Par Le Figaro.
Mazarine Pingeot épingle les « extrémistes de la médiocrité » qui « discréditent les combats féministes » nous dit ce bref article du Figaro, publié le 29 juillet, sans autre signature.
Le Figaro, en fait, commente son confrère du Monde, où la romancière française (Mazarine Pingeot) a publié une tribune pour dénoncer l’activisme qui veut substituer à la domination de « l‘homme blanc occidental » celle d’« une jeunesse sans désir mais pleine de colère ».
S’étonnera-t-on que ces propos opportuns viennent de la fille de François Mitterrand ? Ce serait oublier ce que fut vraiment cet homme ambigu, pétri de culture classique, mixte invariablement assumé du vichysme et de la Résistance, catholique de jeunesse et de l’extrême fin de sa vie, proche du Comte de Paris, lecteur de Morand, Chardonne et Maurras. Bref, un classique qui voulut, non pas arriver, mais advenir, selon ses dialogues avec Guitton. Ce n’était pas dénué de sens profond, la différence n’était pas mince, pour cet hommes qui se voulait dans la filiation des rois de France et emmenait ses ministres effarés (même Charasse !) à Saint-Denis pour leur rendre hommage… Cela dit, il fut, politiquement, ce qu’il fut ou ce qu’il put. Mais de sa culture profonde, de son être plus ou moins inavoué, il a bien dû passer quelque chose sur sa fille longtemps cachée, puis dévoilée, alors que lui-même se mourait.
C’est peut-être ce que l’on pourra déduire ou penser des propos de Mazarine Pingeot. Dans l’espèce d’hystérie déconstructiviste que nous vivons, ils ne sont pas malvenus. Tout au contraire.
Elle mène son combat la plume acérée. À grands coups d’anaphores, Mazarine Pingeot signe dans Le Monde une tribune enflammée contre le féminisme d’aujourd’hui. Elle reproche à ses représentants de vouloir substituer une domination à une autre : celle de « l’homme blanc occidental » remplacée par celle d’« une jeunesse sans désir mais pleine de colère ».
L’écrivaine n’y va pas de main morte pour décrire cette nouvelle génération de féministes, qu’elle qualifie d’« extrémistes de la médiocrité ». Outre les critiques sur leurs motivations qu’elle résume à « de la bêtise, du mimétisme, de la libération des pulsions de haine, et, pire que tout, de l’exaltation narcissique de croire appartenir à la morale », elle estime que leur lutte discrédite les combats féministes de leurs aînées.
Une cause qui lui tient à cœur et qui l’a conduite à sortir d’un long silence médiatique. Pour rappel, Mazarine Pingeot a publié l’an dernier Se taire, roman dans lequel une jeune héroïne, victime d’agression sexuelle, s’effondre sous le poids du secret.
Dans sa tribune, la fille de François Mitterrand et Anne Pingeot utilise à dessein des termes provocateurs à l’égard de certaines jeunes femmes qui « se déguisent en putes pour imiter les danseuses des clips de rap qui vantent l’argent facile et l’amour monnayable ». Une jeunesse qu’elle ne comprend pas et qui semble provoquer chez elle plus qu’un « mortel ennui », comme elle le répète à neuf reprises, de la peur et une colère ardente. Car, selon elle, la convergence des luttes que ces « nouveaux révolutionnaires » entendent mener ne peut aboutir qu’à des frontières.
Elle dénonce le risque d’un art policé
La professeure de philosophie craint les ravages que cette nouvelle génération pourrait réserver à l’art. Elle emploie plusieurs images stéréotypées pour peindre le danger que représente la « police des mœurs » qu’elle estime capable de transformer une œuvre d’art en modèle de vertu.
« Et que deviendra l’art dans tout ça ? Des œuvres théâtrales où l’on dira le catéchisme, le mal contre le bien, dont on voit vite les incarnations ? Des tableaux respectant la parité, homme, femme, Noir, Blanc, vieux, jeunes, handicapés, dans des champs de blé bio et des plants de tomates en permaculture ? »
Mazarine Pingeot se montre pessimiste sur l’avenir que dessine cette nouvelle génération. « Avant même de mourir du réchauffement climatique, nous risquons de mourir d’ennui. » Elle évoque notamment un risque d’autocensure et d’intériorisation de l’interdit pour les artistes. Une chose est sûre, elle n’en fera pas partie. ■