Par Rémi Hugues.
Il s’agit-là d’une réflexion en cinq parties dont voici la première. Le titre en est, si l’on peut dire, auto-explicatif. Nous n’avons pas besoin d’en souligner l’actualité.
Ces derniers jours, YouTube et Twitter ont supprimé pléthore de comptes classés à lʼextrême-droite, accusés dʼêtre des excroissances de la bête immonde dont le ventre serait toujours fécond. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », le sentence de Saint-Just reste dʼactualité.
Et les plateformes de ce censurer identitaires, Dieudonné, Soral, en sachant que, concernant ce dernier, contrairement à ce qui est dit et écrit, il lui reste sur YouTube une chaîne dénommée ERFM, qui continue à être accessible, ce qui est fort curieux.
Certains parleraient de fake news… Le quotidien Libération, qui parle de « coup de balai sans précédent »[1], se trompe et nous trompe quand il indique que toutes les chaînes de lʼex-conseiller de Jean-Marie Le Pen ont été fermées.
On relèvera, suite à cette curée, le commentaire posté le 10 juillet sur Twitter dʼun autre transfuge du parti frontiste, Julien Rochedy : « La démocratie n’est décidément qu’un vain mot qui impose les siens et interdit les autres. »
Lʼancien dirigeant du FNJ note au fond quʼen régime démocratique la vox populi, qui du fait du progrès technique peut aujourdʼhui aisément sʼexprimer publiquement, nʼest en fait pas invitée à avoir voix au chapitre. On la bâillonne systématiquement. La République a su manœuvrer afin de lʼétouffer.
Par lʼexpression « Vox populi, vox Dei », les romantiques se sont évertués à concilier le mode de désignation moderne des gouvernants avec le principe de la monarchie de droit divin. Victor Hugo, par le truchement de la littérature, sʼefforça de donner le change à Jules Michelet, le grand historien du roman national de légitimation de la démocratie française, et de la république, fille de la révolution.
Le régime représentatif, fondé sur le suffrage universel, présuppose non seulement la compétence morale du peuple, mais aussi la faculté technique des masses, leur capacité de discernement, leur souci de lʼintérêt général, et leur propension à saisir en un clin dʼœil les enjeux les plus cruciaux de lʼheure.
Le système moderne des élections nʼa rien à voir avec lʼantique démocratie athénienne – modèle parmi les modèles pour un Benjamin Constant, pour qui Périclès était un héros –, qui sʼappuyait sur le mécanisme du tirage au sort – duquel devait sourdre la décision des dieux –, et sʼappliquait à une population homogène du point de vue socio-ethnique.
La philosophie de la foule porte un nom, la doxa, et en aucun cas elle ne saurait être la meilleure conseillère. Quand Caïphe voulut obtenir la tête de Jésus-Christ, il sʼadressa à la plèbe judéenne, pour son grand profit. Et cette dernière de sauver la peau du partisan de la révolution matérialiste, du mouvement de libération nationale, hic et nunc des corps, Barabas, au détriment de la Révolution spirituelle, la rédemption des âmes, proposée par le Logos rédempteur. ■ (À suivre, demain samedi)
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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De bon augure , ce premier article d’une nouvelle série de Rémi Hugues .