Par Rémi Hugues.
Réflexions, variations, autour du livre de Pierre de Meuse « Idées et doctrines de la Contre-Révolution ». Suite de 21 articles à paraître les jours prochains, sauf le weekend.
Dans un ouvrage intitulé Astrologie, il explique* la chose suivante, à propos du cosmos, soit le réel, de res – « la chose » en latin – cʼest-à-dire ce qui est, ce qui existe, lʼêtre en tant quʼêtre, lʼétant :
« Les gnostiques le nomment Plérôme. Les cabbalistes lui donnent de nombreuses appellations telles que la Tête Blanche, le Point Lisse, lʼAncien des Anciens, le Caché des Cachés et ainsi de suite. Dans les temps anciens, il fut appelé Dieu ou lʼAbsolu, ou lʼEsprit et même pour certains philosophes considéré comme étant la Matière.
Tous cependant sont dʼaccord sur ces attributs et ceux-ci sont naturellement le plus souvent de caractère négatif. Mais les Grecs le nommaient le Un et cʼest en fonction de son unicité fondamentale que nous le considérerons ici, car Un est en calcul la première manifestation positive. Puisque cette substance est Une, homogène et consciente, elle ne peut donc être manifestée de quelque manière que ce soit tant quʼelle reste dans cet état.
Il serait absurde de rechercher des raisons à ses manifestations en un autre état puisque la raison nʼest pas un attribut propre à cette unicité. Il suffit de savoir quʼelle sʼest divisée elle-même en deux courants égaux et opposés diversement décrits par différentes écoles de philosophie comme mâle ou femelle, ou actif ou passif, ou feu et eau, ou être et forme, ou matière et mouvement, ou le yin et le yang ou encore sous forme de personnifications comme Shiva et Shakti et, en fait, tout autre paire de déités de premier ordre.
Ce principe dualiste, ainsi exalté approche dʼun peu plus près les limites de lʼesprit humain car cet esprit est lui-même dualiste, notre conscience étant constituée de subjectif et dʼobjectif, de lʼego et du non-ego.
Il est possible de dissoudre à nouveau cette dualité en unité par un processus mystique mais le cours naturel suivi dʼaprès sa structure propre, est de constituer une troisième unité qui participe des qualités des deux et possède pourtant une existence indépendante.
Ainsi se constituent le triangle descendant du père, de la mère et de lʼenfant, le Yod-Hé-Vau du Trigramme Cabbalistique et la trinité pré-chrétienne des dieux tels quʼIsis, Horus, Osiris et beaucoup dʼautres noms dont les noms viendront aisément à lʼesprit du lecteur.
Dans lʼancienne philosophie grecque, celle de Parménide, dʼEmpédocle, dʼHéraclite, de Zénon lʼÉléate et même dans la philosophie de Pythagore et dʼAristote le Stagyrite, ces trois principes sont reconnus sous les noms de feu, air et eau. Ils sont liés aux trois états possibles dans lesquels peut concevoir lʼUnivers, lʼÊtre, le Non-Être et le Devenir. Plus attentivement on étudie Platon et Aristote et plus en ces concepts deviennent clairs. Il faut bien comprendre cependant que ces principes sont tous actifs et causatifs – ils appartiennent encore à la hiérarchie divine. En un mot, au monde Yetziratique de Rabbi Ben Siméon. Toutefois, de cette trinité dʼactifs se trouve unifié un passif, lequel, pour continuer dans la terminologie de lʼécole philosophique du physicisme, est appelé Terre. »[1] [À suivre demain mardi] ■
[1]Aleister Crowley, Astrologie. Archétypes de lʼunivers astral selon la mythologie et les traditions occidentales, Paris, Saint Jean de Braye, 1974, pp. 66-67.
* Un viatique pour les années 2020 – [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14]
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source