En relisant jour après-jour cette sorte de reportage d’Henri Massis et Robert Brasillach sur le siège de l’Alcazar – que JSF a eu la bonne idée de publier intégralement – on admire, mais aussi on compare, on transpose l’épopée héroïque qu’on y lit, dans la France telle qu’elle est maintenant. Et on l’imagine – dans l’hypothèse pie où la France n’est pas appelée à disparaître – on l’imagine dans les luttes qu’elle aura à mener, les épreuves qu’elle devra traverser, pour survivre.
Comment les Français – les jeunes en particulier – pourront-ils soutenir, traverser ces épreuves ? À quelles réserves de tradition, de mémoire, de foi, pourront-t-ils puiser leur énergie, forger leur détermination ?
Relisons encore et encore les récits de Massis et Brasillach.
Les hommes qui défendent l’Alcazar sont nourris de foi, de traditions, de principes, d’attachements, de symboles, qui les animent au plus profond d’eux-mêmes : L’honneur, l’esprit de chevalerie, l’Espagne éternelle, Dieu, le Christ-Roi, la Vierge, la Patrie et le Roi.
De quoi seront habités ceux qui un jour ou l’autre devront se mobiliser pour défendre la Patrie et sa civilisation ?
Le feront-ils par simple colère, sans un fond de références solides, et, au sens propre, exaltantes ? En ce cas, leurs combats risquent d’être faibles et, peut-être, sans beaucoup de chances de victoire. Si c’est pour défendre la démocratie parlementaire et les droits de l’homme, leur réaction n’ira pas loin.
Nous voyons bien qu’aujourd’hui une guerre tous azimuts est d’ores et déjà menée à la France. Avec ou sans déclaration.
Elle lui est faite sur tous les plans qui fondent immémorialement notre société. Guerre largement entamée. Guerre sans merci. Nous voyons bien les coups de boutoir qui sont portés à la France pour ébranler ses fondations et ses murailles les plus essentielles, les plus profondément enracinées dans l’âme de son peuple.
S’imagine-t-on qu’au point où nous en sommes, cette guerre s’achèvera paisiblement par le jeu normal de la démocratie, par la victoire électorale d’un parti politique plus patriote que les autres ? On peut douter que cela suffise. Une telle hypothèse n’achèvera pas la grand-guerre qui nous est menée.
Des énergies militantes, combattantes, seront presqu’à coup sûr nécessaires pour comme disait Bernanos « faire front ».
Elles ne se lèvent pas sur de simples démonstrations rationnelles. L’exemple des Cadets de l’Alcazar est frappant : à ceux qui un jour ou l’autre devront se battre pour la France – sauf pour elle à disparaître en tant que telle – une foi sera nécessaire : religieuse pour les uns, historique, patriotique, ethnique, esthétique, éthique, pour d’autres.
Nous en tirons la conclusion qu’en parallèle avec notre réflexion sur la politique si longtemps et si profondément menée par l’Action Française, une autre tâche s’impose : restaurer cette « forêt de symboles », royaux, religieux, architecturaux, artistiques, sans oublier les multiples trésors à puiser dans les traditions populaires tout aussi bien, d’ailleurs, qu’aristocratiques, qui font de notre Patrie, de notre civilisation, de notre héritage venu de la nuit des temps, qui font de leur « gloire » un objet d’attachement indéfectible.
Réveiller en nous-mêmes et parmi nos concitoyens les puissances du sentiment – dont le sentiment de fidélité au Prince reçu hic et nunc des lointains de notre Histoire – cela vaut autant ou davantage que nos habituels arguments de simple raison. Ce devrait être, à notre avis, un autre versant de l’action qu’il nous revient de déployer. Nous n’y serons pas seuls d’ailleurs. S’il fallait un exemple à ce que nous avons tenté d’exprimer nous citerions le Puy du Fou. Le lecteur en trouvera d’autres, existants ou à faire naître.
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