Soyons brefs. On regardera les 11 minutes de cette vidéo avec nostalgie, envie, lucidité, enfin. On mesurera l’abîme qui sépare les peuples oublieux, repentants, fracturés, de l’Ouest européen d’avec ceux de la Mitteleeuropa et d’avec le peuple russe. On imagine les ressorts de communion, d’enracinement, de tradition en action qui animent ceux qui prennent part à de telles cérémonies – ici aux merveilles de la liturgie orthodoxe – et les trésors d’énergie personnelle et communautaire qu’ils peuvent y puiser. Nous sommes sur deux planètes distinctes et la nôtre, à cette aune, est bien aujourd’hui la plus faible. Mais l’article qui suit suggère et dit tout cela fort bien. Presque trop, puisqu’il omet de rappeler de quels abîmes la Russie a su remonter. Il émane du blog suisse Les observateurs.ch [25.07] et nous l’avons relevé sur la page personnelle de notre ami Paul Léonetti.
Par Michel Piccand
Pendant qu’en Occident les Cathédrales brûlent, la Russie en construit de nouvelles.
On peut être croyant ou non, les Cathédrales font partie de nos vies. Enlevez toutes les Cathédrales et vous vous apercevrez d’un monde bien différent.
Je me souviens d’un voyage fait en Chine il y a de cela environ trente-cinq ans, le pays, communiste, venait juste de s’ouvrir. Je déambulais dans une ville dont je ne me rappelle plus le nom et aperçus de loin la flèche d’une église catholique assez grande qui pointait au détour d’une rue. Intrigué, je m’approchais et vis un vieux camion délabré avec des ouvriers qui s’activaient devant le porche. Ils y déchargeaient des sacs de ciment. L’église dont les vitraux avaient été remplacés par de vulgaires planches était devenue un entrepôt à ciment.
On peut être croyant ou non. Mais ce qui se passe en ce moment devrait tout de même interpeller. D’un point de vue purement sociologique ou anthropologique comment ne pas voir la différence entre notre Occident et la Russie. Les Cathédrales et les Eglises brûlent en France et sont souillées, profanées, un peu partout en Europe. Pendant ce temps la Russie élève de somptueuses cathédrales, des temples sacrés qui s’élancent vers le ciel, comme la magnifique et impressionnante Cathédrale de l’armée qui vient juste d’être inaugurée à Moscou.
La différence avec nos églises vides et le traitement que l’on réserve au sacré chez nous saute aux yeux. D’un côté la Foi en des valeurs qui veulent se montrer au monde et s’élancent vers le ciel en Russie, de l’autre le vide, la désacralisation et la déspiritualisation dans nos contrées. La Russie se veut éternelle, et au moins elle le montre, avec un regard tourné vers l’avenir pour porter ses valeurs.
On imagine les mécréants et les incultes de service – et il y en a en suffisance – de demander « Et alors ? Quelle importance si nos Eglises brûlent et se vident ? »
Il y avait trois tribus dit Jérémie, les deux premières, les tribus de l’Ouest et de l’Est partageaient la même religion issue d’une origine commune. Une troisième tribu qui venait d’autres contrées leur était opposée depuis longtemps dans l’histoire.
Sur le territoire de la tribu de l’Ouest les Eglises étaient attaquées et souillées avec le soutien d’une partie de la population nommée nihiliste. Les nihilistes applaudissaient à chaque exaction faites contre le sacré et leur patrie, ils l’attaquaient, et protégeaient en même temps le sacré de la troisième tribu qui venait d’autres contrées, sans que l’on comprenne pourquoi.
Dans la tribu de l’Est, les Eglises cependant s’élevaient plus belles et plus grandes que jamais. Le moindre être pourvu d’intelligence aurait compris quelle tribu de celle de l’Est ou de l’Ouest pourrait survivre dans l’éternité.
Jérémie rajouta, celui qui ne voit ni l’Eternel ni le temps, déjà ne comprend plus l’espoir. Les tribus sans espérance voient leurs temples et leurs enfants s’effacer pour faire place au néant. Déjà comme ces hommes qui ne connaissent que le marteau ils croient que tout n’est qu’un clou. Ils se croient libres mais sont les esclaves de leur vanité. Leur horizon est désespérément vide pendant qu’ailleurs des bulbes en or brillent dans le ciel. ■
Oui une Renaissance est possible, les Russes le montrent après 70 ans d’athéisme militant et de tentatives de création d’un nouvel home, l' »homo sovieticus ». Notons qu’après l’écroulement, ce sont l’Eglise et l’Armée (incluant les services secrets) qui l’ont rendu possible