce sont les Français. À tous les Français, on a demandé le lourd exercice de se confiner. Et il l’ont fait. Pourquoi leur a-t-on imposé ce confinement indifférencié? Parce que nous n’avions pas de masques, parce que nous n’avions pas de tests, parce que nous n’avions pas suffisamment de lits de réanimation.
Il serait faux de refaire l’histoire, comme Emmanuel Macron tente de le faire.
La stratégie du gouvernement n’a-t-elle pas, à tort, trop infantilisé les Français ?
Malheureusement, il n’y a pas eu de stratégie de la part de l’État. Ni pour infantiliser les Français ni pour les responsabiliser. L’État navigue à vue, en improvisant en permanence. Ce sont les Français qui ont été extrêmement responsables. Si les Français n’avaient pas pris sur eux de se confiner, notre système de soin aurait explosé. Si la France s’en sort aujourd’hui, c’est uniquement grâce aux Français, pas à l’État.
Les sénateurs LR ont refusé de voter le plan de déconfinement proposé par le gouvernement. En tant qu’élu LR, partagez vous cette position ?
Je la comprends. Ce plan de déconfinement a été manifestement déposé sur le bureau des Assemblées et voté sans que les élus aient eu le temps de l’étudier. Cela a même été dénoncé par un certains nombres d’élus du parti présidentiel !
De plus, ce plan présente de nombreuses contradictions et d’incertitudes, qui peuvent évidemment susciter l’insatisfaction des élus de l’opposition. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne souhaitent pas déconfiner.
À vos yeux, les oppositions ont-elles réellement fait leur travail de contrôle de l’action de l’exécutif ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?
Un des grands problèmes du confinement, c’est que nous avons facilement abandonné un certain nombre de libertés. Lorsque vous vous apercevez que les tribunaux n’ont pas le droit de fonctionner, que les chambres parlementaires ne peuvent être réunies, tout cela dans un état de droit, c’est tout de même ahurissant ! Il serait extraordinaire de reprocher aux oppositions de ne pas avoir tenu tribune alors que c’est bien l’impréparation du gouvernement qui a provoqué la situation où la tenue de ces tribunes n’était pas possible.
Il faut réfléchir à une stratégie offensive qui permette de compléter la stratégie du déconfinement. Dans Le Figaro, j’ai expliqué par exemple qu’il faudrait s’armer d’une réserve stratégique de lit de réanimation. Il faudrait également préparer la France d’après. Cela passe par la prise de décision d’un certain nombre de mesures, comme celle d’une attitude positive à l’égard de ceux qui entreprennent afin qu’ils viennent s’installer dans notre pays. La question de la souveraineté industrielle n’est que la conséquence d’un pays devenu hostile à la libre et à la bonne entreprise.
Où est-ce que les oppositions peuvent porter le fer afin de faire sauter les verrous qui ont empêché une gestion efficace de la crise sanitaire ?
Les gens qui dirigent le pays devraient à l’avenir s’entourer de gens qui savent, plutôt que d’une administration qui prétend tout savoir. L’hyperadministration française nous a conduit à être sous équipés, sous préparés face à cette crise. Au sein de l’hôpital public par exemple, il y a autant de poste prévus pour le personnel administratif que pour les médecins ! Un symptôme qui ne trompe pas… et sur lequel il faudra travailler en premier au sortir de la crise.
Le confinement était indispensable au point de vue sanitaire. Il aurait pu être partiellement évité si nous avions été préparé. Aujourd’hui, nous savons qu’il va avoir un coût considérable, que nous allons payer très cher et très longtemps. C’est un bon exemple pour l’avenir de ce que nous ne devons plus faire. Comme dans une guerre, l’impréparation coûte plus cher que ce qui nous aurait permis de l’éviter. Nous avons payé une inconséquence. J’espère qu’à l’avenir, nous garderons à l’esprit que l’absence de réactivité de certains, l’inconséquence de quelques autres, parfois les mêmes, nous ont conduits à une faillite humaine. C’est une tragédie qui était en partie évitable si nous avions été plus prévoyants et mieux gérés. Puisse cela nous servir de leçon. ■
Vous avez vu les classes? Le grand remplacement n’est pas un fantasme à Poissy, ville de Saint Louis, il y a différents quartiers à Poissy, aux populations pas forcement « de la diversité » mais Macron a choisi cette école. Pur hasard ou basse courtisanerie?