Par Jean-Christophe Buisson*
VIE ET DESTIN, de Vassili Grossman (1980). Disponible au Livre de Poche.
Quand il l’eut entre les mains, Mikhail Souslov, l’idéologue en chef de l’URSS, vit en ce livre « une bombe atomique ». Raison pour laquelle le KGB en confisqua immédiatement le manuscrit.
Il fallut attendre vingt ans (1980) pour le voir publié. En Suisse (chez L’Age d’Homme), et bien après la mort de son auteur, Vassili Grossman. Roman vrai d’une puissance tolstoïenne écrit par un homme qui a accompagné l’Armée rouge dans ses grands combats,
Vie et destin fait suite à Pour une juste cause, publié en 1952, dont il reprend la plupart des personnages, acteurs et témoins de la bataille de Stalingrad (1942-1943).
Mais l’écrivain d’origine juive, qui, entre-temps, a assisté aux déchaînements antisémites du Kremlin (« le complot des blouses blanches »), va au-delà du récit romanesque.
Il montre que cette victoire a signifié le triomphe d’un système totalitaire qui est le pur équivalent de son ennemi vaincu. Que le fanatisme de race et le fanatisme de classe obéissent au même ressort : écraser l’individu au profit d’un État tout-puissant et de son chef vénéré.
Bref, que communisme = nazisme. Boum. ■
* Source : Figaro magazine, 9 mai.2020.
Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l’émission hebdomadaire Historiquement show4 et l’émission bimestrielle L’Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d’une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l’émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l’année qui a changé le monde, est paru aux éditions Perrin.
Alain Besançon, dans le malheur du siècle a dit des choses définitives sur les liens entre ces jumeaux hétérozygotes que furent le nazisme et le communisme. Sans oublier que le communisme a eu la priorité dans la création de la police politique, des camps de concentration et que sur nombre de points le nazisme a été un imitateur.