L’AFP a publié le 14 janvier, sur le portail Orange, l’article que nous reprenons ce jour parce qu’il met en lumière un contraste saisissant et révélateur entre le rejet du projet de panthéonisation conjointe de Paul Verlaine et Arthur Rimbaud par la famille comme par l’association des amis de ce dernier et la confusion systématiquement, consciemment, opérée par un certain nombre d’autorités culturelles (tous les anciens ministres de la culture !) et d’intellectuelles de ce pays, entre la haute littérature, la poésie, et les passions diversitaires du moment. Sur le plan personnel, les relations d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine, leur sexualité respective, si cela a un intérêt majeur, sont d’une tout autre complexité que ne le présupposent les passionnés de la diversité, notamment homosexuelle. Et, à vrai dire, en regard de l’œuvre poétique des deux hommes, pareil réductionnisme nous paraît pitoyable. Une fois de plus les élites se révèlent fourvoyées dans les dérives destructrices qui affectent et emportent l’Occident libéral.
À lire, ou relire, demain dimanche l’article de Rémi Hugues « Rimbaud, la passion des » voyelles » » (JSF du 11 août 2020)
Emmanuel Macron écarte l’idée de faire entrer Arthur Rimbaud au Panthéon, suivant en cela la volonté des descendants du poète, malgré une pétition en ce sens au nom, notamment, de la reconnaissance de l’homophobie dont le poète a été victime.
« Je ne souhaite pas aller à l’encontre de la volonté manifestée par la famille du défunt. La dépouille d’Arthur Rimbaud ne sera pas déplacée » du caveau familial de Charleville-Mézières, a écrit mercredi le chef de l’Etat à l’avocat de la famille.
Une pétition réclamait la panthéonisation conjointe d’Arthur Rimbaud et de son amant Paul Verlaine, signée de presque tous les anciens ministres de la Culture et soutenue par l’actuelle ministre Roselyne Bachelot.
Ce sont « deux poètes majeurs de notre langue » et « aussi deux symboles de la diversité. Ils durent endurer l’homophobie implacable de leur époque. Ils sont les Oscar Wilde français. Ce ne serait que justice de célébrer aujourd’hui leur mémoire en les faisant entrer conjointement au Panthéon », écrivaient les pétitionnaires, dont des célèbres écrivains, intellectuels, académiciens et universitaires.
En septembre l’arrière-petite-nièce d’Arthur Rimbaud, Jacqueline Teissier-Rimbaud, avait dit son opposition à cette double panthéonisation, en critiquant l’accent mis sur leur relation, une position partagée par l’association Les Amis de Rimbaud.
S’ils font ensemble leur entrée au Panthéon, « tout le monde va penser +homosexuels+, mais ce n’est pas vrai. Rimbaud n’a pas commencé sa vie avec Verlaine et ne l’a pas terminée avec lui, ce sont juste quelques années de sa jeunesse », a déclaré Jacqueline Teissier-Rimbaud à l’AFP, précisant que son fils et ses petits-enfants partageaient son point de vue.
« De façon générale, les Amis de Rimbaud sont enclins à penser que ce qui est proposé ne convient pas au personnage d’Arthur », avait indiqué à l’AFP son président Alain Tourneux. « Associer Rimbaud et Verlaine de façon définitive, ad vitam aeternam, n’est pas envisageable, c’est sans doute exagéré ».
Le chef de l’Etat, seul habilité à décider qui entre dans les nécropole ds grands hommes, a tranché pour la négative, au nom de la volonté de la famille, sans mentionner dans son courrier la question de la reconnaissance de l’homophobie.
« Compte tenu du rôle particulier que joue le Panthéon dans la construction d’une mémoire républicaine partagée, je ne souhaite pas aller à l’encontre de la volonté manifestée par la famille du défunt », dit-il.
Arthur Rimbaud « restera inhumé aux côtés des siens, dans le caveau familial du cimetière de Charleville-Mézières, sa ville natale et dernière demeure », ajoute M. Macron, rendant hommage à une « figure majeure de la littérature française, poète incontournable et esprit rebelle ».
« Le président Macron a respecté les vœux de la famille. C’est un geste qu’elle n’attendait pas et qu’elle apprécie. Emmanuel Macron a su passer outre les lobbies intello parisiens », s’est félicité Me Emmanuel Ludot, avocat de la famille Rimbaud, à l’AFP.
« Un nouveau Panthéon »
Roselyne Bachelot avait en revanche souligné l’importance qu’aurait une telle reconnaissance de leur homosexualité.
L’un des auteurs de la pétition, l’écrivain Frédéric Martel, a regretté jeudi la décision présidentielle, fustigeant des héritiers « anti-gay » et un président « prétendument lettré » et réclamant une plus grande « diversité » dans la crypte du Panthéon.
« L’entrée au Panthéon de Rimbaud est un mouvement symbolique au long cours qui consiste à désinstitutionnaliser le Panthéon, non pas à institutionnaliser la poésie. Ce ne sont pas des héritiers auto-proclamés, quelques soixante-huitards anti-gays, ni l’élu prétendument lettré d’un quinquennat républicain à bout de souffle qui empêcheront l’entrée de la poésie au Panthéon, celle de sa plus grande diversité, et la nécessaire reconnaissance de l’homophobie dont Verlaine et Rimbaud ont été les victimes », a-t-il réagi. « L’heure d’un nouveau Panthéon, plus proche des Français, plus représentatif, arrivera, inexorablement ». ■
Tout cette agitation est surréaliste et misérabiliste .Qui attaque Rimbaud pour sa fugue avec Verlaine? Qui attaque Verlaine, entre autre, pour son alcoolisme Derrière les hommes avec leur vie contrastée , c’est l’œuvre de feu pour l’un, de la grâce chez l’autre, qui nous touche profondément. Un grand écrivain, un immense poète, n’appartient à personne en particulier, mais à chaque lecteur,, qui le fait revivre. Cette captation d’héritage, panthéon ou non , est tout simplement bouffonne . c’est celle d’un culte mort né, singeant le vrai culte, le nôtre, celui pour le quel Sainte Geneviève a été construit, et qu’on lui a ravit.. Redonnons lui son vrai nom !
Aujourd’hui ce lieu reste sinistre car aucun culte n’y est rendu et si Mitterrand y a fait halte peut-être au nom de la rose, la mayonnaise n’a pas pris! Depuis l’inhumation de Jean Moulin aux accents dramatiques de Malraux les cérémonies suivantes furent oubliables. Aucun de nos amis ne s’y rend en pèlerinage mais pas davantage l’ensemble des français. On n’y trouve pas l’équivalent de la momie de Lénine ou le cadavre du Grand Timonier pour déplacer les foules. Alors oui rendons l’église à Sainte Geneviève et à l’eucharistie et elle sera à nouveau pleine de vie.
Qu’on lui a ravi, bien sûr, ou ravit!