PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro d’aujourd’hui. Nous la publions aussitôt. L’analyse de Mathieu Bock-Côté est impeccable. Comment le peuple français réagira-t-il lorsque les plus extrêmes violences contre son être profond seront entreprises ? Leurs auteurs s’enhardissent aujourd’hui sur divers plans concomitants. Passeront-ils les bornes, iront-ils jusqu’au clairement l’inacceptable ? Rendront-ils évidente et finalement insoutenable cette trahison des clercs que Mathieu Bock-Côté évoque à juste titre ? C’est une question des plus cruciales si nous prétendons encore à un avenir qui soit nôtre.
Légitimation explicite de la violence révolutionnaire…
Depuis la mort de George Floyd, la question des violences prend une place croissante dans la campagne présidentielle américaine.
Après avoir nié leur réalité, comme s’il s’agissait de « fake news », la majorité des médias cherchent à en faire porter la responsabilité exclusive à Donald Trump et ne les dénoncent qu’à cette condition. Cette stratégie est aussi celle de Joe Biden. Par ses provocations et son plaidoyer répété pour la loi et l’ordre, Trump susciterait l’insurrection. Il est caricaturé en autocrate fascisant, et certains démocrates, comme Nancy Pelosi, invitent Joe Biden à ne pas débattre avec lui pour contester jusqu’à sa légitimité.
Mais cette analyse laisse dans l’ombre les dérives du mouvement Black Lives Matters (BLM) et de ceux qui s’en réclament. Pourtant, les émeutes se multiplient, les scènes de pillage aussi. Comme on l’a vu à Chicago, ces dernières semaines, certains organisateurs de BLM les présentent comme des gestes de réparation nécessaires permettant aux Afro-Américains de récupérer les richesses dont ils ont été historiquement spoliés. Il ne faudrait officiellement y voir rien d’autre qu’une colère légitime contre le racisme intrinsèque de la société américaine. Mais ce qui se passe à Chicago n’est pas exceptionnel. Des événements violents de différentes natures se sont déroulés dans de nombreuses villes.
À Washington, on a vu des militants d’extrême gauche patrouiller dans les rues et s’imposer par dizaines de la manière la plus agressive qui soit à la terrasse des restaurants pour obliger restaurateurs ou clients à brandir le poing par solidarité avec BLM. On ne saurait traiter une telle scène comme un événement isolé dans la mesure où elle reproduit dans la vie civile une technique d’intimidation comme on en voit souvent sur les campus. Mais c’est à Portland que la situation semble devenir intenable. La frange extrême de BLM y fait régner la peur, défilant la nuit dans un quartier en klaxonnant et en hurlant des slogans agressifs sommant les habitants de se réveiller, démonstration de force et de souveraineté.
Il s’agit d’imposer un climat de révolution permanente qui se concrétise dans une occupation de l’espace public, prochaine étape après la destruction des statues. La plupart des grands médias s’entêtent à présenter ces violences comme des manifestations antiracistes. Complaisant lui aussi, le maire de Portland, Ted Wheeler, a accusé Donald Trump d’être à l’origine du climat de haine qui dévorerait le pays. Mais la Révolution, toujours, dévore ses enfants, et ceux qui cherchent à l’amadouer en minaudant finissent par se faire humilier. Lui qui tolérait, et même justifiait, les violences, a été évacué de son domicile après que des militants manifestant devant chez lui eurent jeté des débris enflammés sur son immeuble !
On ne saurait dissocier ces événements de la mouvance dite « antifa », qui bénéficie d’une fascinante complaisance de la part des élites politiques et médiatiques tenant à tout prix au grand récit d’une violence nécessaire ou défensive, pour tenir tête à l’extrême droite qui assiégerait le pays. La formule revient souvent avec une forme de perplexité surjouée : comment peut-on s’opposer à ceux qui s’opposent au fascisme ? On ne semble pas vouloir voir que le fascisme tel que se le représentent les « antifas » désigne globalement tout ce qui s’oppose frontalement à l’extrême gauche. Il en est de même du concept de « suprématie blanche », qui ne réfère plus au racisme version Ku Klux Klan, mais simplement aux normes civilisationnelles implicites à la société libérale.
Au cœur de la stratégie « antifa » se trouve une légitimation explicite de la violence révolutionnaire qui a pour fonction de créer un climat d’intimidation généralisé contre ceux qui s’opposent à leur idéologie. Mark Bray, universitaire et militant « antifa » lui-même, le reconnaît comme tel dans son livre L’Antifascisme : «Notre but devrait être que d’ici vingt ans, ceux qui ont voté Trump soient bien trop mal à l’aise pour le dire à voix haute. On ne peut pas toujours changer les croyances de quelqu’un, mais on peut évidemment les rendre trop coûteuses politiquement, socialement, économiquement et parfois même physiquement.»
On peut élargir la réflexion. Nos sociétés semblent incapables de prendre au sérieux la menace de l’extrême gauche, même quand elle affiche ouvertement son désir de faire table rase de la plus violente manière. Sont-elles inhibées et paralysées devant elle par leur surmoi progressiste, alors qu’elles sonnent sans gêne l’alarme contre le « populisme » ? Il est difficile de ne pas noter, dans les circonstances, que ces violences sont probablement la principale planche de salut d’un Donald Trump qui semblait condamné par sa gestion de la pandémie, et qui, d’un coup, prétend se présenter comme le représentant d’une volonté de ne pas céder devant une situation insurrectionnelle. ■
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
Le communisme est mort et sa place est dans les poubelles de l’histoire, mais l’ampleur de ses crimes est encore minimisée en occident et en France en particulier tellement la domination de la mouvance marxiste ou marxisante est encore importante dans les milieux intellectuels et médiatiques. Par contre, et les événements qui se déroulent aux USA en ce moment le montrent, l’utopie révolutionnaire de la subversion de l’ordre politique et social par la violence et la terreur est toujours aussi vivace. En France pour le moment nous échappons à ce risque mais il y en a un autre, sans doute encore plus pernicieux : l’entrée à l’assemblée nationale d’un ensemble de parlementaires gauchistes adhérant sans vergogne à l’idéologie indigéniste et racialiste et faisant de la lutte contre la prétendue islamophobie, thème islamiste s’il en est, un de ses chevaux de bataille. Au début des années 90, le leader trotskiste anglais Chris Harman écrivait un long article intitulé » le prophète et le prolétariat » dans lequel il prônait l’alliance des révolutionnaires occidentaux et des islamistes. Les islamolâtres français, les Obono, Mélenchon et autre Edvy Plenel sont tous issus du trotskisme. On voit Plenel faire des conférences avec l’islamiste Ramadan, Obono soutenir l’antisémite et islamiste présidente des Indigènes de la république, Mélenchon se rendre à une manifestation organisée par le collectif contre l’islamophobie, émanation des Frères musulmans, organisation fondée dans les années vingt par Hassan al Banna, qui quelques années plus tard deviendra un admirateur du fascisme italien et du nazisme. C’est la grande convergence du gauchisme et du fascisme islamique, perspective peut-être encore plus inquiétante, d’autant plus qu’elle est représentée à l’Assemblée nationale, que les troubles violents dans la rue. Rien ne nous dit que ces gauchistes n’approuveront pas bientôt ce que le président de la république appelle d’une façon bien pudique le séparatisme qui se développe dans les banlieues qui sont les territoires perdus de la France et qui n’est autre que le volonté de constituer des petites républiques islamiques sur notre sol. Plus inquiétante que les violences épisodiques commises par les antifas français dans les marges des manifestations des gilets jaunes est ce parti gauchiste indigéniste et racialiste qui peut faire entendre sa voix par le biais de ses députés, qui racole l’électorat musulman des banlieues, reprend des slogans islamistes.
Le temps aussi de réagir.