Par Péroncel-Hugoz.
Notre confrère et collaborateur de Je Suis Français a réalisé ce reportage en cinq parties il y a tout juste deux ans. Nous sommes convenus de le republier en ce début d’été propice aux visites et aux voyages. Grand-reporter, membre de la société des rédacteurs du Monde, tous les lecteurs de Je Suis Français ont lu et aimé ses multiples articles dans notre quotidien.
Dimanche 10 juin 2018
150 km d’autoroute tôt le matin, le jour du Seigneur, de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Nîmes, ce n’est rien ; notre époque a parfois des avantages.
Un duo à la mode bobo
Donc la senhora de Portzamparc qui fait parfois équipe avec son époux, Christian, Breton né au Maroc, d’une noblesse remontant au moins à Charles VI, forme avec l’architecte un de ces couples coqueluche du Tout-Bobo mondialisé, traitant d’égal à égal avec Hilary Clinton ou Philippe Sollers. A chacune des nouvelles réalisations de Madame et de Monsieur, c’est aussitôt un concert universel de louanges, et si vous n’y adhérez pas, c’est que vous êtes nul ou « facho »….
Je ne vais pas essayer de passer en revue tous les bâtiments réalisés sur les cinq continents par ce couple à la mode, et, il est vrai, travailleur, opiniâtre, imaginatif. Contentons-nous ce jour du Musée de la Romanité qui, vu de l’extérieur, même avec la meilleure volonté du monde, a tout à fait l’air d’une géante boite à chaussures un peu cabossée et mal emballée. La « peau » de verre et métal, jetée par Elizabeth de Portzamparc sur son édifice nîmois, est justifiée par la conceptrice grâce à sa ressemblance supposée avec les plis des toges romaines… Au moins les déchirures de cette « toge » permettent de voir défiler les superbes arcades des Arènes.
Ce qui fait passer l’effet « boite à chaussures », c’est l’immense toit-terrasse dont la dame architecte a couronné son œuvre. Un toit d’où toute la noble beauté de Nîmes apparaît en majesté avec sa tour Magne (Photo), ses jardins de la Fontaine, ses nombreux clochers (Nîmes a certes une forte marque huguenote, remontant à la Michellade de 1567, cette Saint-Barthélemy à l’envers, survenue un lustre entier avant la vraie et dont bien sûr, on ne parle jamais, surtout dans ces dîners en ville où, si on met sur la nappe le sujet Religion, il se trouve presque partout un catho de gauche [race en voie de disparition…] pour vous envoyer à la figure la Saint-Barthélémy de 1572, ce par quoi je réponds avec la Michellade de 1567) et aussi ses abondantes frondaisons et également en périphérie de menaçantes « cités » peuplées de femmes voilées et de « guetteurs »… ■ (A suivre demain samedi)