Ces rubriques de JSF (Dans la presse et Sur la toile) sont destinées à ne pas nous satisfaire de l’entre-soi. A être familiers des analyses et de la pensée de ceux qui nous entourent, parfois très proches, parfois adversaires. Et qui exercent une influence forte sur l’opinion et l’intelligence françaises. A condition d’exercer notre réflexion propre, nous nous y enrichissons et souvent nous créons par là des contacts qui portent leurs fruits. Car nos idées, nos articles, aussi séduisent, bien au-delà de nos cercles. Ainsi, d’ailleurs de Zemmour lui-même, à l’évidence. Parfois plus – ou mieux – Action Française que nous ! (Mais pas tout à fait tout de même). Nous ne reprenons pas ces analyses venues d’ailleurs en les multipliant pour faire nombre. Nous les choisissons pour leur intérêt politique et leur utilité pour l’expansion de nos idées. Nous les discutons… En bref, nous ne faisons pas du vrac.
Ici, dans l’incessante polémique interscientifique qui agite la France et au-delà, presque autant que les effets du mortifère Coronavirus, Éric Zemmour rappelle non seulement le rôle des égos et le choc des méthodes opposées à l’urgence thérapeutique, mais aussi le rôle de l’argent, les mirages de l’Or. André Bercoff l’avait fait, déjà, face aux scientifiques, sur le plateau ultraformaté de Pujadas qui était aussitôt passé à autre chose. Il y a des sujets interdits dans ce monde de pseudo-liberté ! Ce qui, soit dit en passant, n’a pas empêché Didier Raoult de le traiter plutôt mal, lorsqu’il s’est rendu à Marseille – et non sur son plateau – pour l’interroger avec la plus insigne des banalités et des platitudes. Mais audimat oblige ! Retour des exigences de l’Or ! Ces choses-là, il y a beau temps que les royalistes les savent par cœur. Zemmour aussi, bien-sûr. [Éric Zemmour, Figaro, 29 mai].
La bataille autour de la figure du Pr Raoult devient foire d’empoigne.
Selon la logique de la guerre analysée par Clausewitz, nous assistons à la montée aux extrêmes. Les études scientifiques répondent aux études scientifiques ; les anathèmes aux anathèmes ; les insultes aux insultes ; les menaces aux menaces. Une étude publiée par la revue Lancet accuse le traitement du Pr Raoult à base de chloroquine d’être dangereux pour la vie des malades. Mais le Pr Raoult qualifie cette étude de « foireuse », ce qui n’empêche pas le Haut Conseil de la santé publique de s’appuyer sur cette étude pour proscrire, à la demande du ministre de la Santé, Olivier Véran, qui ne le porte pas dans son cœur, le traitement du professeur marseillais. Au même moment, on note qu’une autre étude scientifique britannique, Recovery, dément les résultats obtenus par Lancet. Et le rédacteur en chef de Lancet lui-même, le Dr Richard Horton, avoue que nombre d’études publiées par son auguste revue ne sont pas valables car commanditées par des grands groupes pharmaceutiques qui ont l’habileté de se fondre derrière des prétendus instituts de recherche indépendants.
Les béotiens que nous sommes tous sont perdus. On comprend cependant que la chloroquine n’est pas chère, alors que le traitement antiviral du groupe Gilead l’est beaucoup plus ; et que le vaccin rapporterait énormément d’argent. On comprend aussi que le protocole de l’étude de la revue Lancet qui démolit Raoult donne la chloroquine (et son antibiotique ajouté) à des malades déjà très atteints par le virus, alors que Raoult le prescrit en tout début de traitement, pour empêcher toute aggravation. Ce à quoi les anti-Raoult rétorquent que soigner des patients jeunes, comme le ferait Raoult selon eux, est donné à tout le monde…
Guerre d’ego entre mandarins. Guerre économique, guerre politique. Guerre géographique et sociologique aussi entre l’establishment parisien et le rebelle marseillais, voire entre les grands groupes pharmaceutiques mondialisés et le petit village gaulois qui refuse de se rendre. Les imaginaires ancestraux reviennent en force, ce qui est tout à fait normal dans une affaire où il est question de la vie et de la mort.
Puisque la vie du pays, et la vie du monde, ont été suspendues pendant deux mois aux pérégrinations d’un virus, il est inéluctable que les batailles médicales deviennent des guerres politiques, voire géopolitiques. Entre la Chine et les États-Unis, et au sein de chaque pays. En France, Macron, qui incarne aux yeux des gens le pouvoir vertical et sa technostructure parisienne, les riches et les puissants, a tenté de désamorcer la force virale « populiste » du Pr Raoult en lui rendant visite à grands coups de clairon médiatique. « Quand je veux tuer, j’embrasse », avait coutume de dire avec sa truculence coutumière Jacques Chirac. Mais Didier Raoult est toujours vivant et vendra cher sa peau. ■
Tout à fait d’accord