On sait que dans les années 1970 et 80, c’est à Je Suis Français, alors mensuel papier, que Pierre Debray avait choisi de collaborer afin d’y poursuivre sa réflexion politique, historique économique et sociale, dans la ligne maurrassienne d’Action Française. Debray ne prétendait procéder à aucun aggiornamento solitaire de la pensée d’Action Française, simplement il appliquait à la société française telle qu’elle était, telle qu’elle évoluait, telle qu’elle devenait, les méthodes d’analyse et les principes de cette école, ainsi que ses fondateurs l’auraient fait eux-mêmes et l’avaient fait d’ailleurs en leur temps.
C’est ainsi que Pierre Debray a publié dans Je Suis Français un certain nombre d’études, étalées sur plusieurs mois, qui demeurent pour nous et pour le pays d’un intérêt majeur, et ont d’ailleurs été reprises soit ici, soit par d’autres, avec notre accord. Accord qui va de soi lorsqu’il s’agit de l’Action Française en tant que telle ou de la Nouvelle Revue Universelle.
Le Pierre Debray que nous avons bien connu, dans le cadre de JSF mais aussi dans nos camps, nos sessions d’études, nos réunions publiques et nos rencontres régulières, ne nous entretenait guère de son passé résistant, ou proche des milieux marxises, ni de ses engagements religieux. Il nous est toujours apparu comme un intellectuel militant, essentiellement préoccupé, dans cet ordre, aux progrès intellectuels et stratégiques de la pensée maurrassienne. Il ne pratiquait aucune confusion entre le spirituel et le temporel [confusion généralement préjudiciable aux deux domaines]. Il croyait à l’autonomie du politique – dans son ordre -, et en avait même fait l’introduction de son discours à Montmajour* en 1970, se référant avec une certaine ironie à un texte récent du pape Paul VI pour fustiger les salopards de démocrates-chrétiens.
C’est là le Debray que nous avons connu, dont nous avons reçu chaque mois, pendant dix ans, pour JSF, les volumineux articles rédigés de sa grosse écriture ronde, très lisible, pour défier les coquilles.
Les deux études dont nous annonçons plus haut la publication sont de la veine du meilleur Debray. Leur titre respectif en laisse entrevoir l’actualité, fût-ce au prix des correctifs à opérer pour tenir compte des réalités les plus actuelles.
* Montmajour où se sont tenus trois rassemblements royalistes importants en 1969, 1970 et 1971.