La brièveté de ces notules n’autorise guère à y introduire des nuances. Le lecteur, les sachants, nous corrigeront. Les commentaires sont ouverts !
■ Vendredi soir, sur CNews, Gilles-William Goldnadel et Julien Dray sont face à face. Censés s’opposer. Il s’agit des violences, du racisme antiblancs, des manifestations insurrectionnelles américaines, bref du délicieux climat où nous plonge notre époque notoirement « humaniste ».
L’émission s’appelle « Ça se dispute ». Mais on ne s’est pas disputé vraiment. Ni opposé. Étonnement. Ce n’est pas Goldnadel qui aurait mis de l’eau dans son vin. Il est resté ferme sur ses positions habituelles bien connues. C’est Julien Dray qui a surpris par sa combativité contre l’Islam politique, son patriotisme « républicain », sa condamnation des séparatismes, façon Macron, sa virulence contre Mélenchon et l’islamogauchisme, etc. Où va Julien Dray ? Est-il motivé par le poids de ses origines, la peur légitime de l’antisémitisme islamique ? La défense d’un moribond : le PS ? Des ambitions personnelles en gestation ? L’envie d’un « destin » ? Qui le sait ? On s’interroge. Énigme. De même, les deux débatteurs se sont demandé si le récent discours de fermeté « nationale » d’Emmanuel Macron relève d’une conversion ou du calcul électoral… Pour Dray, les deux sont possibles mais la vraie conversion n’est pas à exclure. Goldnadel n’a pas nié ou voulu nier la possibilité d’une conversion vraie. Il a toutefois ajouté qu’entre les deux hypothèses, il pencherait pour le calcul électoral, selon lui le plus probable. C’est toute la différence entre la gauche et la droite. L’une meurt d’espoir, l’autre de réalisme. Ou ce qu’elle croit l’être. Dray, Macron ? Calcul ou conversion ? Allez comprendre. C’est l’ère de l’énigmatique après que l’absolue transparence ait été sacrée reine des sociétés humaines.
■ Ce n’est peut-être plus tant de la « démocratie » que souffre la France actuelle, c’est plutôt, au sens qu’on va voir, de son effondrement.
À noter qu’il n’est pas question ici de remettre en cause la critique contre-révolutionnaire de la démocratie. Le cas de la démocratie française étant d’ailleurs très particulier parce que, par différence avec nos voisins, la République française s’est construite sur la haine et le rejet de tout ce qui, dans notre histoire de beaucoup de siècles, l’avait précédée. La « démocratie » dont nous parlons, qu’on redécouvre aujourd’hui avec mélancolie, c’est d’un côté, la participation des citoyens « d’en-bas » à la vie organique d’une société vivante, d’un autre côté leur assentiment au Pouvoir central en place. Ce que tout le monde appelle aujourd’hui – à la maurrassienne – le Pays Réel a été affaibli, bureaucratisé, découragé, acculturé, déraciné, fracturé, dégoûté par les atteintes multiculturelles à son identité et par l’invasion migratoire et ses dégâts. Et ainsi de suite. Quant à l’adhésion des Français aux institutions nationales, elle n’existe plus. L’assentiment populaire leur manque absolument. L’abstention domine les scrutins. Le mépris s’est abattu sur tout le Système. Tout le monde sait qu’Emmanuel Macron a été élu par une minorité de Français. Et lorsque l’actuelle Assemblée Nationale a tenu sa séance inaugurale, n’oublions pas que son éphémère président, François de Rugy, l’homme des homards, s’est cru obligé de déclarer l’évidente vérité : « j’attire votre attention sur le fait que pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, notre assemblée a été élue par une minorité de Français ». La démocratie s’est effondrée sur elle-même. Quant aux nouveaux détenteurs du pouvoir réel, les journalistes et les juges, les Français savent bien que ceux-là ne sont pas élus… Aux sens que nous venons de dire, serions-nous les derniers défenseurs de la « démocratie » ? Paradoxe ? Si nous nous sommes bien expliqués, la réponse est non.
■ Le communautarisme désormais appelé aussi « séparatisme » est au premier rang de l’actualité. Les deux termes y sont péjoratifs. Tentons d’être à la fois clairs et brefs. Pas nécessairement dans l’air du temps.
Qu’avons-nous à dire ? Qu’en tant que royalistes, attachés à l’école de la Tradition, nous n’avons pas à être contre le communautarisme, encore moins contre les communautés. Au contraire, nous regrettons leur affaiblissement, et, dans bien des cas, leur mort pure et simple. La communauté nationale s’affaiblit si elle perd sa constitution historique en communautés vivantes. Ainsi considéré, le communautarisme est positif, indispensable à la vitalité du tout. Le centralisme naturel de l’État se trouvera en tension avec la volonté de vivre des communautés. L’équilibre a été longtemps maintenu sous l’Ancien Régime, pour le bénéfice réciproque. Et ce n’est pas la périphérie, c’est le centre qui la abattu. (Une toute petite partie du centre).
Mais on l’aura compris : il est question ici des différentes communautés historiques françaises. Des communautés différenciées par la géographie et par l’Histoire mais de même civilisation, de même spiritualité et de peuplement européen. Le communautarisme ou séparatisme que le Pouvoir semble aujourd’hui se décider à dénoncer ne correspond pas à cette définition. Il met en mouvement des communautés allogènes qui ne peuvent tendre qu’au séparatisme ou à la domination. À la soumission du tout. Pour résumer, citons Boutang : « il y a place en France pour plusieurs communautés mais pas pour deux civilisations ». C’est dit. ■
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source .
Cela a le mérite de la clarté
Sur le premier point et l’évolution intéressante de socialistes – ici Julien Dray – il faut aussi citer François Pupponi, ex-maire de Sarcelles et toujours député de la 8ème circonscription du Val d’Oise. Il est vrai qu’il a affronté au 2ème tour législatif, Samy Debah, membre des « Indigènes de la République ».
La réalité finit par ouvrir ces yeux…