Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Dès l’annonce de la mort d’Idriss Déby, les déclarations des autorités françaises se succèdent. Nuance de taille entre « La France perd un allié essentiel » de Mme Parly (ministre des Armées) et « La France perd un ami courageux » de M. Macron qui, fort heureusement, trouvera assez vite des mots plus forts et plus conformes aux impératifs de la nouvelle situation.
Se faisant l’écho de rumeurs relayées par les réseaux sociaux, certains médias (La Dépêche, Marianne, France 24, etc.) se sont empressés d’émettre des doutes sur le scénario de la mort au combat d’Idriss Déby. A les en croire, le président-maréchal du Tchad aurait été victime mercredi 21 d’un assassinat fomenté par quelques proches, sans doute de la même ethnie que lui, les Zaghawas. Ce n’est qu’une possibilité et, à défaut de certitude, la version officielle reste totalement crédible. Une version qui a le mérite de conférer au défunt une certaine aura, celle d’un chef qui s’est imposé par les armes en 1990 et sera allé jusqu’à périr les armes, au service de son pays, en l’occurrence en affrontant les forces rebelles armées du très suspect FACT (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad). On comprend donc bien l’intérêt de ses opposants et détracteurs, jusqu’aux ennemis de l’alliance franco-tchadienne, à ce que la mémoire d’un Idriss Déby valeureux jusqu’au bout ne soit pas exploitée par les partisans de la continuité.
Reconnaissons que c’est bien la version officielle des événements que M. Macron a indirectement accréditée lors des funérailles du vendredi 23, en donnant son aval au général Mahamat Idriss Déby Itno (le « fils Dhéby » selon la formulation méprisante de certains de nos médias). On reproche à ce dernier d’avoir été nommé dans des circonstances non pas exceptionnelles mais « troubles » : l’héritier, fort de son grade de commandant de la garde présidentielle, se serait autoproclamé président pour dix-huit mois d’un Conseil militaire de transition (C.M.T.), composé de quinze généraux, suspendant Constitution et Assemblée nationale. « Putsch » ou pas, l’Elysée a pris acte de ce « processus de transition civilo-militaire » et promis son soutien à la junte militaire afin de préserver la « stabilité » de son allié dans la lutte contre les djihadistes au Sahel.
Le bon sens l’a donc emporté. En effet, quoique pauvre, le Tchad a su se doter d’un atout remarquable : une armée efficace et professionnelle capable d’épauler les forces françaises dans la zone dite « des trois frontières » (Mali, Niger, Burkina Faso) à hauteur d’un contingent de 1200 hommes ! Le Tchad est donc le maillon africain fort de l’alliance. Sa stabilité et sa solidité constituent une aide précieuse pour nos propres troupes engagées sur ce terrain d’opérations. Qu’importent, dans cette perspective, les lubies des idéologues et des moralistes sur la gouvernance africaine !
Certes, des motifs d’inquiétude peuvent exister. Mais le conditionnel reste de mise dans ce que colportent les adversaires du nouveau pouvoir : une partie de la population récriminerait contre la junte ; l’armée elle-même serait secouée par des tensions ethniques ; le clan du défunt président serait en proie à toutes les convoitises, etc. Les mêmes reprochaient au défunt président de s’être comporté en autocrate sans aucun état d’âme. Or, il a surtout été, pendant trente ans, un allié sûr et fidèle – notamment dans l’opération Barkhane (dont l’état-major est basé à N’Djamena), et c’est cela qui doit primer pour nous.
Une certitude s’impose : si des problèmes intérieurs devaient gêner, jusqu’à l’amoindrir, le nouveau pouvoir, c’est tout le dispositif militaire et l’effort de guerre de l’ensemble de la coalition anti-terroriste conduite par la France qui en subiraient les conséquences. A commencer par la stratégie française, qui prévoit une réduction progressive de nos effectifs. ■
** Agrégé de Lettres Modernes.
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© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Bonjour,
Je peux dire que j’y était cette année là, j’ai suivi ses déplacements, impressionnants , pour fournir les renseignements sur l’avancé de troupes d’Idriss, il n’était jamais ou on pouvait supposer le trouver.
D<E Abéché, de nuit comme de jour, j'ai pu apprécier, ce guerrier, sa tactique, digne des meilleurs chefs de guerre, il a été à bonne école, et avoir lu tous les traités de guerre et le plus ancien l'Art de la Guerre.
Il était ce qu'il était , mais il A stabilisé son pays pendant trente années. Nous disions à l'époque, et j'ai écouté, nos pairs, changement de pouvoir tout les trois ans , sauf pour le dernier , Hissène Habré,qui à quand même étouffé son pays.Je ne peux dire ce qu'il à fait après sa prise de pouvoir, mais se sont les seuls en Afrique à nous soutenir avec de vrais soldats d'un courage exemplaires ET SUR QUI NOUS POUVONS COMPTER, ne pas trahir leur confiance, comme cela à été fait antérieurement et dernièrement avec les Kurdes, et ces Amazones Peshmerga CES FEMMES SONT CELLES DU FUTUR DANS LEQUEL JE CROIS, et je suis JUDEO-CHRETIEN .
Sa place n'était pas au combat, il me rappelle certains de nos nobles personnages de cette France que j'aime au point que je pouvais lui donner ma vie, à la retraite, que je voulais paisible, ce maelstrom de politique, qui notre nation, notre culture, notre civilisation, n'est devenu que le point d'orgue, le silence des agneaux, avant l'orage, et le chant du Loup, qui n'est plus notre panache, mais nous serons bons avec les bons, et pour ceux qui sont les loups dans la cité, nous deviendrons des loups-Garous s'il le faut., mais nous resterons dans une optique civilisationnelle de nos bons instincts une fois le danger passé, c'est l'instinct de survie moderne.
Article et ce témoignage très intéressants. Bravo !