Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
On peut – pourquoi pas ? – avoir été choqué par l’image représentant madame Obono en esclave enchaînée et même avoir trouvé exagéré, voire caricatural, le récit qui l’accompagne.
On peut. On ne peut, en revanche, parler de racisme, la destinée de Danièle Obono n’étant pas, dans ce feuilleton de politique-fiction, d’être esclave parce que Noire. Il paraît ainsi probable, sinon évident, qu’en déposant plainte, Mme Obono instrumentalise l’affaire pour mieux éviter, voire discréditer, tout débat de fond sur l’uchronie proposée par l’hebdomadaire Valeurs actuelles.
Peut-être aussi s’est-elle sentie incapable de répondre par des arguments à ce que la rédaction de l’hebdomadaire qualifie de « fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIe siècle […] terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir. »
Mme Obono joue la carte de la victimisation et parle plus précisément, avec cette élégance dans le choix des mots qu’on lui connaît, de « merde raciste dans un torchon ». C’est un peu court, mais bien compréhensible vu sa proximité avérée avec cette mouvance indigéniste atteinte d’une diarrhée verbale (métaphore digne de Mme Obono) qui pue le racisme (« nique la France, nique les Blancs ») : des gens qui se repaissent de fantasmes puérils destinés à s’auto-valoriser et criminalisent de manière obsessionnelle un Occident blanc accusé de tous les maux et présenté comme seul responsable de la déchéance d’une Afrique idyllique et de l’esclavage. Ce qui est tout simplement faux (1). Prétendre le contraire relève d’une entreprise idéologique délibérée de falsification de l’Histoire. La vérité est que des Noirs ont vendu des Noirs et, par ailleurs, que la traite négrière la plus importante et la plus durable reste la traite arabo-musulmane.
L’Afrique pré-coloniale n’est pas le Wakanda – ce pays africain imaginaire, paradis perdu utopique, dont un journaliste béat écrit : « il est ce que le continent aurait pu être, ce qu’il aurait dû être et surtout ce qu’il peut être » (Emilio Meslet, L’Humanité, 28 août 2020) – et « Obono l’Africaine » en fait l’amère expérience dans la fiction de Valeurs actuelles. Mais Mme Obono, elle, a réussi son coup. Dans une quasi unanimité, bien suspecte, le personnel politico-médiatique a fait bloc pour la soutenir. Pensez donc : une femme, une femme noire, une femme noire « française » de fraîche date, une femme noire « française » de fraîche date élue de la République… Honte, scandale, indignation !
On n’a pas lu le texte, on truque la couverture de l’hebdomadaire, on justifie par avance toute réaction violente mais personne, ou presque, pour faire vivre un débat d’idées que, par malhonnêteté intellectuelle, les amis et soutiens de Mme Obono refusent catégoriquement aux cris de « racisme » : à quand le retour d’un tribunal révolutionnaire façon 1793 ?
Si on excepte ses alliés idéologiques traditionnels de gauche et d’extrême-gauche, tout à fait minoritaires, tous les autres sont en fait mus par la peur. La peur intellectuelle d’abord qui pousse à se rallier au consensus de la pensée unique, pour n’avoir jamais à se justifier de ne pas l’avoir fait, ce qui pourrait être nuisible notamment à une carrière politique ou médiatique. En effet, le mot « racisme » porte en lui-même condamnation. Celui contre qui on l’utilise sent le fagot. Pierre Ariette écrit fort justement : « Ce mot suffit à rallier tous les conformismes de la bien-pensance qui prône la repentance et la culture de l’excuse. » (Boulevard Voltaire, 2 septembre).
Plus prosaïquement ensuite, la peur physique. C’est au fond le syndrome de Charlie Hebdo. Les indigénistes font peur : ils pourraient bien, en effet, vu leur militantisme musclé, inversement proportionnel à leur compétence argumentative, privilégier la violence physique. Ceci n’est pas une vue de l’esprit. Ainsi, samedi 29, M. Behanzin, fondateur de la Ligue de Défense noire africaine (que ne dirait-on d’une éventuelle Ligue de Défense blanche européenne !) s’est introduit (il n’était pas seul) dans les locaux de Valeurs actuelles pour jouer les justiciers : il s’est contenté d’insultes et de rodomontades, mais peut-être reviendra-t-il un jour à la tête d’un commando armé…
Tout se passe désormais dans ce pays comme si, à nouveau, la parole de certains devait être interdite au seul motif qu’ils récusent des contre-vérités historiques ou encore parce qu’il leur serait tacitement interdit d’aborder certains sujets. L’objectif avoué des indigénistes, mais aussi de Mme Obono et de La France insoumise dont elle fait partie, est de faire museler tout journaliste ou organe de presse qui contredit leur vision fantasmatique de l’Histoire. Vu l’ampleur du soutien obtenu, cette affaire-là est en bonne voie.
Paradoxe et ironie de l’Histoire : cette attaque contre la liberté d’expression tant vantée par ailleurs survient au moment de l’ouverture du procès dit de Charlie Hebdo. ■
1. On lira avec intérêt sur le sujet l’ouvrage de l’universitaire Olivier Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières. Essai d’histoire globale, Gallimard, 2004.
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Madame Obono a réussi, en partie, a détourner le débat de la réalité de la traite négrière, en criant au racisme à son endroit. Mais, non seulement le débat est ouvert ou ré ouvert après plusieurs occultations, mais encore on peut s’interroger sur cette République qui produit de telles élues, qui insultent leur pays, de fraîche date, qui insultent la majeure partie de ses habitants, et refusent les symboles nationaux. La qualité du personnel politique de la République, et ce depuis 1789, est le meilleur argument en faveur de la Monarchie
Elle feint d’ oublier que si il y a eu des esclaves noirs, c’est parce que d’autres noirs les vendaient .En fait réveiller le passé pour ces gens là, c’est s’assurer une publicité et peut-être obtenir sans effort la rançon de la repentance des prétendus « bien pensant »
Je lis sur une page Facebook : « Les articles de ce niveau sont rares… ». Je souscris.
L’indigéniste Obono n’est pas une antiraciste comme elle le prétend, puisqu’elle est liée à l’antisémite présidente des Indigènes de la république. Elle est bien représentative de cette nouvelle extrême-gauche qui ne trouve plus dans l’idéologie marxiste sa source d’inspiration mais qui va la chercher dans des fantasmes racialistes et qui fait, en parfait accord d’ailleurs avec les islamistes, le procès de l’occident et du monde blanc accusé de tous les maux du monde. On verra, je suis prêt à le parier des rapprochements de plus en plus étroits entre cette extrême-gauche et la mouvance islamiste. Obono n’a-t-elle d’ailleurs pas refusé de condamner l’attentat contre Charlie Hebdo (ce qu’on pense de ce journal étant un autre problème), ne s’est-elle pas indignée de la liberté d’expression quand cette dernière visait l’islam. Cette extrême-gauche ne reprend-elle pas le thème typiquement islamiste de la » lutte contre l’islamophobie » voulant aussi établir un délit de blasphème au profit de l’islam ? Cette extrême-gauche apparaîtra de plus en plus pour ce qu’elle est, un facteur de subversion et de guerre civile. Ces gauchistes sont des factieux et leur impact électoral est tout à fait inquiétant. Obono n’aime pas l’occident, on peut alors lui recommander de retourner vivre au Gabon et ne nous dispenser de ses récriminations et de son ressentiment.