Que l’on se rassure : Le Monde ne nous rendra pas bonapartistes. Et ce, malgré ses folies et la prose de tels ou tels historiens militants, du courant déconstructiviste en opération. Une critique contre-révolutionnaire de Napoléon a déjà été dressée par Jacques Bainville au siècle dernier. Elle ne dénie à l’Empereur ni la Gloire, ni l’Art. Gloire et Art militaires sans doute, mais aussi en d’autres domaines où a pu s’exercer son génie. S’ils peuvent servir la gloire et le prestige de la France, il ne convient pas de les lui refuser. La critique de fond que l’on peut adresser à ce grand personnage est, selon nous, tout à l’inverse de celle que professent les historiens mobilisés par Le Monde. Ce n’est pas, du moins pas directement, Napoléon qui a mis l‘Europe à feu et à sang, mais la Révolution elle-même, dont il fut le prisonnier consentant et le continuateur. Dont il a partagé l’idéologie, l’hubris, la démesure, qui conduisent en assez peu d’années à Waterloo.
Cela dit, en tous domaines – la langue, le genre, l’Histoire, l’écriture, le sentiment populaire, l’héritage national – Le Monde a choisi son camp. Celui du déconstructivisme tous azimuts. Celui des derniers et des plus extrêmes autoproclamés progressistes. Souhaitons-lui de tenir le choc, car le vent ne souffle plus dans ce sens. Le Monde a choisi un combat d’arrière-garde, retardataire, comme, jadis, disaient les marxistes, sur lequel semble toujours s’étendre l’ombre d’Edwy Plenel dont on sait qu’il a ruiné, naguère, en peu de temps l’aura ancienne du grand quotidien du soir. Et divisé par presque deux le nombre de ses lecteurs. Le bloc de 70% de Français qui disent désormais préférer la France historique, traditionnelle, à celle des déconstructivistes et progressistes des diverses obédiences, devrait accélérer ce déclin. D’où sans-doute, le déploiement actuel de leur rage défensive.
Quant à la refonte des Invalides – construits par Louis XIV pour servir d’hôpital à ses soldats blessés au combat – nous serions assez favorables à l’ouverture d’un Musée de l’histoire des horreurs de la Révolution non loin du mausolée de l’Empereur, que, décidément, on laisserait sagement reposer en paix. Celle-là même qui lui a manqué. G.P.
TRIBUNE du 4.04.2021 (1ère partie)
Louis-Georges Tin – Militant et essayiste
Olivier Le Cour Grandmaison – Enseignant en science politique à l’université d’Evry-Val d’Essonne
Tribune. Longtemps, Napoléon (1769-1821) a été encensé et glorifié sans complexe, par toute une tradition relevant plus de l’hagiographie que de l’histoire véritable. Or Napoléon pose au moins trois problèmes majeurs : tout d’abord, il s’est imposé par un coup d’Etat, le 18 brumaire, en détruisant la République pour la remplacer par l’Empire. Il fut ainsi le fossoyeur des idéaux d’émancipation de la Révolution française et des déclarations des droits de l’homme et du citoyen.
Ensuite, il a mis l’Europe à feu et à sang. Aujourd’hui encore, du Royaume-Uni à la Russie, la mémoire collective est marquée par le souvenir de cette histoire ; en Espagne, Goya a peint El Tres de mayo, tableau qui montre la violence et les ténèbres associées à l’Empereur.
Le célébrer, non
Enfin, c’est essentiel, en 1802 Napoléon a rétabli l’esclavage aboli par la Convention en 1794. Exception française trop souvent méconnue, la France est de fait le seul pays au monde à avoir rétabli l’esclavage, ce crime de lèse-humanité, comme on le disait déjà au XVIIIe siècle.
Aujourd’hui, l’heure est aux célébrations liées au bicentenaire de la mort de Napoléon. L’enjeu est embarrassant pour Emmanuel Macron, car le personnage est encombrant, pour le moins. Que l’Empereur ait joué un rôle majeur dans l’histoire de France, et au-delà, est incontestable ; mais là n’est pas le débat. Comment peut-on célébrer un homme qui fut l’ennemi de la République française, de nombre de peuples européens, et l’ennemi de l’humanité enfin puisqu’il fut esclavagiste ?
La réponse est claire : enseigner l’histoire de ce personnage, oui ; le célébrer, non. Or, en général, concernant Napoléon, on fait l’inverse : on le célèbre beaucoup et on l’enseigne assez peu. Il a fallu les efforts d’une historiographie nouvelle pour que, depuis quelques décennies, toute la lumière soit faite sur ses exactions et sur ses crimes.
Que l’on marque, d’une façon ou d’une autre, le bicentenaire de sa mort, soit. Mais va-t-on profiter de cette occasion pour faire l’apologie d’un homme qui a commis des crimes politiques, des crimes de guerre et un crime contre l’humanité ? Va-t-on célébrer le 5 mai celui qui a détruit la République, tout en discutant, « en même temps », à l’Assemblée, d’une loi destinée, dit-on, à renforcer les « principes républicains » ? Va-t-on le 5 mai célébrer celui qui a répandu la mort de l’Espagne à la Russie pour célébrer le 9 mai la Journée de l’Europe ? Va-t-on célébrer le 5 mai celui qui a rétabli l’esclavage, pour rappeler le 10 mai que la traite négrière fut un crime contre l’humanité ?
[Illustration Le Monde]
Si la révolution avait débouché sur la transformation de la Monarchie en Monarchie elle aurait -pu – , suscité mon admiration. Hélas, ce ne fut qu’une horrible boucherie et l’assassinat d’un roi et de son épouse.
Relire Chateaubriand – Mémoires d’ outre -tombe
Ce sot mélange esclavage et Traite négrière ce qui n’est pas la même chose !
Très amusant de voir que l’un des deux signataires, Olivier Le Cour Grandmaison doit avoir un fort rapport de parenté avec Jean Le Cour Grandmaison, inamovible député de Loire-Atlantique dans l’Entre deux guerres et bras droit du général de Castelnau à la Fédération nationale catholique, qui était au moins autant « nationale » que « catholique »..
En d’autres termes il ne m’étonnerait pas que la « haine de soi » qu’on voit percer dans cette tribune puise ses racines dans l’histoire familiale… Tout se tient.
Difficile de faire plus confus et contraire au « padamalgame »
En plus des inexactitudes et approximations, on sent percer le désir de détruire l’histoire de France. Après nous avoir fait croire que notre histoire commençait à la Révolution, voici que des coupures semblent nécessaires!
Nous savons que l’histoire de France ne commence pas à la révolution, mais l’idée populaire de la nation y est née.
Sous les Rois , on se battaient pour gagner des territoires ou autres biens, déjà Clovis combattait pour imposer une religion. Ensuite on combattait simplement pour son roi, son église, jeanne d’arc. N’oublions pas les guerres de Louis XIII et XIV, ces batailles reprises par les écrivains de renon. C’est notre histoire, enfin celle de nos ancêtres.
En 1870, mais plus précisément en 1914 les hommes ont été forcé d’aller , la fleur au fusil, défendre la Patrie. Ce nouveau mot , Patrie est inscrit depuis sur tous les monuments aux « morts pour la France ». Depuis la révolution on se doit de mourir pour la France, en France ou à l’étranger, on ne meurt plus pour l’église ou son roi. On ne meurt pas pour son président!
Or, la « France », la Patrie, sont des mots abstraits, pour un quidam. Donc après avoir refoulé la spiritualité qui portait à combattre les autres spiritualités, le peuple de France, n’ayant plus d »esprit instruit, bascule entre le communisme ‘religion d’hier » et le « libéralisme religion actuelle », refusant volontairement de voir s’imposer l’islam. Puissance d’un esprit amusé en attente de ..ou acceptation d’une nouvelle culture?
Droite, centre et gauche encore des mots inventés pour départager les gens. Dans les deux vaporeuses mais mortelles idéologies proposées depuis un siècle, communisme et libéralisme, le français moyen n’est que l’esclave des riches de la planète. Alors il commence à comprendre que la liberté et le bonheur de vivre ensemble sur cette terre ne se trouve pas dans ces politiques imposées par les plus riches. Il commence à chercher timidement une troisième voie. Et ce n’est pas en multipliant par dix ou vingt les fonctionnaires à l’union européenne que les français arrêterons de râler.
Je peux me tromper , mais observez que le Français moyen est plus proche des Berbères locaux qu’il connait, que de l’aristocratie républicaine qui gouverne si mal. La gestion de la pandémie n’en est elle pas le révélateur.