La brièveté de ces notules n’autorise guère à y introduire des nuances. Le lecteur, les sachants, nous corrigeront. Les commentaires sont ouverts !
■ Sur France Inter, Léa Salamé présente son livre d’entretiens, Femmes puissantes, qui vient de paraître. Sous la marque de France Inter, bien-sûr. En fait, c’est une reprise des entretiens d’une heure chacun qu’elle a réalisés pour « la grande chaîne publique » (ou privatisée ?) avec un certain nombre de femmes célèbres pour l’instant et sans conteste « puissantes ». Le livre suivra son destin.
En ouverture, Léa Salamé y donne un texte sur elle. Sur elle-même. Elle prétend ne l’avoir jamais fait avant et dit s’y livrer tout entière. On sent bien que là est si l’on peut dire le lieu sensible de l’ouvrage. Léa Salamé s’y raconte. Sa jeunesse orientale. Son flirt avec la tragédie : à Beyrouth, elle vit sous les bombes de la guerre interlibanaise, dans sa famille, une famille chrétienne de la grande bourgeoisie locale. Alors elle fuit les bombes beyrouthines. Mais elle est à New York le 11 septembre 2001… Flirt avec la tragédie, un élément de son destin ? Ne lésinons pas, alors pourquoi pas ? Léa Salamé revendique un « destin » ! Elle raconte encore son émancipation des codes familiaux orientaux très (trop) traditionnels, son intégration (enfin, la lumière) à la société parisienne branchée dont elle est vite une étoile brillante, son introduction à la radio, la première d’entre elles, s’entend. C’est évident.
Et la maternité qui l’a transformée. Vraiment ? On doute. On le sent bien, le recueil d’entretiens en soi-même est de bien moindre rang que cette introduction dont notre journaliste à destin est le centre. C’est évident. Son éditeur lui aurait dit : « là, si tu ne mets pas tes tripes sur la table, c’est raté ». Les tripes de Léa Salamé sur la table, est-ce que ce n’est pas là un destin ? Le sien, pas le nôtre, car nous n’imaginons pas la chose sans malaise. Sans dégoût, non pas tellement pour le spectacle et les objets ainsi évoqués, mais surtout pour le mauvais goût, la vulgarité d’un tel langage, d’un tel « parler ». Pas sa grossièreté, qui n’est pas forcément grave. Pas sa crudité qui peut être une qualité. Non, sa simple vulgarité. Et, tout compte fait sa médiocrité, qui, elle, reflète par définition, celle de l’époque. Vulgarité + médiocrité. Léa Salamé s’en croit, elle a, sous des airs d’humilité, une haute idée d’elle-même. Elle se trompe. Il nous revient à l’esprit que dans La Reine morte, Montherlant fait dire à Ferrante parlant de et à son fils : « En prison ! En prison pour médiocrité ». Léa Salamé n’est manifestement ni du monde de Montherlant ni de celui de Ferrante, qui sont d’ailleurs le même. Elle est – comme d’ailleurs son éditeur – du monde où l’on met ses tripes sur la table et où l’on s’imagine que c’est un « destin ».
■ Encore Léa Salamé. Elle est partout. A la Matinale de France Inter, en fin de matinée chez le pauvre Nagui, dans Bande originale, titre qui dit tout, puis encore dans l’après-midi. Qui sait s’il n’y aura pas en prime des rediffusions nocturnes ? Là, il est question de son activité professionnelle, de la Matinale – la plus écoutée de France, tout de même – des entretiens qu’elle y mène avec l’indépassable Nicolas Demorand. (On lui a proposé – à elle, Léa Salamé – la direction de la Matinale, qu’elle a refusée se sentant inférieure à la tâche…). Il est encore question de son objectivité – qu’elle revendique – compte-tenu de ses divers engagements de gauche libérale-libertaire. (Féminisme, multiculturalisme, multi-ethnisme, diversitaire, immigrationniste, antiracisme et tout ce qui s’en suit. Dont l’écologisme politique mais ce n’est pas un parti pris, c’est une évidence. Evidemment. Ah ! mais non, elle n’est qu’objective ! Elle détesterait être journaliste politique… Voyez-vous ça !
S’il est une évidence, c’est que nous sommes informés par une ou plusieurs bandes cooptées. Et gouvernés de même. Au nom, c’est évident, des valeurs de la République. ■
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