Article publié le 26 juin 2018 où était dressé un bref portrait de Donald Trump dans son rapport à l’Amérique et au monde, un an et demi après son élection. Sont intervenus depuis, le Brexit, l’aggravation de la crise migratoire en Europe et les fortes oppositions intra-européennes qu’elle suscite, les affrontements intérieurs franco-français de type, parfois, quasi insurrectionnels, la montée en puissance de la rivalité sino-américaine sur fond de néo-impérialisme chinois et de relatif déclin étatsunien, les crises orientales et l’expansionnisme turc en pleine renaissance, etc.
Réélu ou non, il nous semble que, de toute façon, Trump est ou aura été le symptôme d’une ère nouvelle, celle du réveil, sous toutes les formes possibles, y compris les plus dangereuses, de la volonté identitaire des peuples. Or, cette dernière ne dépend que pour une part, pas forcément la plus déterminante, de l’élection américaine de novembre. Surtout depuis que Trump a remarquablement remanié et verrouillé pour longtemps dans un sens conservateur la Cour Suprême des États-Unis,, le plus haut des pouvoirs institutionnels américains.
Par Gérard POL
Trump défraye la chronique et il est assez patent qu’il y prend plaisir. Ancien acteur de télé-réalité, on ne s’étonnera pas qu’il raffole d’être vu et entendu. On dit qu’il adore être seul contre tous. Si omnes, ego non*.
Désormais son théâtre est le monde. Il y parle fort et – ce n’est pas nouveau – la parole du président des Etats-Unis porte loin. Son langage est rude, cru, sans nuance, manichéen. Celui qui plaît à l’Amérique profonde. Et que l’on comprend au comptoir des saloons sauvages, où l’on boit, selon Brasillach, l’alcool de grain des hommes forts**. Trump a dû goûter de ce breuvage viril – dans les verres grossiers – plus souvent qu’à son tour et de l’énergie qu’il y a puisée il fait profiter son pays et le monde.
Il réenracine l’Amérique. Il restaure le vieux nationalisme américain et rompt avec l’humanitarisme universaliste de son prédécesseur. Il ne rêve sûrement pas d’un prix Nobel de la Paix, tel celui notoirement ridicule que le jury de Stockholm avait inconsidérément attribué à Barak Obama à l’orée de son mandat. De toute évidence, ce n’est pas le genre de rêve qui pourrait hanter le sommeil de Donald Trump. Pareil risque ne le guette pas.
Il renoue avec l’appétit américain de richesse, de puissance et de liberté. Entendons : La liberté de l’Amérique. « Pour être libre, dit Bainville, il faut être fort ». Telle est même la définition vraie de la liberté. Et Maurras dit quelque part qu’une liberté c’est un pouvoir. Ni plus ni moins. Trump le sait mieux que personne. Ses conseillers maurrassiens – Steve Banon, Stephen Miller … – n’auront qu’à lui confirmer ce qu’il a appris en naissant, comme l’Amérique profonde soudain réveillée par ce soudard capricieux qui siffle la fin du libre-échange. Il punit la Chine et l’Allemagne de leurs succès commerciaux qui ruinent l’Amérique, détruisent son industrie et ses emplois. Il déchire les traités. Il arrive au G7 canadien en réclamant à cor et à cri la réintégration de la Russie. Il déménage son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Il engage avec Kim Jong un, un processus de paix hautement improbable il n’y a pas six mois. Si son pouvoir se renforce à l’intérieur, demain, il se rapprochera de Poutine et, après-demain de Téhéran. Enfin – impardonnable transgression – il expulse les migrants … Il nous conseille d’en faire autant, nous reproche de n’en rien faire …
Donald Trump a torpillé le dernier G7 parce qu’il déteste ces grand-messes ridicules et vaines et parce qu’il préfère négocier pour le compte des États-Unis avec chaque partenaire pris séparément. Finies les décisions censément collectives. Fini le semblant de gouvernance mondiale où rien ne se décide jamais. Retour aux nations ! Après l’esclandre canadien, les futurs G7 ne seront sans-doute plus jamais comme avant… L’Amérique de Trump reprend sa liberté. Elle a les moyens de l’exercer. Les Etats-Unis sont forts.
Et Trump secoue l’Europe comme un prunier. Il lui dit ses quatre vérités. Il taxe son aluminium et son acier. Le secteur automobile allemand n’a qu’à bien se tenir. Angela Merkel n’ignore pas que Trump l’a en ligne de mire. Et Trump dit à l’Europe sa faiblesse et sa lâcheté. En matière de défense [au fait, contre qui ?] mais aussi en matière d’immigration. Que l’on y regarde bien : à sa manière Trump intervient dans les affaires européennes. Son America first n’est pas nécessairement synonyme de l’isolationnisme d’antan. Trump remue la pâte européenne. Il en discerne les failles, les tendances lourdes. La permanence des nations ne lui échappe pas. La volonté identitaire des peuples non plus. Il distribue blâmes et bons points en conséquence. Il jouera des divisions inter européennes. Au besoin il les attisera. Il en tirera pour les États-Unis tout le parti qu’il pourra. « Les nations n’ont pas d’amitiés, elles ont des intérêts ». Trump ne ménagera pas les nôtres, mieux vaut le savoir. Mais sa sympathie et – en un sens à prendre avec des pincettes – son soutien va, de toute évidence, à ceux qui refusent comme lui la submersion migratoire et le nivellement des identités. A ceux qui ne veulent pas mourir.
Certes, ceux qui ne veulent pas mourir, qui veulent rester ce qu’ils sont, n’ont pas encore partie gagnée. Mais on voit mal aujourd’hui comment le mouvement protestataire engagé dans toute l’Europe pourrait être stoppé. Il connaîtra des avancées et des reculs. Mais des deux côtés de l’Atlantique, le vent a tourné. Désormais, il souffle dans la direction des peuples qui ne veulent pas mourir. ■
* Devise de la Maison de Clermont-Tonnerre
** Le jugement des juges, Poèmes de Fresnes
Publication relayée sur les réseaux sociaux
Publié dans JSF à 7h45
J’ai beaucoup d’estime pour Donald TRUMP, nous sommes du même âge ( il est 1 mois plus jeune que moi et a mieux réussi).Il n’a pas recommencé une nouvelle guerre, il n’a pas eu d’affrontement avec la Corée du Nord, a réduit l’immigration ( 3/4 en moins) a redonné sa fierté à l’Amérique y compris aux ouvriers abandonnés par leur traditionnel soutien: le parti de l’âne
( démocrate), refusé la mort des enfants dans le ventre de leur mère, BON il a un défaut IMPARDONNABLE en démocratie: IL TIENT ses PROMESSES, ce qui est un comble dans un système électoral. Celà dit, il est et sera , je pense un Président pour les Américains et non pour nous.