PAR PIERRE BUILLY.
Article paru dans JSF n°39 de février 1981 sous le pseudonyme « Vincent Dufrêne » choisi par prudence, à quelque temps de mon affectation dans l’appareil d’État, et reprenait le nom de jeune fille de ma grand-mère paternelle tandis que Vincent est un prénom bien spécifiquement provençal.
Comme vous avez raison, Boutang, de viser bas ! Comme vous avez raison de décortiquer chaque texte, chaque mot de l’actuel Président de la République et d’y trouver imparablement la triple marque infamante que vous ne cessez de dénoncer tout au long d’un admirable petit livre, bruissant de l’allégresse du combat : marque du menteur, du pourrisseur, du fossoyeur.
Comme vous avez raison de traquer la moindre faille du discours, de ne pas pardonner le moindre écart. Surtout, comme vous avez raison de ne pas laisser subsister le moindre doute, de suspecter les apparences les moins déshonorantes ! Tout ce que cet homme dit, tout ce que cet homme fait, tout ce que cet homme touche semble immédiatement — est immédiatement — atteint de gangrène. Le moindre haussement de ses sourcils nous ramène au cloaque.
Viser bas, chez Boutang, comme vous l’avez si bien vu, c’est atteindre d’entrée le centre de gravité du régime, placé si près du sol, si près de la boue, si près de l’égout qu’il en vient à se fondre en eux.
Viser bas, c’est immédiatement trouver le point névralgique de cette « tyrannie molle, à bras et face de poulpe » qui depuis près de sept ans englue notre France royale et chrétienne.
Viser bas, c’est, finalement, regarder en face, droit dans les yeux cet homme pour lequel aucun royaliste, aucun nationaliste ne pourra, sous aucun prétexte et contre qui que ce soit, voter au printemps prochain.
Car enfin, on ne nous refera pas, une fois de plus, le coup de la patrie en danger ! On ne nous fera pas lui donner une seule voix par peur de la gauche ! Qu’est-ce que ça peut bien nous faire si Mitterrand, au pouvoir, nationalise quelques groupes industriels qui ont bâti leur fortune sur la peine des ouvriers français et se dépêchent d’investir à l’étranger pour préserver leurs immenses bénéfices ? Qu’est-ce que ça peut bien nous faire qu’Attali s’occupe de l’économie en lieu et place de Barre ? Croyons-nous vraiment que l’inflation et le chômage seront plus élevés ? Qui a fait voter la loi sur l’avortement, sinon Simone Veil, sinon le Président de la République ? Qui culpabilise et ridiculise les femmes qui veulent rester chez elles pour élever leurs enfants, qui trouve grotesque le lancement d’une politique nataliste, sinon Monique Pelletier, sinon le Président de la République ?
Qui cède sans arrêt aux exigences des deux superpuissances, qui confond non-alignement – c’est-à-dire refus des ingérences à la fois soviétique et américaine, pouvoir de dire non – et neutralisme – c’est-à-dire empressement à dire oui -, qui, sinon le ministre des Affaires Etrangères, sinon le Président de la République ? Qui élabore une loi « Sécurité et Liberté » aux remugles douteux, applaudie par les bien-pensants parce qu’elle leur paraît vigoureuse, mais qui pourrait fort bien se retourner contre eux si le régime continuait à se muscler, sinon Alain Peyrefitte, sinon le Président de la République ? Qui fait donner la Marine nationale contre les pêcheurs français, coupables de vouloir vivre et de s’opposer à l’envahissement du marché national par l’étranger, sinon feu Joël Le Theule, sinon le Président de la République ?
Croyons-nous vraiment que Mitterrand au pouvoir aurait fait pire ? Au moins les choses eussent été plus franches, plus nettes, plus claires. Il n’est pas sûr que le bilan aurait été aussi lourd.
Car l’aspect à proprement parler monstrueux du septennat n’est pas dû à de mauvaises décisions prises en période de crise économique, à l’inexpérience, ni même à la futilité, à la légèreté bien connues du Président. L’on peut pardonner des choix erronés, la loi Faure au général de Gaulle, l’envahissement du béton à Georges Pompidou, comme, sous l’Ancien Régime l’abandon du Canada à Louis XV, le choix de Necker à Louis XVI. Plus que tout autres, nous savons, royalistes, qu’aucun régime n’est parfait, qu’aucun homme n’est à l’abri des erreurs.
Mais on ne- peut absoudre une volonté délibérée, réfléchie, permanente de nuire. Une volonté de placer notre pays sous la coupe ignoble d’un parti-pris. Ce parti-pris, c’est tout ce que nous dénonçons, tout ce que nous haïssons : la petitesse, la mesquinerie, l’hypocrisie, la frivolité, la tiédeur : c’est l’économisme, le rationalisme économiste. C’est la volonté de gérer la France comme une société anonyme, de considérer tout acte sous le rapport du bénéfice — au sens financier du terme — que l’on peut en tirer. De là naît la passion européiste — suscitée par l’orgueil et l’ambition d’être un jour le premier Président des Etats-Unis d’Europe, confortée par la conviction stupide qu’on est plus fort à dix que tout seul —. De là éclate la phrase aberrante qui prévoit que l’influence française n’atteindra que un pour cent en l’an 2000, puisque notre population n’aura que cette importance.
Médiocrité intrinsèque du personnage, caractérisé par une inculture prodigieuse, un goût à la fois puéril et pervers pour l’approbation féminine — qu’on veuille bien considérer le rôle si démesuré en regard de leurs mérites qu’ont joué depuis le début du septennat Simone Veil, Françoise Giroud, Monique Pelletier, Christiane Scrivener, Alice Saunier-Séïté, voire Nicole Pasquier, Annie Lesur ou Hélène Dorlhac — des amitiés scabreuses avec Mobutu, Bongo, Gierek ou Bokassa, une faculté angoissante de répondre, de semer sur son passage scandales et assassinats — Jean de Broglie, Robert Boulin, Joseph Fontanet.
C’est que sa vision même du pouvoir, son approche de la France, qui est celle d’un conseil d’administration, délibérément ou non rejette toute transcendance, évacue tout caractère sacré. La page de Boutang est forte et belle qui dresse un parallèle accablant entre le Roi de France et le monocrate de l’Elysée, et se relie ainsi à un de ses plus forts essais, Reprendre le Pouvoir. L’actuel Président de la République s’est d’ores et déjà placé hors de toute légitimité, légitimité qui n’est conférée ni par le vote majoritaire, ni même par l’adhésion unanime de l’opinion publique, mais bien plutôt par la perception et l’accomplissement des volontés profondes de la Nation.
Fasse le ciel qu’il ressente une fois, une seule fois dans sa vie cette aspiration qui sourd de toute la terre française et qui lui demande de s’en aller.
Il faut qu’il parte ■ Vincent Dufrêne
À paraître, un autre article de Pierre Builly dans Je suis Français, n°29 de mars 1980, à propos de la Lettre ouverte au colin froid de Jean-Edern Hallier. Naturellement, le colin froid et le foutriquet sont la seule et même personne, c’est-à-dire Giscard.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Je jure l’avoir vu et entendu à la télé; jamais, pourtant, quiconque m’a dit l’avoir, lui aussi, vu. Peut-être un de vos lecteurs…
Conf’ de presse au palais de l’Elysée. Une question vient de la salle à propos de la sécurité sociale.
Foutriquet: « monsieur untel, vous m’avez posé la même question la dernière fois…Je m’en souviens très bien…je portais la même chemise »
Pourquoi pas le slip et les chaussettes?