Cet éditorial de Vincent Trémolet de Villers est paru à la une du Figaro de ce matin. Il semble qu’une large majorité de Français accepte et même approuve les mesures annoncées. Fallait-il les prendre ? Ne pas les prendre ? Adopter l’attitude inutilement bravache de certains ou bien de soumission ? Vincent Trémolet de Villers ne tranche pas mais il marque les réserves qui s’imposent et la plus importante mise en exergue ici, celle que Pierre Manent a exprimée sur la nature même, le vide politique, du régime en place. Car l’accord des Français sur les annonces d’hier soir ne vaut pas aval de la politique du Système en place. Et ne plébiscite as l’action passée d’Emmanuel Macron. Sur ce plan, en tout cas, le divorce demeure. la méfiance réciproque est installée. Elle l’est, à vrai dire, depuis bien longtemps. Répétons-nous : Elle l’était bien avant que le virus malin ne vienne frapper la planète. Et elle l’est sur de nombreux sujets comme le mesurent les sondages. Sur la peine de mort, par exemple, le divorce est consommé et ce n’est pas la pérennisation des attentats terroristes et / ou anti-flics qui y remédiera. Sur la présence massive d’étrangers en France. Même remarque. Sur l’Europe encore depuis le traité de Lisbonne. Deux siècles de démocratie à la française, cela se paye. Les nuées du mondialisme aussi. Pour la lutte anti Covid, comme pour le reste.
« Désormais, le geste gouvernemental par excellence, c’est le confinement général ». Pierre Manent
Et le rideau sur l’écran est tombé.
Emmanuel Macron a prononcé le mot « couvre-feu » et avec lui ce qu’il porte de symboles historiques, de vie réduite, de tristesse collective.
Le chef de l’État l’a confié, il aurait voulu éviter cette extrémité, mais il fallait choisir la moins mauvaise solution. C’est le principe même de la tragédie. Les autorités sanitaires plaidaient sourdement pour des
confinements locaux, quand ce n’était pas un confinement national ; Macron a choisi de laisser les portes entrouvertes pour que continuent les écoles, les transports, la vie professionnelle, les cultes… Les institutions fondamentales de la vie commune. Puisque ce maudit virus repousse les
jours heureux à des dates très lointaines, la société de la distance (de la défiance ?) s’installe pour des mois. Les Français, dans leur grande majorité, vont supporter ce moindre mal. Mais dans les longues soirées d’automne, ils ne pourront s’empêcher d’égrener le chapelet des échecs : les
masques inutiles et obligatoires, les tests pour tous mais pour rien, l’application de traçage dont le Premier ministre ne connaît même pas le nom, les lits de réanimation qui manquent une fois encore, les soignants que l’on n’a pas su retenir, que l’on n’a pas su recruter… L’indiscipline des
Français a beau jeu ! C’est d’abord ce fiasco bureaucratique qui impose aux citoyens de rester chez eux.
« Désormais, le geste gouvernemental par excellence, s’inquiète Pierre Manent, c’est le confinement général. » Le chef de l’État n’est pas retourné à cette extrémité, mais il est légitime de s’inquiéter, non plus d’un recul, mais d’une réduction, installée, assumée, acceptée, de nos libertés. La sphère privée elle-même est coupable d’échapper aux règlements de l’État.
Qu’importe ! Il recommande d’ouvrir la fenêtre, approuve les promenades en plein air, compte le nombre d’assiettes à table… La police, quand elle ne sera pas confrontée aux artificiers de Champigny-sur-Marne ou aux agresseurs d’Herblay, devra surveiller et punir, après 21 heures, de
simples promeneurs, pourtant sagement masqués, sur la voie publique. Ce n’est pas une bonne nouvelle. ■