Pierre-Yves Rougeyron revient ici, pour le Cercle Aristote, sur la géopolitique actuelle de l’Allemagne. (18.11.2020).
Cette géopolitique n’est d’ailleurs pas si « actuelle » que ça, puisque dès la fin de la première guerre mondiale et encore après la seconde, une convergence géopolitique germano-américaine n’a jamais cessé de se déployer, de même qu’une convergence d’intérêts et d’empathie ancienne germano-turque.
Les lecteurs de JSF, et plus spécialement des Lundis de Louis-Joseph Delanglade sont familiers de l’analyse que dresse ici Pierre-Yves Rougeyron, de même que les lecteurs et / ou les auditeurs réguliers d’Eric Zemmour.
À quelques éléments de langage près, nous sommes donc, en l’espèce, sur la même ligne que Pierre-Yves Rougeyron.
L’Allemagne veut-elle nous tuer ? Au sens littéral, évidemment non. Elle veut simplement nous dominer et par là dominer l’Europe avec l’appui et la bénédiction des Etats-Unis d’Amérique. Sa volonté de puissance ne s’affirme plus par les armes et par la guerre mais par l’industrie et par l’Argent. Moins nain politique qu’il n’y paraît, elle s’appuie, pour garantir et pérenniser sa position européenne dominante, sur les deux axes principaux dont il est ici question.
Est-il pertinent de lui en faire reproche ? C’est, selon nous, moins sûr. Il ne tenait qu’à nous de maintenir et développer une industrie, une agriculture, une économie françaises puissantes, comme l’avait fait la France dans les années 1960 à 1990, plutôt que de les délocaliser, de les brader, ou de les ruiner. Il ne tenait qu’à nous – et cela vaut pour l’actualité – de constituer les axes qui correspondraient à nos intérêts profonds et sans-doute à ceux d’une Europe qui se voudrait européenne au lieu d’atlantique. Notamment avec la Russie, la Mitteleuropa, la Grande-Bretagne. La France a choisi l’idéologie et les chimères plutôt que la Realpolitik. Elle le paye au prix fort.
Le fond de toutes les analyses géopolitiques réalistes d’aujourd’hui trouve de fait sa source dans les analyses maurrassiennes, notamment dans Kiel et Tanger, et bainvilliennes au fil de trente années d’articles et de quelques livres essentiels.
L’intérêt de cette vidéo est que Pierre-Yves Rougeyron y donne, en à peine un peu plus de 8 minutes, une remarquable synthèse de la situation actuelle, observée à l’aune du réalisme politique.
C’est pourquoi nous la mettons en ligne sur JSF et pourquoi nous recommandons de l’écouter.
A la réflexion bien vue de « Je suis Français » j’ajouterais ces quelques réflexions :
Pierre-André Rougeyron est un analyste brillant, qui défend avec sincérité et passion la France et sa souveraineté, ce qui est à son actif, mais comme héritier du Général Gallois il fait une fixation sur l’Allemagne, qui ne nous a pas lâché depuis notre catastrophique déclaration de guerre à La Prusse -pour rien- en 1870 , tombant dans le piège par aveuglement suite au mythe napoléonien.
Nous ne pouvons-pas nous définir contre un pays , même si nous avons des intérêts légitimes , on se définit par ce que nous sommes et proposons dans le concert des nations, sans en exclure aucune. P.A. R aurait pu citer » Kiel et Tanger. » ( comme le remarque le commentaire, ) le refus de la tentation on impériale à laquelle a succombé l’Allemagne après … nous !
Contrairement à nous l’Allemagne n’a pas encore trouvé son point d’équilibre national acquis par nous dans le passé, même si aujourd’hui elle connait la même dissolution de son être, de ses traditions, dans la mondialisation.
Mais ne nous cachons pas aussi nos défaillances ? Est pas l’Allemagne, qui a savamment détruit l’école en France, le rayonnement du savoir, la fierté justifiée de notre langue , de l’effort millénaire « labore et ora’ qui avait pénétré toutes les couches de notre le pays : .tous ces jeunes aujourd’hui qui parfois le haïssent, sont nos enfants abandonnés à ce désastre. ( Qui a livré cet enseignant à son assassin ?) . Ce qui a détruit l’éducation nationale, c’est la bataille culturelle abandonnée par de Gaulle délaissant la patiente transmission au profit du verbe, l’université au marxisme et aux idéologues ; La suite est connue dès 68. Ce n’est pas l’Allemagne qui a mis en place la « French Theory » , qui nous est revenue comme un boomerang des E.U. pour nous enseigner la culpabilité de l’homme blanc voué à un racisme institutionnalisé, qui s’exprime au grand jour ( ce phénomène a été analysé par PA Taguieff, ) et qui aussi opéré la destruction de tout repère familial qui fonde une société. Est-ce l’Allemagne qui nous donné des magistrats ( trop souvent) sous influence, qui de facto interdisent toute expulsion méritée et favorise une immigration incontrôlée ? . Est-ce encore l’Allemagne qui a affaibli notre démographie et donné tort à Sauvy ? . Tous ces phénomène de décomposition, elle les subit aussi de plein fouet .
IL y a aussi une Allemagne conservatrice, ( donc anti-hitlérienne) qui a peine à émerger, cherche difficilement, sa voie, mais avec laquelle nous avions quand même un passé commun, la peinture Rhénane, la musique religieuse ou non, les monastères, Édith Stein, Joseph Ratzinger, la culture aussi, souvent enracinée dans le christianisme , que nous ignorons. Qui l’a diabolisé chez nous empêchant l’Europe de se retrouver, de se fonder autrement ? Avons -nous réagi contre Chirac ? Enfin, on ne peut pas reprocher à l’Allemagne ( comme cela a été déjà dit, !) de s‘être remis en ordre de marche pour son agriculture et son industrie alors que nous avons abandonné notre agriculture et laissé notre tissu industriel mal en point..
Quelques soient les reproches justifiés qu’on peut faire à l’Allemagne ou à son gouvernement, et à sa classe politique , otages- entre autre- de sa population turque , balayons aussi devant notre porte, commençons par pointer nos propres manquements à notre vocation millénaire, ce que fait d’ailleurs fort bien P.A.R., et ensuite disons à L’Allemagne ce que nous voulons.
Enfin on ferait bien aussi de relire « Achever Clausewitz « de René Girard et de voir que notre combat est aussi avant tout culturel et pas seulement géopolitique.