Par Gérard Leclerc.
Alors que l’on se dispute entre ministre de l’Intérieur et garde des Sceaux sur la réalité de l’ensauvagement d’une partie de la société, une information parue dans Le Monde est venue, comme on dit, percuter mes états d’âmes.
L’école militaire de Saint Cyr Coëtquidan, entendrait, selon le quotidien du soir, renforcer « l’épaisseur humaine » des officiers qui sont chez elle en formation. Un document préciserait le diagnostic qui est à la base d’une telle décision. Il y aurait un retard notable « dans le domaine de la maturité, tant dans l’exercice de l’autorité que dans la prise en compte des enjeux sociétaux ». D’où une insistance nécessaire en « combativité, autorité, intelligence, humanité », autant de qualités morales qui vont au-delà des techniques proprement militaires.
Mais ce qui vaut pour l’armée, dont on comprend qu’elle exige des hommes d’une belle densité, en fait de vertus et de capacités au commandement, au discernement, ne vaudrait-il pas aussi pour l’ensemble de la société et toutes ses instances de décision ? N’est-ce pas l’enseignement général qui serait à revoir, à l’heure où l’on déplore son incapacité à répondre à ses missions ? Il n’y a pas que les militaires à former à certaines disciplines peu en vogue en climat de ce que le sociologue Jean-Pierre Le Goff appelle « le gauchisme culturel ». Il faudrait peut-être revoir le contenu de ce qu’on appelle les sciences humaines afin de revenir à la richesse des humanités, de la littérature, de l’histoire, de la philosophie, et même de la théologie, si l’on ose briser un certain conformisme.
Oui, il faut d’abord de l’épaisseur humaine pour détacher toute une jeunesse de l’ensauvagement qui la menace. ■
Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 8 septembre 2020.
Publié sur JSF à 6h15