Par Guy Daniel
Publié dans Causeur le 9 août, cet article est drôle, mais pas que… Il est évidemment caricatural, mais pas seulement. Il dresse un tableau très réel, mâtiné d’humour, de ce qu’est la gauche aujourd’hui. Et aussi de son aptitude singulière à se transformer, se travestir, de couler dans des peaux apparemment neuves pour survivre, tromper, remporter des succès sans-doute résiduels mais pourtant certains, comme lors des dernières municipales. Alain de Benoist redoute même un ticket possiblement gagnant Anne Hidalgo – les Verts en 2022. Sombre perspective. Derrière l’humour, il y a la réalité d’un système, le Système politique français qui a d’infinies capacités de rebond et de nuisance. Nous ne publions pas cet amusant billet pour faire nombre (nous ne sommes pas un blog de vrac) ni pour faire rire. Mais parce qu’il faut prendre toute la mesure de la situation où nous sommes et du Système qui la crée, pour mieux le combattre. D’ailleurs, l’humour est une arme aussi redoutable que d’autres.
La gauche, dont les Verts sont le nouveau centre de gravité, incarne la conviction d’incarner le Bien, le Beau et le Vrai. Qui oserait en douter ?
« J’adorerais être de gauche, c’est un souhait. Mais je trouve que c’est tellement élevé comme vertu que j’y ai renoncé […] Quand t’es de gauche, c’est l’excellence : le génie moral, le génie de l’entraide. C’est trop de boulot. »
Une fois lue cette émouvante déclaration de Fabrice Luchini, on se prend nous aussi à regretter de n’avoir pu nous hisser à ces hauteurs vertigineuses. Mais très heureusement, cela ne dure que le temps de faire un tour d’horizon de ce qu’est, de nos jours, la gauche.
La gauche, c’est d’abord le PS, non ?
Oui. Enfin, c’était. Car de nos jours, le Parti socialiste, c’est Olivier Faure. Alors, vous allez me demander qui est Olivier Faure, et vous aurez raison. D’ailleurs, même lui se le demande. C’est un gars modeste, le camarade Olivier. Le genre effacé, au point de s’évanouir de votre mémoire au moment même où il disparaît de l’écran de votre télé. C’est dire s’il incarne à merveille le Parti Socialiste. De fait, la transparence lui est tellement naturelle qu’il est prêt à s’effacer devant tous ses petits camarades des autres gauches en 2022, juste pour permettre à la gauche de figurer au second tour, histoire de prolonger une agonie pourtant devenue bien embarrassante.
Il y a aussi La France Insoumise !
Absolument. La gauche de combat. Quel combat, me direz-vous ? Eh bien, ce n’est pas clair. LFI prétend se battre pour la République, mais foule aux pieds à peu près toutes les valeurs républicaines, qu’il s’agisse de laïcité, d’égalité ou d’universalisme. LFI réclame la parole, mais uniquement pour exiger qu’on vous l’enlève. LFI, au fond, c’est la synthèse de tous les totalitarismes d’extrême-gauche, l’antisémitisme inclus. Des chemises rouges en raison des hasards du calendrier, mais qui auraient aussi bien pu être noires.
LFI prétend vouloir le pouvoir, et peut-être est-ce vraiment le but de certains de ses cadres, mais nul observateur n’en est sûr. En revanche, ils s’entendent tous pour mener un combat plus discret, qui ne concerne qu’eux, celui qui consiste à sauver leurs fesses de bourgeois installés, en négociant des strapontins si d’aventure la raclée qui s’annonce pour 2022 devait avoir lieu. Car s’ils prétendent défendre les masses laborieuses, ils ne voudraient surtout pas devoir un jour en faire partie. En attendant, ils naviguent à vue tout en appliquant cette maxime chère aux anarcho-autonomes : « pourquoi être inutile quand on peut être nuisible ? »
Et EELV, alors ? C’est bien, l’écologie !
En effet. C’est vert, c’est beau, ça attire les âmes d’enfants comme la lumière attire le papillon, et l’argent le percepteur. On comprend pourquoi l’électeur naïf peut choisir, dans le marasme actuel, de voter pour préserver l’écosystème dans lequel nous vivons.
Mais qui vous dit qu’EELV a un rapport quelconque avec l’écologie, malheureux ? L’écologie est une science complexe aux paramètres innombrables, et comme souvent en biologie, une certitude en remplace vite une autre. Or, il se trouve qu’il n’y a aucun scientifique digne de ce nom à la tête d’EELV, et de Jadot à Bayou, tous deux diplômés en commerce international, en passant par tous les autres cadres du parti, vous ne trouverez que des gens qui communiquent, enseignent, ou peignent, mais jamais, au grand jamais, un scientifique digne de ce nom. Et pour cause, l’écologie politique n’est pas une science, mais un ensemble de croyances tournant autour d’un axe majeur : la conviction d’incarner le Bien, le Beau et le Vrai.
Du coup, une fois qu’il a réussi à obliger les autres à brouter des algues, faire du vélo et renoncer à disposer d’une électricité bon marché en continu, l’élu EELV estime qu’il a fait l’essentiel en matière d’écologie, et peut se concentrer à sa vraie mission : le progrès de l’Humanité. En quoi cela consiste-t-il ? C’est très simple : faire disparaître tout ce qui a permis d’amener l’espèce humaine au 21ème siècle.
Le progrès technologique nous a conduits jusqu’ici ? Il faut nécessairement le mettre à bas, se remettre à marcher, si possible à ramper, et peut-être à grimper aux arbres. Avec un iphone à l’oreille, car il y a des limites à tout. L’Histoire a été faite par les mâles blancs hétérosexuels ? Il faut idéalement promouvoir une femme, si possible lesbienne et noire, pour qui on exigera davantage de droits que pour n’importe qui d’autre. Notre civilisation est judéo-chrétienne ? On proteste contre les crèches de Noël, et on hurle à l’islamophobie en défilant avec les islamistes.
Le parti de l’Autre
Car chez EELV, on déteste les phobes. On phile, toujours, en toutes circonstances. S’il pouvait choisir d’être hémophile, le militant EELV le serait, quitte à se vider de son sang. Il est d’ailleurs prêt à laisser l’Autre nous vider du nôtre.
Car plus que tout, EELV aime l’Autre, le Différent, le lointain, l’a-normal. L’anormalité, c’est le summum du progressisme, puisque c’est l’instabilité, que tout ce qui était disparaît et que rien ne peut durer, ce qui contraindra à un nouveau déséquilibre, que l’on pourra appeler « nouveau progrès ». Avec l’anormalité, c’est formidable : le progrès s’entretient de lui-même, et fait table rase du passé en même temps qu’il nous propulse vers un avenir totalement inconnu mais forcément meilleur, puisqu’il ne ressemblera à rien de connu. Tout vaut mieux que ce qui existait avant l’avènement d’EELV : les nouvelles religions n’aiment pas la concurrence.
Alors la gauche c’est fini ?
Mais bien sûr que non ! La gauche, c’est le progrès ! La gauche se réinvente ! Et en l’occurrence, la gauche réinventée, c’est le Printemps Républicain, une de ces merveilles conceptuelles dont la gauche éternelle a le secret. Et ce Printemps républicain, je vous en parlerai une prochaine fois. En attendant, évitez de voter EELV, sinon nous devrons imprimer le prochain article à la presse manuelle. ■
Xavier Eman dans la revue Éléments
Lorsque Frédéric s’extirpa du métro, arrachant nerveusement le masque chirurgical qui l’avait fait suffoquer jusque-là, il fût étonné par l’effervescence qui régnait sur la place Maubert. Certes, c’était jour de marché. Les bobos du quartier s’affairaient pour acheter leur brie truffé et leur filet mignon de veau en vue du repas dominical. Mais il n’y avait pas que ça. L’atmosphère était électrique, chargée d’une inhabituelle tension. Les clients des divers étals semblaient plus pressés, plus fébriles qu’à l’ordinaire, les commerçants plus renfrognés…
Des bourgeois à gueules de syphilitiques
Frédéric mit quelques instants à découvrir la cause de cette ambiance particulière : une centaine de personnes était rassemblée dans un coin de la place, séparée du marché par un étique cordon de quelques CRS. À la tête du regroupement, un trentenaire prématurément chauve en pantacourts et marinière lançait des slogans d’une voix à demi châtrée qui cherchait des accents virils sans parvenir à en trouver. « Une voix de curé Vatican II » ne put s’empêcher de penser Frédéric.
« Assez, assez, assez de sang versé ! » s’époumonait l’étrange petit homme. Frédéric crut un instant qu’il s’agissait d’une manifestation de dénonciation des crimes de la racaille qui – du lynchage de chauffeur de bus de Bayonne à l’écrasement barbare de l’aide-soignante de Lyon – ensanglantaient le quotidien des français. Il fut rapidement détrompé en découvrant les pancartes exhibées par les manifestants. « Lait = viol » pouvait-on lire sur l’une, « Viandard = salopard » sur une autre. Ce n’était que cela. Un attroupement de « végans », des bourgeois à gueules de syphilitiques venus conspuer leurs collègues CSP+ complices, par leurs achats criminels, des horribles bouchers, fromagers, et autres poissonniers génocidaires…
En d’autres temps, Frédéric aurait sans doute souri de ce spectacle. Il serait allé dans la foulée dévorer une entrecôte saignante dans le bistrot le plus proche. Mais l’époque n’était plus à la légèreté. Il se sentait las, un peu accablé et décida de s’éloigner au plus vite.
Les animalistes en colère
En descendant le boulevard Saint-Germain, il tomba bientôt sur un nouveau rassemblement, plus vindicatif et vociférant. Il s’agissait cette fois, comme lui expliqua un fonctionnaire de police qui semblait moins serein que ses collègues chargés de contenir les animalistes en colère, d’une « marche blanche » en l’honneur de Kader, un jeune de la cité de « Joyeux Bosquets » à Trappes, mort des suites de ses blessures après avoir été percuté par une voiture alors qu’il brûlait un feu rouge en moto. Ne portant pas de casque, sa tête avait violemment cogné le bitume, provoquant une hémorragie fatale.
Le conducteur de l’automobile étant un gendarme à la retraite, la famille et l’entourage de la victime refusaient d’accepter la « thèse de l’accident ». Ils s’étaient donc réunis pour « réclamer justice » et dénoncer le racisme systémique du code de la route et des feux tricolores. Car Kader – contrairement à ce que son casier judiciaire, riche de quinze condamnations donc trois pour vol avec violences et deux pour agression sexuelle, aurait pu laisser penser – était un « très gentil garçon », « toujours poli, aimable et serviable ». Le « voisin idéal » que toute la cité pleurait à chaudes larmes.
C’est en tout cas ainsi qu’il était présenté dans tous les médias relayant complaisamment les émouvantes et touchantes images de fatmas étouffant leurs larmes dans leur hidjab à l’évocation du brave garçon décédé.
Le comité « Vérité pour Tralala »
À cette manifestation communautaire s’était joint un nombre conséquent de membres du comité « Vérité pour Tralala », solidaires de ce nouveau « drame de l’exclusion et de la haine ». Ceux-là étaient reconnaissables à leurs mines patibulaires, leurs mains gantées, et leur propension à se mettre à genoux le poing levé au passage de la moindre caméra d’une chaîne de télévision, d’ailleurs nombreuses pour couvrir l’événement.
Parmi la foule bigarrée, on pouvait également observer pas mal de visages pâles, de bons caucasiens apparemment pas gênés le moins du monde par le voisinage d’individus braillant hystériquement que « Les blancs doivent payer l’addition ! » et aspirant à « La fin du règne blanc, maintenant ! ». Certains reprenaient même ces sympathiques slogans avec toute la véhémente conviction de la catharsis masochiste.
Légèrement écœuré, Frédéric s’enfuit une seconde fois.
Malgré l’encombrement des rues et des trottoirs, malgré l’omniprésence des passants, il fut envahi d’un profond sentiment de solitude, d’isolement et d’abandon. Bien qu’étant au cœur même de la ville qui l’avait vu naître, Il ressentait soudain physiquement toute la douleur de l’exil.
Vraiment excellent texte, Jean de Maistre ! Acide, vitrioleur, même et terriblement drôle. Anxieusement drôle, devrais-je écrire, d’ailleurs…
À propos de la gauche, du socialisme etc. je ne résiste pas au plaisir de rappeler ces passages de l’encyclique Quod Apostolici Muneris du 28 décembre 1878. Lettre encyclique du pape Léon XIII sur les erreurs modernes. Lettre qui ne peut que faire grincer des dents et s’étouffer de rage les progressistes de tous poils, ce qui est toujours un spectacle dont il ne faut pas se priver.
Dès le commencement de notre Pontificat, Nous n’avons pas négligé, ainsi que l’exigeait la charge de Notre ministère apostolique, de signaler cette peste mortelle qui se glisse à travers les membres les plus intimes de la société humaine et qui la conduit à sa perte ; en même temps, Nous avons indiqué quels étaient les remèdes les plus efficaces au moyen desquels la société pouvait retrouver la voie du salut et échapper aux graves périls qui la menacent. Mais les maux que Nous déplorions alors se sont si promptement accrus que, de nouveau, Nous sommes forcé de Vous adresser la parole, car il semble que Nous entendions retentir à Notre oreille ces mots du Prophète : » Crie, ne cesse de crier : élève ta voix, et qu’elle soit pareille à la trompette » (1).
Vous comprenez sans peine, Vénérables Frères, que Nous parlons de la secte de ces hommes qui s’appellent diversement et de noms presque barbares, socialistes, communistes et nihilistes, et qui, répandus par toute la terre, et liés étroitement entre eux par un pacte inique, ne demandent plus désormais leur force aux ténèbres de réunions occultes, mais, se produisant au jour publiquement, et en toute confiance, s’efforcent de mener à bout le dessein, qu’ils ont formé depuis longtemps, de bouleverser les fondements de la société civile. Ce sont eux, assurément, qui, selon que l’atteste la parole divine, » souillent toute chair, méprisent toute domination et blasphèment toute majesté » (2).
En effet, ils ne laissent entier ou intact rien de ce qui a été sagement décrété par les lois divines et humaines pour la sécurité et l’honneur de la vie. Pendant qu’ils blâment l’obéissance rendue aux puissances supérieures qui tiennent de Dieu le droit de commander et auxquelles, selon l’enseignement de l’Apôtre, toute âme doit être soumise, ils prêchent la parfaite égalité de tous les hommes pour ce qui regarde leurs droits et leurs devoirs. Ils déshonorent l’union naturelle de l’homme et de la femme, qui était sacrée aux yeux mêmes des nations barbares; et le lien de cette union, qui resserre principalement la société domestique, ils l’affaiblissent ou bien l’exposent aux caprices de la débauche.
Enfin, séduits par la cupidité des biens présents, » qui est la source de tous les maux et dont le désir a fait errer plusieurs dans la foi » (3), ils attaquent le droit de propriété sanctionné par le droit naturel et, par un attentat monstrueux, pendant qu’ils affectent de prendre souci des besoins de tous les hommes et prétendent satisfaire tous leurs désirs, ils s’efforcent de ravir, pour en faire la propriété commune, tout ce qui a été acquis à chacun, ou bien par le titre d’un légitime héritage, ou bien par le travail intellectuel ou manuel, ou bien par l’économie. De plus, ces opinions monstrueuses, ils les publient dans leurs réunions, ils les développent dans des brochures, et, par de nombreux journaux, ils les répandent dans la foule. Aussi, la majesté respectable et le pouvoir des rois sont devenus, chez le peuple révolté, l’objet d’une si grande hostilité que d’abominables traîtres, impatients de tout frein et animés d’une audace impie, ont tourné plusieurs fois, en peu de temps, leurs armes contre les chefs des gouvernements eux-mêmes.
Or, cette audace d’hommes perfides qui menace chaque jour de ruines plus graves la société civile, et qui excite dans tous les esprits l’inquiétude et le trouble, tire sa cause et son origine de ces doctrines empoisonnées qui, répandues en ces derniers temps parmi les peuples comme des semences de vices, ont donné, en leurs temps, des fruits si pernicieux. En effet, vous savez très bien, Vénérables Frères, que la guerre cruelle qui, depuis le XVIe siècle, a été déclarée contre la foi catholique par des novateurs, visait à ce but d’écarter toute révélation et de renverser tout l’ordre surnaturel, afin que l’accès fût ouvert aux inventions ou plutôt aux délires de la seule raison.
Mais, ce qu’il faut déplorer, c’est que ceux à qui est confié le soin du bien commun, se laissant circonvenir par les fraudes des hommes impies et effrayer par leurs menaces, ont toujours manifesté à l’Église des dispositions suspectes ou même hostiles. Ils n’ont pas compris que les efforts des sectes auraient été vains si la doctrine de l’Eglise catholique et l’autorité des Pontifes romains étaient toujours demeurées en honneur, comme il est dû, aussi bien chez les princes que chez les peuples. Car l' » Eglise du Dieu vivant, qui est la colonne et le soutien de la vérité » (4), enseigne ces doctrines, ces préceptes par lesquels on pourvoit au salut et au repos de la société, en même temps qu’on arrête radicalement la funeste propagande du socialisme.
En effet, bien que les socialistes, abusant de l’Evangile même, pour tromper plus facilement les gens mal avisés, aient accoutumé de le torturer pour le conformer à leurs doctrines, la vérité est qu’il y a une telle différence entre leurs dogmes pervers et la très pure doctrine de Jésus-Christ, qu’il ne saurait y en avoir de plus grande. Car, » qu’y a-t-il de commun entre la justice et l’iniquité ? Et quelle société y a-t-il entre la lumière et les ténèbres » (5) ? Ceux-là ne cessent, comme nous le savons, de proclamer que tous les hommes sont, par nature, égaux entre eux, et à cause de cela ils prétendent qu’on ne doit au pouvoir ni honneur ni respect, ni obéissance aux lois, sauf à celles qu’ils auraient sanctionnées d’après leur caprice.
Au contraire, d’après les documents évangéliques, l’égalité des hommes est en cela que tous, ayant la même nature, tous sont appelés à la même très haute dignité de fils de Dieu, et en même temps que, une seule et même foi étant proposée à tous, chacun doit être jugé selon la même loi et obtenir les peines ou la récompense suivant son mérite. Cependant, il y a une inégalité de droit et de pouvoir qui émane de l’Auteur même de la nature, » en vertu de qui toute paternité prend son nom au ciel et sur la terre » (6). Quant aux princes et aux sujets, leurs âmes, d’après la doctrine et les préceptes catholiques, sont mutuellement liées par des devoirs et des droits, de telle sorte que, d’une part, la modération s’impose à la passion du pouvoir et que, d’autre part, l’obéissance est rendue facile, ferme et très noble.
Quant à la tranquillité publique et domestique, la sagesse catholique, appuyée sur les préceptes de la loi divine et naturelle, y pourvoit très prudemment par les idées qu’elle adopte et qu’elle enseigne sur le droit de propriété et sur le partage des biens qui sont acquis pour la nécessité et l’utilité de la vie. Car, tandis que les socialistes présentent le droit de propriété comme étant une invention humaine, répugnant à l’égalité naturelle entre les hommes, tandis que, prêchant la communauté des biens, ils proclament qu’on ne saurait supporter patiemment la pauvreté et qu’on peut impunément violer les possessions et les droits des riches, l’Eglise reconnaît beaucoup plus utilement et sagement que l’inégalité existe entre les hommes naturellement dissemblables par les forces du corps et de l’esprit, et que cette inégalité existe même dans la possession des biens; elle ordonne, en outre, que le droit de propriété et de domaine, provenant de la nature même, soit maintenu intact et inviolable dans les mains de qui le possède; car elle sait que le vol et la rapine ont été condamnés par Dieu, l’auteur et le gardien de tout droit, au point qu’il n’est même pas permis de convoiter le bien d’autrui, et que les voleurs et les larrons sont exclus, comme les adultères et les idolâtres, du royaume des cieux.