Par Rémi Hugues.
Il s’agit-là d’une réflexion en cinq parties dont voici la cinquième et dernière. Le titre en est, si l’on peut dire, auto-explicatif. Nous n’avons pas besoin d’en souligner l’actualité. L’étude demeure disponible parmi toutes celles publiées dans Je Suis Français.
Notre président de la République nʼest pas le véritable chef.
Dans sa jeunesse Macron a vite compris quel est le nom de cette famille. Son nom prestigieux lʼattira, il y commença sa carrière professionnelle dans la banque de la branche française de cette famille ; il put y rencontrer les Attali, Minc, Chertok etc., ces hommes dʼinfluence grâce à qui il lui a été permis dʼaccéder à la magistrature suprême en brûlant les étapes dʼun cursus honorum ordinaire.
Le parcours du président actuel illustre formidablement cette thèse de la continuation du principe dynastique en dépit du développement de la démocratisation des sociétés et des États. On la retrouve, cette approche, chez un historien qui sʼappelle Arno Mayer, dans une étude qui va de la IIème Révolution industrielle à la Première Guerre mondiale intitulée La persistance de lʼAncien régime[1].
« Pendant tout le XIXème siècle et les premières années du XXème siècle, les grands bourgeois se sont constamment reniés en imitant et en sʼappropriant les comportements de la noblesse dans lʼespoir dʼy accéder. Les grands du monde des affaires et de la finance ont acheté des domaines, construit des châteaux, envoyé leurs fils dans les écoles et les universités dʼélite et adopté des poses et des styles de vie aristocratiques.
Ils se sont aussi acharnés à pénétrer dans le haut monde de lʼaristocratie et de la cour, et à sʼunir par mariage à la noblesse titrée. Enfin, ils ont sollicité des dérogations et surtout des lettres patentes de noblesse. »[2] Telle est, en condensé, la thèse que soutient lʼhistorien Mayer.
Pour ce qui concerne le cas français, il y montre que « la France est devenue une république à contrecœur en état de crise perpétuelle »[3]. Et au sujet de ses nouveaux maîtres il écrit : « parmi ces détenteurs de fortune colossales on comptait […] Émile Péreire et Adolphe Fould, le roi de la sidérurgie Eugène Schneider et le banquier anobli, le baron Alphonse de Rothschild. »
Et Mayer dʼinsister sur la famille de ce dernier : « La clan Rothschild disposait de six domaines avec château dans la seule région parisienne. Si peu dʼautres dynasties de fortune récente pouvaient sʼenorgueillir dʼautant de domaines, les nouveaux notables étaient néanmoins en grande partie responsables du foisonnement de châteaux après 1848. »
Mais depuis que cette oligarchie financière a pris le pouvoir, il y a des voix libres – parmi lesquelles Pierre-Joseph Proudhon, Karl Marx, Maurice Barrès, Charles Maurras, Émile Zola ou Léon Bloy – qui avertissent leurs contemporains et la postérité que la démocratie est en dernière instance le pouvoir non du peuple mais de ceux qui, enrichis par le Crédit et la Bourse, le manipulent. ■ (Suite et fin)
* Articles précédents … [1] [2] [3] [4]
[1] LʼEurope de 1848 à la Grande Guerre, Paris, Flammarion, 2010.
[2] Ibid., p. 20-21.
[3] Ibid., p. 18.
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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