Décryptage.
« Incapable de s’occuper du malaise étudiant, la ministre allume un contre-feu avec les amulettes du Front national ».
Déballé et déjà remis dans les cartons.
La ministre de l’Enseignement supérieur est tombée sur un os.
Son projet d’enquête sur l’islamo-gauchisme dans le milieu universitaire a rencontré l’hostilité plutôt unanime de la communauté universitaire.
« Incapable de s’occuper du malaise étudiant, la ministre allume un contre-feu avec les amulettes du Front national », a tweeté l’historienne Manon Pignot.
Hier, même le CNRS qui doit s’occuper de cette étude, s’est fendu d’un communiqué de presse assassin envers Frédérique Vidal. Il y défend que l’islamo-gauchisme est un terme « aux contours mal définis », mais aussi que cette notion « ne correspond à aucune réalité scientifique ».
Le 16 février déjà la Conférence des présidents d’université incitait la ministre à laisser cette sémantique « aux animateurs de CNews ».
Tous ces universitaires qui dénoncent à l’unisson la démarche du ministre au nom de « la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique », selon le communiqué du CNRS, ne sont peut-être pas si objectifs. Dans une tribune de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires du 13 janvier, paru sur le site du Point, 76 universitaires dénonçaient ce qui s’assimile à de l’islamo-gauchisme.
Ils y décrivent notamment une vague d’enseignants qui assignent « chaque personne à des identités de “race” et de religion, de sexe et de “genre” […] aux dépens de toute approche géographique et historique rigoureuse ».
Ils révèlent aussi que « ce mouvement idéologique procède à une occupation méthodique des postes de prestige ». Frédérique Vidal aurait-elle demandé à l’islamo-gauchisme d’enquêter sur elle-même ? On risque de ne jamais le savoir, le CNRS ne semble pas enclin à mener cette étude sur ce terrain. ■