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Un moment avec Goldnadel est presqu’assurément toujours un bon moment. Intelligence pétillante et acérée, expressions heureuses, lucidité de l’avocat qui ne s’en laisse pas conter, fût-ce par son client, et enfin, sans qu’il oublie jamais de mentionner ses origines, un attachement profond à la France, qui ne se limite pas à la République. A la France, donc. A cette aune-là, on ne peut qu’approuver. [FigaroVox 23.11]
Sans vouloir attenter au secret de la correspondance auquel je tiens comme tout à chacun, je voulais vous faire part de la teneur des courriers que j’ai tenu à adresser à des gens qui voudraient passer pour gentils et qui souvent y parviennent, du moins dans le monde virtuel de la gauche médiatique.
J’ai adressé la première de mes lettres ouvertes à l’ancien président Obama, véritable chouchou du Monde et du New York Times réunis, et dont la lecture des mémoires que paraît-il on s’arrache m’a inspiré des sentiments pour le moins mélangés, touchant au portrait qu’il a cru devoir faire de notre Sarkozy: «Monsieur le Président et ,si j’ose, cher Barack, je sais bien que les personnalités politiques de droite peuvent être moquées impunément. Le président honni des États-Unis jusqu’en janvier en est le témoin vivant. Avant lui Charles de Gaulle, Ronald Reagan et Margaret Thatcher ne peuvent plus témoigner de la manière dont ils furent maltraités, l’Histoire leur a cependant largement rendu justice.
Mais tout de même, vous avez une drôle de manière de traiter Nicolas Sarkozy. Je vous cite:
«Sarkozy était tout en emportements émotifs et en propos hyperboliques. Avec sa peau mate, ses traits expressifs, vaguement méditerranéens (son père était hongrois, son grand-père maternel juif grec), et de petite taille (il mesurait à peu près 1,66 m mais portait des talonnettes pour se grandir), on aurait dit un personnage sorti d’un tableau de Toulouse-Lautrec. Les discussions avec Sarkozy étaient tour à tour amusantes et exaspérantes, ses mouvements perpétuels, sa poitrine bombée comme celle d’un coq nain».
En dehors du fait que vous êtes autrement plus délicat dans votre «Une terre promise» avec le sultan ottoman Erdogan que vous trouvez «cordial» et «attaché à la démocratie»! qu’envers le quart de petit juif grec, mon imagination est impuissante à décrire les réactions de votre New York Times ou de mon Monde, si par extraordinaire l’ancien président français s’était hasardé à railler votre physique jusqu’à vous tenir pour infirme tout en soulignant vos origines ethnico-religieuses.
Très respectueusement vôtre.».
Toujours estomaqué par la manière particulière dont l’homme de droite Sarkozy était traité, j’ai adressé ma seconde missive publique à l’actuel représentant du Syndicat de la Magistrature.
Ce syndicat a en effet cru devoir adresser le 20 novembre écoulé un courrier au Conseil Supérieur de la Magistrature pour dénoncer «une forme de pression inacceptable et intolérable» sur les magistrats instructeurs émanant de l’ancien président actuellement poursuivi. Ce dernier, en sa seule qualité de justiciable, et après que son principal accusateur Takkiedine soit revenu sur ses accusations le concernant dans l’affaire libyenne, a dit tout le mal qu’il pensait de cette procédure diligentée à son encontre et de la méfiance que lui inspiraient les magistrats poursuivant.
C’est donc dans ce cadre dénué de toute aménité particulière que le syndicat de magistrats a cru y voir «une atteinte à l’indépendance des juges d’instruction spécialisés en matière économique et financière». Saisissant ma plume après l’avoir trempé dans une encre, j’en conviens, assez encolérée, j’écrivais au représentant syndical et magistrat ce passage que je reproduis un peu édulcoré:«J’ai beau savoir que l’indécence et l’inversion des rôles était dans l’ADN de l’extrême-gauche, je ne soupçonnais pas que vous puissiez trouver l’audace d’en remontrer encore en matière d’indépendance judiciaire. On n’est nullement obligé d’apprécier Nicolas Sarkozy. Ni l’homme ni son style. Ni la manière dont il a exercé le pouvoir. Nul n’est contraint de lui accorder le bon Dieu sans confession.
Je n’ai pour ma part jamais rencontré notre créateur et les confidences que j’ai reçues de mes clients qui ne sont pas tous des saints estampillés, je les garde pour moi. Mais le syndicat de magistrats que vous représentez était la dernière organisation qui pouvait se permettre d’écrire au Conseil Supérieur de la Magistrature touchant l’indépendance des juges en général et Nicolas Sarkozy en particulier. Je ne suis pas le plus mal placé pour devoir vous rappeler ce que vous semblez avoir curieusement oublié.
Sur votre Mur des Cons qui fera date dans l’histoire de la dépendance politique et idéologique de la magistrature que vous représentez, vous avez punaisé Nicolas Sarkozy au milieu de personnalités politiques que vous détestez et de parents de victimes assassinées. Nicolas Sarkozy et certaines autres personnalités politiques épinglées sur votre panneau syndical, que j’ai l’honneur de représenter, ont parfaitement raison de ne pas se sentir en sécurité, si, par un hasard funeste, ils se retrouvaient dans le cabinet d’instruction ou poursuivis par des magistrats appartenant à votre organisation, quand bien même ils n’auraient strictement rien à se reprocher.
Que vous ayez pu dans ces circonstances, et bien que votre prédécesseur ait été condamné par un arrêt à l’encontre duquel il s’est pourvu, oser vouloir donner une leçon d’indépendance à l’un de vos épinglés, représente un exploit inatteignable sur l’échelle de l’audace. Veuillez croire à mes sentiments vraiment impressionnés».
Ma dernière lettre très ouverte a été adressée en poste restante à un certain Yann, dont j’ignore le patronyme, mais dont je sais qu’il officie pour la communication de la maison «Décathlon» qui commercialise comme chacun sait les articles destinés aux sportifs ou à ceux qui voudraient tenter de conserver la forme comme l’auteur de ces lignes. C’est dans ces conditions que j’ai été conduit à faire la connaissance du précité qui twittait le 20 novembre à 18 heures 04:
«Bonjour, en effet nous avons retiré nos publicités de C News en cette fin d’année. Bonne fin de journée, Yann.»
Je reproduis ci-après pour mes lecteurs partie du gazouillis que j’ai été conduit à adresser lorsque j’ai compris que Décathlon avait cédé aux pressions de ces Géants Endormis qui sont censés traquer tous les «discours de haine» selon la haute idée que ces activistes gauchistes bas de plafond se font de la détestation.
«Très Cher Yann de chez Décathlon, vous pourriez peut-être regretter bientôt votre message. Quand, après les fêtes de fin d’année et le boycott insensé d’une télé au mépris de la liberté d’exprimer, vous ferez les comptes des hidjabs athlétiques et des burkinis aquatiques que vous vendez et des baskets qui vous resteront sur les bras, il se pourrait que le coureur de Décathlon connaisse le sort de celui de la bataille de Marathon.
Bonne fin de journée.». Rien de tel qu’un courrier bien senti pour commencer son lundi. ■
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon.
Gilles-William Goldnadel
Mise en ligne sur JSF à 6h45
Commentaire, illustrations, mise en page © JSF
Bien frappé, bien envoyé, bien agressif, comme il le faut.
Le boycott de Décathlon ne se discute pâs : il doit se diffuser ! Chers lecteurs de JSF, diffusez cette exigence de boycott sur tous vos réseaux, sur toutes vos listes d’amis, sur vos carnets d’adresse ; pensez à la vieille grand-mère qui envisage d’offrir pour Noël un maillot, une trottinette, une combinaison de surf, un ballon à ses petits-enfants.
PAS UN SOU POUR DÉCATHLON !!!