Par Jean-Christophe Buisson*.
Quelques anecdotes de tournage qui participent de l’histoire du
cinéma. Quand il y en avait.
Le cinéma en salles est entre parenthèses, pour ne pas dire entre la vie et la mort ; il nous reste celui sur petit écran (plates-formes, DVD, VOD…). Mais aussi la mémoire de ses années glorieuses. Ou plutôt celle de ses coulisses et de ses tournages. À leur sujet, les anecdotes fourmillent, souvent croustillantes. Dans un livre * qui tient dans la poche sans la salir, Philippe Lombard en a recensé 300. Autant que de Grecs de Sparte résistant aux Perses durant la bataille des Thermopyles, donc.
Certaines sont connues, même si on ne s’en lasse pas : Alfred Hitchcock qui jette Tippi Hedren au milieu de vrais oiseaux en lieu et place des volatiles mécaniques promis ; la scène d’ouverture de huit minutes de Marco Polo, avec Alain Delon, qui met trois semaines à être tournée et coûte le budget de trois films (coulant par là même le projet et le producteur Raoul Lévy) ; Sergio Leone que la mort surprend alors qu’il vient enfin d’obtenir les autorisations pour faire son Il était une fois dans l’Est (le récit des neuf cents jours du siège de Leningrad, en 1941-1944), etc.
Où l’on apprend aussi que Francis Perrin a refusé de jouer le rôle du père de Vic dans La Boum (il trouvait le scénario et le film pareillement consternants) ; que Jean-Pierre Melville recala à un casting un étudiant américain des Beaux-Arts de Paris dont il était persuadé qu’il mentait sur sa nationalité (il s’agissait de Robert De Niro !) ; que Costa-Gavras faillit tomber en syncope en voyant à son arrivée en Italie que le titre de son film Z était devenu L’Orgie du pouvoir (rien à voir avec la choucroute, en effet) ; que le breuvage surprise avalé par Jean Lefebvre dans la scène mythique de la cuisine, dans Les Tontons flingueurs, était composé de cognac, de whisky et de poire (de quoi en avoir certes les larmes aux yeux…) ; que la Suisse est si peu cinéphile qu’en 1976, dans une gare du Valais, on pouvait donner ses valises à Al Pacino (Le Parrain, Serpico…) en le prenant pour un porteur, etc.
Bizarrement, les anecdotes sur les tournages des blockbusters
anglo-saxons tournĂ©s sur fond vert sont rares. â–
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* Hugo Image, 304 p., 12 € Â
* Source : Figaro magazine, dernière livraison.Â
Jean Christophe Buisson est Ă©crivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il prĂ©sente l’Ă©mission hebdomadaire Historiquement show4 et l’Ă©mission bimestrielle L’Histoire immĂ©diate oĂą il reçoit pendant plus d’une heure une grande figure intellectuelle française (RĂ©gis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est Ă©galement chroniqueur dans l’Ă©mission AcTualiTy sur France 2. Ses derniers livres, 1917, l’annĂ©e qui a changĂ© le monde, et Le Siècle rouge. Les mondes communistes, 1919-1989, (2019) sont parus aux Ă©ditions Perrin.
1917, l’annĂ©e qui a changĂ© le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d’illustrations, 24,90 €.
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Le Siècle rouge. Les mondes communistes, 1919-1989, de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 420 p. avec illustrations, 27 €.
Publié dans JSF à 4h16