Par Rémi Hugues.
Il s’agit-là d’une réflexion en deux parties dont la seconde suivra, demain. La mise en perspective entre deux époques, entre les penseurs des deux derniers siècles et les acteurs économiques d’aujourd’hui, est éclairante et féconde pour qui veut comprendre les événements socio-économiques que nous vivons. Pour dégager, en outre, les perspectives d’avenir qui en découlent. Autant dire que ces perspectives ne sont pas brillantes. Un euphémisme …
Indéfectiblement, le nom de la grande figure de lʼanarchisme Pierre-Joseph Proudhon est associé à lʼhistoire de lʼAction Française, mais seulement pour ceux qui ont pris le temps – et la peine – de se cultiver avant de sʼengager dans le militantisme politique.
Ce qui exclue donc ces ténébreux nervis du Système que sont les membres de la mouvance antifasciste, qui en ce moment mettent les États-Unis à sac, et sans doute demain à glas.
Pour Charles Maurras, Proudhon était un maître[1]. Le socialiste Albert Gabriel, qui avait connu le Maître de Martigues à La Cocarde, la revue dirigée par Maurice Barrès, lʼaffirmait : dans sa jeunesse, avant lʼaffaire Dreyfus, Maurras se disait socialiste.
Cet Albert Gabriel écrivit ceci : « Jʼaimais Charles Maurras et Frédéric Amouretti, si éloignés de moi politiquement, et je crois quʼils mʼaimaient aussi. Nous avions dʼailleurs un lien : cʼétait notre commune amitié pour Barrès ; cʼétait aussi notre aspiration commune vers la liberté et vers la solidarité […] Il y a des mots aujourdʼhui honnis et calomniés que nous chérissons tous à la Cocarde. Charles Maurras était socialiste, Amouretti était socialiste. Certes, ils étaient religieux et je ne lʼétais guère. Quʼimporte ? Nous avons le même amour de lʼhumanité et de la patrie. […] À la Cocarde, nous étions socialistes en même temps que patriotes, décentralisateurs, fédéralistes, provincialistes, nationalistes. »[2]
Puis, fait-il remarquer, lʼirruption de lʼaffaire Dreyfus a entraîné un changement considérable de la nature du socialisme, qui devint un mouvement « antipatriote, antimilitariste, dreyfusard, collectiviste dʼÉtat »[3]. Dʼoù le divorce entre Jean Jaurès et Georges Sorel, les deux frères ennemis du socialisme. Ce qui explique pourquoi le rapprochement des syndicalistes-révolutionnaires de ce dernier et des néoroyalistes de la jeunes Action Française se fit, à lʼorée du XXème siècle, sous le patronage de Proudhon.
En 1840 ce dernier publiait lʼouvrage Quʼest-ce que la propriété ?, qui contient la fameuse formule « La propriété, cʼest vol. » Puisque nous considérons que ce slogan est une ineptie, nous lui proposons une alternative, à la lumière de lʼactualité économique et financière.
Le 18 juin 2020, Guillaume Benoît a signé un article dans Les Échos où il relate la chose suivante : « Chronique d’un succès annoncé. 742 banques ont demandé plus de 1.300 milliards d’euros de TLTRO (Targeted Long Term Refinancing Operation), a annoncé, ce jeudi, la Banque centrale européenne. Du jamais vu pour ces prêts ciblés de long terme, qui offrent des conditions de financement avantageuses aux établissements bancaires qui prêtent aux entreprises et aux ménages. ʽʽCʼest la plus grosse opération de refinancement de l’histoire de la BCE, deux fois et demie plus importante que le précédent record de mars 2012 ʼʼ, confirme Frederik Ducrozet chez Pictet Wealth Management. »
Chronique dʼun fiasco annoncé, plutôt. En prêtant massivement à 274 banques de second rang (B.S.R.) – de lʼordre de 1 300 milliards dʼeuros quand même ! – à un taux de – 1 %, la B.C.E. est à lʼinitiative dʼune gigantesque opération de cavalerie.
Car, pour renflouer ces banques, qui au fond ne survivent que grâce au fait que les salaires leurs sont versés par les employeurs, la B.C.E. sʼauto-mutile en détruisant une partie du capital quʼelle détient. Ce T.L.T.R.O. (ou opération de refinancement ciblé de long terme) équivaut à un cadeau du contribuable de la zone euro au système bancaire de 13 milliards dʼeuros. Rien que ça ! ■ (Partie 2 à suivre, demain vendredi)
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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