L’exemple éthiopien montre une fois de plus qu’en Afrique, l’économie est secondaire dans le déclenchement des évènements, l’essentiel étant à l’évidence l’ethnie.
L’ethnie qui, certes n’explique pas tout, mais sans laquelle rien ne s’explique…
En effet, dans ce vieux pays, depuis 2005, la croissance est de plus de 7% par an et le revenu par habitant a été multiplié par 3. Les observateurs annonçaient même que l’Ethiopie allait franchir un cap dans le développement. Or, en dépit des courbes économiques ascendantes, le pays est au bord de l’éclatement. Pas pour des raisons socio-économiques, mais parce qu’un grave conflit de pouvoir oppose ses quatre principaux peuples, les Oromo, les Amhara, les Tigréens et les Somali.
Mise en sommeil durant deux décennies sous la poigne de fer du Premier ministre tigréen Mélès Zenawi, la question des nationalités s’est brutalement réveillée après sa mort survenue en 2012.
Or, si l’équilibre n’est pas trouvé entre ses peuples, l’Ethiopie éclatera, parce que la démocratie du «one man one vote » donne le pouvoir aux plus nombreux. Or, devenus minoritaires, les Amhara et les Tigréens, peuples des hautes terres qui dominaient traditionnellement ceux des basses terres, à savoir les Oromo et les Somali, ont automatiquement perdu la bataille de l’ethno-mathématique électorale. Comme partout en Afrique, les mêmes causes produisent donc les mêmes effets. Mais en plus de cela, Amhara et Tigréens, pourtant peuples « cousins », se combattent et les seconds dont la moitié du territoire se situe en Erythrée (voir la carte à l’intérieur de la revue) menacent de faire sécession.
En plus de cela, à tout moment, l’aviation égyptienne peut faire sauter le barrage éthiopien qui va dramatiquement faire baisser le débit du Nil. Pour l’Egypte, c’est une question de vie ou de mort comme nous l’avons montré dans le numéro 119 de l’Afrique Réelle.
Le 28 novembre 2017, en voyage officiel au Burkina Faso, Emmanuel Macron déclara : « D’ici à cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique ». Le 17 novembre 2019, à Dakar, fut donc remis le « sabre d’el-Hadj Omar » au président sénégalais Macky Sall – d’ethnie toucouleur comme el-Hadj Omar -, par le Premier ministre français Edouard Philippe.
Or, la remise de cette arme qui, soit dit en passant, n’a rien d’africain puisqu’il s’agit d’un sabre d’infanterie de l’armée française modèle 1821 forgé à Kligenthal, en Alsace, honore la mémoire d’un conquérant « sénégalais » qui mit en coupe réglée et vendit comme esclaves les ancêtres de 90% de la population de l’actuel Mali… et d’une partie de celle du Burkina Faso… La remise suivante a porté sur la « restitution » au Bénin d’objets ayant appartenu à ses souverains esclavagistes, ce qui n’aura pas manqué de satisfaire les descendants des peuples qu’ils capturèrent pour les vendre aux négriers européens…
L’on ne peut qu’être « pantois » devant l’ignorance historique des petits marquis qui « conseillent » le président Macron. ■