Voici une vidéo d’un débat ancien (1989) entre Stéphane Bern et Jean-Michel Blanquer, qui permet surtout de mieux connaître Blanquer en son origine (Bern on connaît).
Nous n’entrerons pas dans la discussion sur la pertinence des arguments avancés par Stéphane Bern : la monarchie par l’exemple des monarchies étrangères. D’abord pour la simple raison qu’elles sont étrangères et correspondent à des traditions qui sont propres à l’histoire, aux réalités, de leurs pays respectifs où les équilibres sociaux, politiques et institutionnels diffèrent de ce qu’ils ont été et sont encore en France – où ils sont en général assez mal connus et peu pris en compte. C’est donc, en second lieu, une monarchie à la française qui pourrait être réinstaurée en France, monarchie dont les formes dépendraient en outre, nécessairement, des conditions qui appelleraient un tel renouvellement institutionnel. De ces dernières, à ce jour, nous ne savons rien.
Cette vidéo permet surtout de mieux connaître Jean-Michel Blanquer en son origine (Bern on connaît). Son discours en trente ans n’a guère changé. Il s’abreuve aux sources traditionnellement capables, comme l’expose Alain Bauer, de « produire du contenu ». Qu’hier comme aujourd’hui Blanquer, devenu ministre de l’Education Nationale, ressort en toute occasion avec application, sans grande liberté ni originalité de pensée. Comme si, en trois décennies, rien n’avait changé.
En trente ans, pourtant, si la monarchie ne s’est pas réalisée, le crédit populaire du régime en place, de ses hommes et de ses structures, voire de ses bases idéologiques façon Blanquer, s’est notoirement dégradé. Au point que l’on peut s’interroger sur ses possibilités de survie à court ou moyen terme. Les valeurs républicaines ne font plus recette. Leur rappel incessant, comme si on les sentait menacées, lasse et agace les Français, qui se mettent à les contester : la France, ce n’est pas la République. Quel est l’avenir d’un régime sans crédit et sans valeurs, notamment en situation de crise aigüe ? Avant même d’évoquer le recours à la monarchie, la question mérite d’être posée.
La video du débat qui s’est tenu en 1989 entre Stéphane Bern et Jean-Michel Blanquer sur la Chaine 5 de la télévision sur la question « faut-il rétablir ou non la monarchie en France ? » m’a fait un choc. Trente et une année se sont écoulées depuis ce débat mais, de mon point de vue, les arguments énoncés par Stéphane Bern – que je partage – restent pour l’essentiel tout à fait d’actualité avec la réserve soulignée par JSF que les monarchies européennes ont des histoires propres aux pays concernés qu’il est difficile de transposer au cas de la France. Les arguments de Jean-Michel Blanquer – détail amusant – au physique d’un très jeune homme que je ne connaissais pas à l’époque dans les media et ne reconnaîtrais pas aujourd’hui en public de par son visage comparé à celui de la personne qu’il était (alors que Stéphane Bern est resté très ressemblant à la personne qu’il était alors) ont pris quelques rides. L’argument du respect des droits de l’homme semble très discutable pour invoquer la supériorité de la république par rapport à l’institution royale. Une monarchie démocratique moderne est certainement aussi capable sinon plus de faire respecter les droits de l’homme qu’une république prétendument démocratique en constatant que certaines républiques contemporaines évoluent en « démocratures » comme les exemples abondent en Europe et alentour : Pologne, Hongrie, Russie, Turquie, par exemple. D’autres arguments du Jean-Michel Blanquer d’alors sont rituellement avancés par les partisans de la république comme par exemple celui consistant à affirmer qu’un roi s’est juste donné la peine de naître sans aucun mérite ou qu’il ne connaît pas dans sa chair les difficultés du peuple, sont gratuits et très contestables. Un roi ou une reine reçoit dés son plus jeune âge et par l’environnement qui l’entoure une éducation stricte qui prépare aux futures responsabilités et au rôle attendu. Si elle est bien donnée, cette éducation n’est pas faite de facilités dignes de contes de fées mais plutôt d’exigences et d’efforts qui peuvent être dures à vivre, sous le regard constant de la presse qui n’est pas particulièrement tendres envers les rejetons royaux.