Nous vous avons proposé ici pendant 13 jours la lecture intégrale de l’ouvrage publié sous ce titre par Henri Massis et Robert Brasillach, chez Plon, en 1936, après que le siège de l’Alcazar se soit achevé par l’héroïque victoire des troupes du général Franco. À l’heure où la République française est devenue coutumière d’hommages assez dérisoires rendus à presque n’importe qui, le récit de la résistance victorieuse des Cadets de l’Alcazar nous rendra l’exemple du pur et véritable héroïsme. C’est presque un reportage. Il émeut souvent, il peut aussi rendre confiance. Il est désormais intégralement disponible sur Je Suis Français.
Malgré ces attaques surhumaines, on ne compte que quatre-vingt-deux morts parmi les 1 900 assiégés. C’est pour eux qu’une messe est dite, ce matin, dans la chapelle de l’Alcazar…
Celui qui là célèbre est le seul prêtre survivant de Tolède ; tous les autres (et en particulier ceux qui formaient le chapitre de la cathédrale) ont été massacrés par les miliciens.
Aussi bien le cardinal-archevêque de Tolède, qui a dû se réfugier en Navarre n’est-il pas là pour célébrer la victoire ; et c’est de Pampelune qu’il adresse par radio ce message à sa cité :
— Tolède est nôtre! Car nous l’avions perdue, Tolédans ! La cité, ce n’est pas seulement les pierres, mais l’esprit, et Tolède, pendant deux mois, a vécu sans son âme. Tolède est nôtre! Les belles étrennes ! Elle a retrouvé son âme catholique.
« Je revois la phrase gravée au pied de la statue équestre de l’Empereur qui a bâti l’Alcazar. « Si tu vois tomber mon cheval et mon drapeau, relève d’abord le drapeau. » Vous autres, vous avez vu s’abattre votre Alcazar. Vous avez vu mourir vos frères de combat. Mais vous n’avez pas consenti à voir tomber l’étendard de la Patrie qui flamboyait sur ses donjons. Il est seul digne d’être votre suaire, avec la croix de votre foi.
« Charles Quint, l’Empereur des deux mondes, a dit que jamais il ne se sentait plus empereur que lorsqu’il montait l’escalier royal de notre Alcazar. A dater d:aujourd’hui, jamais nous ne sentirons les Espagnols plus dignes de notre histoire que lorsque nous foulerons le sol de l’Alcazar tolédan.
Après la cérémonie religieuse, les Cadets et les défenseurs défilent dans Tolède, devant les officiers de l’armée nationale. C’est bien l’honneur de l’Espagne qu’incarnent ces hommes, aux traits tirés et pâles, aux visages envahis par la barbe, et ces gamins imberbes, dans leurs uniformes délabrés et splendides…
Ils avancent salués par les acclamations de tout un peuple. On les presse, on les entoure, on voudrait les prendre dans ses bras… Et tandis qu’au passage des drapeaux, les femmes se signent et s’inclinent, chacun se montre, auprès du général Franco, un homme maigre, aux yeux creux, comme éblouis par la lumière : c’est le mainteneur de l’orgueil espagnol, c’est le colonel Moscardo. Nommé général, il partira demain pour le front de Siguenza achever la victoire et venger son enfant. Ses Cadets ont été promus officiers, et les hommes valides ont réclamé l’honneur de servir en première ligne avec les troupes nationales.
L’univers entier qui, depuis plus de dix semaines, frissonne dans l’attente de ce qui se passe à Tolède, accueille avec soulagement et ferveur la nouvelle de la délivrance. Comme jadis, à Verdun, c’est le miracle de la résistance qui, seul, a provoqué ce grand mouvement d’inquiétude et d’admiration. Il fait place aujourd’hui à la certitude que l’exemple, offert au monde par les défenseurs de l’Alcazar, organise l’avenir. Et tandis que de Séville à Pampelune des pompes joyeuses, emplissent l’Espagne, de toutes les capitales d’Europe des messages affluent à la Junte de Burgos, pour célébrer la geste des Cadets de Tolède.
Pendant quelque temps encore, la plupart des assiégés restent dans la vieille forteresse. Lentement, ils se réaccoutument à la vie, à la clarté du jour. Les visions de cauchemar sont effacées. Les menaces des Rouges désormais semblent vaines. Peu à peu, l’on évacue la citadelle héroïque… Et, dans les rues de Tolède, des femmes cherchent leurs anciennes demeures parmi ces maisons béantes, et d’étranges fantômes humains apprennent de nouveau à vivre.
Conclusion
Sans vision, le peuple périt, disent les Livres saints. Il n’y a pas de foi qui se passe d’images, et c’est en vain qu’on prétend nous priver de héros et de mythes. Seul le bolchevisme russe a compris la vertu des images. Des mutins du Potemkine aux Marins de Cronstadt, toute une suite de symboles se dressent devant les masses, pour magnifier son œuvre, répandre sa mystique.
Aux héros de cette humanité primitive qui n’honore que la révolte et ne légitime le sacrifice qu’en exaltant l’instinct, n’est-il pas temps d’opposer d’autres héros, des hommes qui savent pour quoi ils meurent, qui connaissent la valeur de ce qu’ils défendent ? Laissons au bolchevisme le soin de célébrer ses fastes. Mais, tout en saluant le courage, le mépris de la mort, où qu’ils se trouvent, n’oublions pas que c’est la cause qui fait le martyr. Aussi tous les sacrifices ne sauraient être pareillement honorés, et nous préfèrerons toujours ceux qu’illuminent une haute et pure raison.
Nous, hommes d’Occident, nous avons désormais nos « Marins de Cronstadt » : ce sont les héros de l’Alcazar. Sans doute appartiennent-ils d’abord à l’Espagne. Car ils sont bien de la même race que les princes paysans de la reconquista, qui patiemment, lieue à lieue, depuis les Asturies, et les gorges pyrénéennes, gagnèrent sur le musulman les royaumes d’Aragon et de Castille, et la terre espagnole tout entière. Ils sont bien de la race de ce chevalier que les Arabes nommaient leur Cid, c’est-à-dire leur Seigneur. Mais les Cadets de Tolède n’ont pas lutté seulement pour l’Espagne : ils ont défendu l’Occident catholique.
Par deux fois, contre le Maure et contre le Turc, à Grenade et à Lépante, l’Espagne a sauvé la civilisation occidentale contre un péril venu d’Orient. C’est contre un autre péril aujourd’hui qu’elle se dresse, contre un Orient plus subtil, et peut-être plus dominateur. Dans la croisade contre le bolchevisme, elle revendique l’honneur du premier danger et de la première victoire.
L’étendard de Lépante flotte symboliquement au-dessus d’un Alcazar idéal, où désormais nous ne cesserons plus de le contempler,
HENRI MASSIS – ROBERT BRASILLACH – 1936 ■ (FIN)
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Série fort bien faite : les mythes de l’ Espagne républicaine peuvent berner les nouvelles générations , pas seulement .
Puisqu’on parle du » devoir de mémoire » , il est juste de rafraîchir les esprits surtout avec de bons textes .