Fatigués, lassés jusqu’au dégoût, des débats sans fin, des discours fumeux, des pensées creuses, sans cesse ressassées, des esprits désordonnés, des contorsions verbales, des pas de deux, des tergiversations, à commencer par celles du président de la République qui semble ne plus savoir qui il est, ni ou il doit aller, on se prend de l’envie inextinguible d’une parole brève, qui tranche et qui décide, de pensées réalistes et lucides avant que d’être – en apparence – morales – et de pensées ordonnées au service d’un Bien Commun clairement reconnu et proclamé comme tel.
On comprend que ce ne sera pas la poussée des Verts qu’on nous annonce, au point même de contribuer à sa réalisation, qui répondra au besoin que nous venons de dire. Si, par inconséquence ou inconscience, une part significative des Français venait à y céder, il est plus que probable qu’ils ne tarderaient pas à en revenir.
C’est à peu près ce que Vincent Trémolet de Villers exprime dans le Figaro de ce matin, au fil d’un article qui a le mérite d’être bref. Et clair.
« Les conventionnels, écrit-il, qui ont élaboré les 150 propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas candidats aux municipales. Leurs travaux pourraient cependant éclairer les électeurs. C’est un dévoilement, en effet, que ce manifeste. L’écologie, assimilée originellement à la liberté, à la bienveillance, à la confiance, à la poésie, même, se montre normative, punitive, intrusive. Elle s’occupe de tout : votre maison sans doute mal isolée, vos déplacements certainement inutiles, votre assiette forcément déséquilibrée. N’affichez pas la moindre distance avec ce programme vertueux : il s’agit de l’intérêt supérieur de la planète. Cette grille de pensée pratique évacue par principe toute contradiction. Qu’importe même la part minuscule de la France dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre : dans la hiérarchie des périls, la fin du monde l’emportera toujours sur la fin du mois.
C’est un malheur de voir l’indispensable soin du monde enfermé dans cette dialectique, un supplice de supporter une sémantique abstraite – biodiversité, rénovation énergétique, société dé-carbonée – quand des mots – campagne, floraison, éléphants, primevères, rosée, moissons, rochers, torrents… – disent à eux seuls la beauté de la Terre, sa fragilité aussi. Notre génie administratif parviendra- t -il à mettre la nature elle-même sous acronyme ? »
Vincent Trémolet de Villers abuse sans doute un peu trop de la poésie des mots opposée à la sécheresse de la terminologie écolo. Cette dernière mérite bien d’être moquée. Car, que recouvre-t-elle derrière son jargon désormais banalisé ?
« On l’a compris, poursuit notre journaliste, personne ne se plaindra que les hommes aient le souci de préserver leur environnement, rares sont ceux qui minorent encore le dérèglement du climat. Mais quel lien entre cette inquiétude universelle et l’écologie des villes, ce mélange de compulsion fiscale, de progressisme sociétal et d’urbanisme végétal ? Un berger vivant dans la fréquentation permanente de la nature n’y retrouverait pas ses moutons.
« Assistons-nous ù l’émergence d’une nouvelle matrice séculière ? », s’interroge Jérôme Fourquet au sujet de la poussée verte. Sans doute : à lire les programmes municipaux comme les propositions de la Convention citoyenne, il s’agit moins d’écologie que d’idéologie. »
L’écologie politique, installée, qui s’assurera sans-doute de quelques mairies, le 28 de ce mois, et qui sera plus présente dans le futur gouvernement qu’Emmanuel Macron mettra en place peu après, cette écologie-là est un danger de plus pour la France. Philippe de Villiers raconte q’accompagnant Jacques Chirac en campagne, ce dernier lui avait dit tout fier de ses talents : « Tu vas voir comme je suis démagogue ! » S’agissant des écologistes, l’on verra mieux quelles sont les capacités d’Emmanuel Macron en la matière lorsque sera donnée la liste du prochain gouvernement après les Municipales. On se doute pourtant que le principal courant qui se confirmera aux dites Municipales sera celui des abstentionnistes. Peu importe, n’est-ce pas ? Nous vivons déjà sous le régime d’une démocratie de type minoritaire. ■
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