PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro d’hier 26 juin. Il s’agit de l’analyse d’un phénomène gravissime en expansion et d’une alarme. Nous n’avons rien, en l’occurrence à y rajouter. Nous ne disons rien d’autre depuis trop longtemps. Mathieu Bock-Côté approfondit, actualise … Il faut lire !
… Un pouvoir tremblant, idéologiquement intimidé et physiquement apeuré…
Il est d’usage, chez les analystes médiatiques qui se veulent modérés, de relativiser l’importance de la mouvance indigéniste en répétant qu’elle n’est pas vraiment représentative de la population immigrée habitant les quartiers que l’on dit poliment « sensibles ».
Ils ajoutent généralement que celle-ci rêve seulement de s’intégrer, pour peu que la société française lui offre les opportunités le permettant. La France pourrait encore miser sur l’assimilation tranquille des immigrés au modèle républicain à condition que ce dernier tienne ses promesses. On aura compris le message: elle serait la première responsable de l’échec de l’assimilation, et n’aurait qu’elle à blâmer.
Le moins qu’on puisse dire est que la doxa ne convainc que ceux qui la professent – et ceux qui ont intérêt à y croire. Surtout, elle ne situe pas son analyse au bon niveau. Il est peu probable, en effet, que les indigénistes soient les fidèles représentants de l’homme ordinaire des banlieues. Mais qui se contente de dire cela ne dit pas grand-chose et laisse de côté la question pourtant centrale des minorités idéologiques radicales dans l’histoire, surtout lorsque celle-ci s’accélère et entre dans une dynamique de crise, ou plus encore dans une dynamique révolutionnaire. Dès lors, le commun des mortels, qui préfère l’évolution tranquille aux élans anarchiques, est laissé de côté. Il est emporté par les événements. Sa résistance passive devient impuissante devant les bandes qui entendent exercer une nouvelle souveraineté.
Comparaison n’est pas raison, certes, mais l’histoire nous éclaire. On l’a souvent rappelé, en 1917, les bolcheviques de Lénine n’étaient pas majoritaires, et ne représentaient certainement pas les préférences majoritaires des ouvriers et paysans russes – Lénine lui-même en était conscient au point d’avoir théorisé le rôle du parti dans l’avènement forcé de la conscience révolutionnaire. Ils étaient toutefois les plus résolus, les plus décidés, les plus radicaux. Ils voulaient faire tomber le régime et ne doutaient pas un instant de leur légitimité et de la monstruosité de leurs ennemis. Le fanatisme vaccine contre le doute et traduit les plus grands crimes en actes vertueux.
Certes, nous ne sommes pas en 1917, et dire le contraire serait de la mauvaise sociologie. Mais nous avons pour de bon quitté l’époque de la démocratie apaisée, où les coalitions modérées s’échangeaient le pouvoir sans jamais s’affronter sur l’essentiel. Les minorités agissantes sont de retour. Des manifestations en soutien à Adama Traoré aux manifestations de clandestins qui défilent impunément à Paris sans jamais craindre leur expulsion, en passant par l’explosion de Dijon et les incivilités au quotidien qui visent autant les policiers que le quidam qui a la mauvaise idée de s’aventurer dans le mauvais RER, on constate une dégradation de la vie civique qui rend la situation de moins en moins tenable.
Soumission de la France
C’est de ce point de vue qu’il faut aborder les récentes manifestations indigénistes, et celles qui viendront. Elles entendent idéologiser la situation des «quartiers» en créant une conscience raciale révolutionnaire. En défilant à Paris, elles voulaient faire une démonstration de force, en multipliant d’ailleurs les provocations à l’endroit d’un pouvoir tremblant idéologiquement intimidé et physiquement apeuré et qui pour donner des gages aux indigénistes, en rajoute dans la comédie antifasciste et assimile au racisme toute opposition affirmée à cette offensive animée par l’esprit de conquête. Le patriote désespéré doit se taire pendant que le racialiste peut braire.
À travers le racialisme, les indigénistes essayent de structurer l’espace politique dans une perspective décoloniale devant aboutir à la soumission de la France en lui imposant une représentation d’elle-même absolument étrangère à son histoire. C’est une prise de possession symbolique. Qui s’y oppose, naturellement, est suspecté de dérive xénophobe et de tentation réactionnaire. Les défenseurs de l’universalisme sont accusés de défendre le « suprémacisme blanc » alors que l’indigénisme racialiste est présenté par ses compagnons de route complaisants comme le véritable vecteur de l’esprit républicain.
L’indigénisme entend aujourd’hui convaincre les immigrés et leurs descendants qu’ils sont persécutés et qu’ils doivent moins s’assimiler que se soulever. Il souhaite radicaliser les tensions identitaires en créant une situation qui serait irréversible. Il installe au cœur de la vie publique le fantasme mauvais de la France raciste. Les concessions à cette mouvance croyant désormais que le coup de force est possible, loin de la ralentir, ne feront que la légitimer. Si la démocratie française doit se défendre, c’est contre cette mouvance maquillant dans une rhétorique victimaire le désir de soumettre la nation. ■
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
On connaît cette phrase de Sartre, le soutien du communisme, dans sa préface à un livre de Franz Fanon : » Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre. » Les indigénistes et autres racialistes, dont le seul but est de déclencher dans notre pays une guerre civile sur les bases raciales, vont sans doute pouvoir reprendre ce slogan irresponsable appelant à assassiner des blancs. Houria Bouteldja, l’islamiste présidente des Indigènes de la République, soutenue par la France Insoumise, appelle dans un de ses ouvrages au déclenchement d’une intifada dans les banlieues françaises, assimilées sans doute à la Cisjordanie occupée. Et face à cela, un État lâche, démissionnaire, incapable d’assurer ses fonctions régaliennes et qui laisse le chaos s’installer. Une population anesthésiée par 40 ans de propagande immigrationniste, de repentance, de criminalisation de la France et de son histoire par une caste médiatique et politique qui n’aime pas son pays. Nous nous réservons de beaux jours.
Extrait d’un article du Figaro d’aujourd’hui. On n s’en lasse pas …
» Le groupe L’Oréal a décidé de retirer certains mots, tels que «blanc» ou «blanchissant», de la description de ses produits cosmétiques sur ses emballages, dans un contexte mondial de manifestations anti-racistes.
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«Le groupe L’Oréal a décidé de retirer les mots blanc/blanchissant, clair de tous ses produits destinés à uniformiser la peau», indique le géant français des cosmétiques dans un communiqué publié en anglais samedi 27 juin, sans plus de détails, notamment sur un retrait immédiat ou non des rayons. »
Je pense que bientôt il ne sera plus autorisé de dire d’un homme qu’il est blanc comme neige, ou d’un autre qu’il fait preuve de noirceur d’âme. Peut-être interdira-t-on bientôt la neige, qui, il faut l’admettre a une attitude nettement discriminatoire par son refus de s’adapter à la diversité. Et que dire des cumulus et autre strato-nimbus qui persistent dans l’affirmation arrogante de leur blanchitude ? N’autorisons que les nuages de temps d’orage, qui seuls possèdent la couleur acceptable en notre temps de lutte contre toutes les formes de discrimination.
Article de Jean Raspail, de 2004, dans le Figaro
« J’ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d’un colis piégé. Difficile de l’aborder de front sans qu’il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C’est pourtant l’interrogation capitale. J’ai hésité. D’autant plus qu’en 1973, en publiant Le Camp des saints, j’ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.
Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu’« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d’une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, Maghrébins ou Noirs et d’Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l’islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer.
La France n’est pas seule concernée. Toute l’Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas rapport de l’ONU (qui s’en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment , mais ils sont systématiquement occultés et l’Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l’Europe des Quinze est l’un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l’incurie des « gouvernances » et qu’il lui faudra affronter dans son âge d’homme… Sans compter que les « Français de souche », matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l’homme, de « l’accueil à l’autre », du « partage » cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites « antiracistes », conditionnés dès la petite enfance au « métissage » culturel et comportemental, aux impératifs de la « France plurielle » et à toutes les dérives de l’antique charité chrétienne, n’auront plus d’autre ressource que de baisser les frais et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule « citoyen » du Français de 2050.
Ne désespérons tout de même pas. Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français et pas nécessairement tous de race blanche qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. Cela ne leur sera pas facile.
Face aux différentes « communautés » qu’on voit se former dès aujourd’hui sur les ruines de l’intégration (ou plutôt sur son inversion progressive, c’est nous qu’on intègre à « l’autre », à présent, et plus le contraire) et qui en 2050 seront définitivement et sans doute institutionnellement installées, il s’agira en quelque sorte je cherche un terme approprié d’une communauté de la pérennité française. Celle-ci s’appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore.
Cela ne plaira pas. Le clash surviendra un moment ou l’autre. Quelque chose comme l’élimination des koulaks par des moyens légaux appropriés. Et ensuite ?
Ensuite la France ne sera plus peuplée, toutes origines confondues, que par des bernard-l’ermite qui vivront dans des coquilles abandonnées par les représentants d’une espèce à jamais disparue qui s’appelait l’espèce française et n’annonçait en rien, par on ne sait quelle métamorphose génétique, celle qui dans la seconde moitié de ce siècle se sera affublée de ce nom. Ce processus est déjà amorcé.
Il existe une seconde hypothèse que je ne saurais formuler autrement qu’en privé et qui nécessiterait auparavant que je consultasse mon avocat, c’est que les derniers isolats résistent jusqu’à s’engager dans une sorte de reconquista sans doute différente de l’espagnole mais s’inspirant des mêmes motifs. Il y aurait un roman périlleux à écrire là-dessus. Ce n’est pas moi qui m’en chargerai, j’ai déjà donné. Son auteur n’est probablement pas encore né, mais ce livre verra le jour à point nommé, j’en suis sûr…
Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’éternelle qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé. Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’Etat (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces « intelligents » qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l’organisme encore sain de la nation française.
Même si je peux, à la limite, les créditer d’une part de sincérité, il m’arrive d’avoir de la peine à admettre que ce sont mes compatriotes. Je sens poindre le mot renégat, mais il y a une autre explication : ils confondent la France avec la République. Les « valeurs républicaines » se déclinent à l’infini, on le sait jusqu’à la satiété, mais sans jamais de référence à la France. Or la France est d’abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n’est qu’une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d’idéologie, idéologie avec un grand « I », l’idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu’ils trahissent la première pour la seconde.
Parmi le flot de références que j’accumule en épais dossiers à l’appui de ce bilan, en voici une qui sous des dehors bon enfant éclaire bien l’étendue des dégâts. Elle est extraite d’un discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République… ».
Puisque nous en sommes aux citations, en voici deux, pour conclure :
« Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie » (Président Boumediene, mars 1974).
Et celle-là, tirée du XXe chant de l’Apocalypse : « Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée ».
Jean Raspail (Extrait tiré du Figaro du 17 juin 2004)
Je ressens des palpitations cardiaques de plus en plus accélérées en lisant ces propos tristement prémonitoires et qui pourraient ne pas attendre 2050 pour devenir l’actualité. Le Prince Jean ne pourrait-il pas présenter sa candidature aux scrutins prévus en 2021 et bien sûr en 2022 ? Puisque 17% des Français interrogés seraient intéressés à un retour à la monarchie, nous serions représentés par un candidat qui aime son pays et aussi les Français. Ne serait-ce pas une façon, petit à petit et d’élection en élection de Nous positionner en vainqueurs !
Je propose de débaptiser le Mont Blanc, parce qu’à travers ce nom, on paraît rendre hommage à la blanchitude, pourtant coupable de tant de crimes. Quant à la Mer Noire, laissons lui son nom, respectueux de la diversité. Mais que faire de la Mer Rouge ?