Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Quand il fut avéré que l’urgence sanitaire avait pour conséquence l’urgence économique, M. Macron annonça des mesures en complète contradiction avec certains des principes du libéralisme économique.
Un peu plus tard, le 13 avril, il déclarait vouloir « bâtir un autre projet dans la concorde ». Le 2 juin , il saluait même « le retour des jours heureux ». Que peut bien cacher ce lyrisme ? Question d’autant plus légitime que désormais le chef de l’Etat consulte à tout-va les «autorités » politiques et syndicales et laisse espérer pour bientôt le fruit de ses cogitations. Certains éditorialistes s’inquiètent même de cette prérogative que semble s’arroger celui qu’ils qualifient de « monarque républicain ».
Plaise au ciel que ce soit le cas ! Nous pourrions alors attendre que, transfiguré par ce coup du sort qu’aura constitué la crise du coronavirus, le promoteur de la « start-up nation » se transmue en l’instigateur d’une politique visant à concilier, parce qu’elles semblent renvoyer à des stratégies politiciennes opposées, les deux tendances fortes qui ont émergé durant la crise, le souverainisme et l’écologie. Beau défi et nouveau pari pour l’homme du « en même temps ». En effet, non seulement souverainisme et écologie ne sont pas incompatibles mais, bien compris, ils se rejoignent en se complétant sur l’essentiel, à savoir la défense bien légitime de l’intérêt national : la protection du tissu humain et géographique de la France suppose en effet une souveraineté assumée.
Pourtant, l’approche même des deux notions, aussi bien dans la presse que dans l’entourage du pouvoir, a de quoi inquiéter. Le souverainisme est conçu comme très limité : le terme, qui sent encore le soufre pour certains, a été employé presque exclusivement dans le domaine médico-pharmaceutique et trop rarement dans le domaine géo-politique. A l’inverse, on a du mal à concevoir une écologie nationale, nullement contradictoire avec l’intérêt de la planète certes, mais d’abord préoccupée de notre hic et nunc qui est quand même celui sur lequel nous pouvons agir, sans être manipulés par une écologie dévoyée, politicienne, mondialiste et idéologique (qu’on se rappelle l’attitude des « écolos » au début de l’épidémie).
Ne nous faisons donc aucune illusion. Malgré lui peut-être, M. Macron reste le président élu d’un régime démocratique et d’un pays libéral. La relance de l’économie dans un cadre européen et mondial quasi imposé limite singulièrement sa liberté d’action, d’autant que la situation de la France n’était pas vraiment satisfaisante avant même le début de l’épidémie. S’y ajoutent les pesanteurs de l’actualité politicienne : le pays est aussi proche de la sortie du confinement que du second tour d’élections municipales avec délitement du parti majoritaire d’une part, retour des combinaisons locales d’autre part – ce qui affaiblit d’autant le pouvoir présidentiel.
On peut donc penser – et craindre, bien sûr – que le Macron nouveau ne soit qu’un Macron bis, une nouvelle mouture, une version à peine revisitée, du macrconisme initial. Plus ou moins contraint par des événements qui vont le pousser à descendre sa pente naturelle, M. Macron aura sans doute du mal à proposer quelque chose d’autre que le retour pur et simple, certes affublé d’oripeaux langagiers, de l’ancien monde. Ce sera(it) une nouvelle occasion perdue. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
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© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
La réponse est simple. Le bien être ne se traduit pas de la même manière par un adepte de Descartes qui veut dominer la terre des objets, et la foi des croyants quelque soit la religion. Notre jeune et élégant président semble être adepte de l’anthropocentrisme qui met l’homme au centre de l’univers, qui fait de l’homme le seul sujet de l’univers. . A t-il songé à écouter le Pape François qui s’oppose à cet anthropocentrisme. Pas sur; Donc la réponse est non
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Article remarquable de finesse et d’intelligence politique.