Par de Jacques MYARD.
Les siècles regorgent de foucades et autres lubies dont les propagandistes prétendent détenir la vérité universelle qui s’inscrirait dans le sens de l’Histoire …
On se souvient des « Précieuse Ridicules » de Molière dont les héroïnes Magdelon et Cathos se targuaient d’imposer leur « préciosité » pour raffiner les mœurs et la langue française, vaste programme…
Eh bien on est rassuré , l’Histoire excelle dans l’art de resservir les plats : entrent aujourd’hui en scène les nouveaux révolutionnaires, sexistes en peau de lapin qui, brandissant l’égalité des sexes, exigent tout azimut l’orthographe inclusive pour féminiser la langue française…
Le résultat est un succès : notre langue devient un charabia incompréhensible, voila une avancée historique des salonnards du politiquement correct dans le ridicule le plus accompli …
Molière, au secours ! ■
Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Président de l’Académie du Gaullisme
Source : Entreprendre du 13.02.2021
L’entreprise est d’autant plus ridicule qu’elle est rendue incohérente par ses promoteurs (promotrices) eux-mêmes. Quel est en effet leur objectif ? donner à tous et à chacun une place dans la langue. Qui sont ces tous et ces chacuns ,les femmes et les hommes, deux sexes ou genres ? Non, bien sûr. A ce jour j’ai cru comprendre que plus de 10 ou même 20 genres différents avaient été définis. Impossible de les caser dans l’écriture inclusive à deux genres, telle qu’elle nous est proposée, sans enfoncer les autres genres dans un discrimination encore plus exclusive, une exclusion de l’inclusion, si l’on peut dire.
Toujours en retard d’un coup, nos activistes, aveugles à leurs propres contradictions, prompts à détruire pour reconstruire sur du sable. Vont-ils imposer la reécriture de Rabelais, Montaigne, Pascal, Villon, Chateaubriand, Hugo ? Tâche impossible. Autant brûler tous ces livres rendus illisibles aux générations futures. Quant aux futurs textes inclusifs ou prétendus tels, qui les lira ?
On a envie de leur suggérer plutôt l’une des voies suivies dans le monde anglo-saxon : le remplacement général du singulier par le pluriel. Certains, en effet, n’utilisent plus que des « they, them, their… » Avec le pluriel l’inclusion est garantie à tous (et toutes ! on n’en sort pas) y compris aux futures chimères bioniques. Ce collectivisme de la langue, quoique cohérent, ne sera pas facile à mettre en œuvre. Paradoxalement, les noms collectifs semblent, parmi nos contemporains, perdre leur caractère pluriel au profit d’un surprenant singulier. Ainsi lit-on régulièrement, par exemple, que la moitié des habitants d’un village bombardé est morte. Quant à notre vieux « leur(s) », parfaitement adapté pour un usage asexué, dégenré, inclusif et pluriel, on constate tous les jours qu’il est si mal compris que beaucoup se croient obligés de lui adjoindre du « respectif » superfétatoire….Un pluriel singulier, inclusif et respectif, qui dit mieux !