La disparition de Daniel Cordier, originellement royaliste, maurrassien, d’Action Française, puis résistant et Compagnon de la Libération, replonge l’opinion française dans l’histoire des diverses formes que prit la résistance française après l’effondrement de 1940, donc dans l’histoire de la Résistance elle-même, de son refus héroïque de la défaite, mais aussi, par delà le mythe, de ses ambiguïtés, de ses controverses, de ses luttes intestines où, au fur et à mesure que se rapprochaient les perspectives de la Libération, les luttes partisanes de naguère reprenant leur cours et ranimant les ambitions anciennes, avaient tendance à supplanter le pur patriotisme qui en était le fondement originel.
Daniel Cordier nous semble avoir été essentiellement animé de ce dernier et c’est pourquoi, sans-doute, un hommage unanime lui est rendu au jour de sa mort.
L’hommage de l’Action Française sur les réseaux sociaux
LL’éditorial du Figaro de ce samedi matin signé d’Etienne de Montety
Le courage et la fidélité
Ils étaient 1 038 : ils s’appelaient les compagnons de la Libération, cette phalange créée par le général de Gaulle pour distinguer ses fidèles, les Passy, Leclerc, d’Estienne d’Orves, et les résistants de l’intérieur, au premier rang desquels Jean Moulin. Son secrétaire, Daniel Cordier, fut l’un des plus jeunes décorés de l’Ordre. Parvenu à l’âge de 100 ans, il en était le chancelier honoraire depuis 2017.
Pour les passionnés d’histoire contemporaine, cet homme à l’allure longtemps juvénile était une figure caractéristique du siècle. Fils de la bourgeoisie française, il racontait que c’est son beau-père maurrassien qui l’avait envoyé à Londres, persuadé qu’il y retrouverait, parmi les premiers à poursuivre le combat contre le nazisme, la droite et notamment les dirigeants de l’Action française, depuis si longtemps opposée à l’Allemagne hitlérienne. Autour du Général, à Carlton Gardens, Cordier côtoiera des royalistes et des « gens de toutes sortes », prenant conscience de la complexité de l’époque, rendue plus confuse encore par la défaite, et – partant – de la singularité de l’engagement résistant. Il s’y jettera avec une intrépidité inouïe.
Son grand homme, c’était Moulin. Après la guerre, Cordier sera aux avant-postes pour défendre et illustrer la mémoire de « Max », de « Rex », son patron attaqué, suspecté. À la Libération, les dissensions de la Résistance n’ont pas attendu longtemps pour resurgir. L’unité, qui doit être une vertu de temps de guerre – Moulin l’avait éprouvé dans la difficulté -, est rarement une vertu de temps de paix.
Au fil des décennies, la disparition des Compagnons fit de Cordier un personnage central : il était devenu un témoin autant qu’un historien.
Aujourd’hui il n’est plus, et, avec lui, c’est une part de la grande geste de la France libre, née à Londres, sublimée par les détenus du fort Montluc et les fusillés du Mont-Valérien, et exaltée plus tard par le Chant des partisans, par l’oraison de Malraux au Panthéon, et par L’Armée des ombres de Kessel et de Melville, c’est une leçon de courage et de fidélité pour les temps présents qui entre dans l’histoire. ■
Maquette – Mise en page – Captures d’écran – Cadrages © JSF
Qu’ajouter !!! On prête au Général ce mot glaçant qui nous en dit tant sur l’époque : « À Londres, j’attendais de voir arriver Maurras, Daudet et le Comte de Paris ; et j’ai vu arriver des Juifs et des franc-maçons ».
Heureusement il y a eu des Cordier, des Bénouville et bien d’autres…
Qu’est-ce que le royalisme a raté, à l’époque ! Si au lieu de bêler avec le pauvre Pétain, nos maîtres avaient eu la lucidité nécessaire !…
Je n’ai jamais compris pourquoi Charles MAURRAS n’avait pas rallié l’Afrique du Nord, où l’AF était bien implantée à Alger. Ou éventuellement, la solution la moins mauvaise, rejoindre l’Espagne. Cette idée était stupide en Mai 1940, par contre après l’invasion de la Russie, l’entrée en guerre des E.U., puis l’invasion de la zone libre, c’était clair les Allemands et leurs collaborateurs ne POUVAIENT PLUS GAGNER.
Au minimum, après le 11 novembre 1942 et l’envahissement de la « Zone libre » le journal aurait dû cesser de paraître. Certains des articles de Maurras qu’on nous lancera à la figure datent de la fin de la Guerre, d’ailleurs.