Nous proposons ici – notamment aux jeunes lecteurs – de lire ou relire le dernier chapitre du Napoléon de Jacques Bainville.
Bainville a défini dans son avant-propos les buts de son Napoléon : « A égale distance de tout parti pris, nous avons essayé d’écrire son histoire naturelle… Nous voudrions – écrit-il dans cet Avant-propos – comprendre et expliquer la carrière de Napoléon Bonaparte, en établir l’enchaînement, retrouver les motifs qui l’ont poussé, les raisons qu’il a pu avoir de prendre tel parti plutôt que tel autre. Nous avons tenté de discerner les causes générales et particulières d’une fortune qui tient du prodige et d’évènements qui semblent forgés par un conteur oriental… ».
En voici le dernier chapitre. Assurément un grand texte de bien des façons : la langue, le style, la rigueur des analyses historiques et des démonstrations, la nuance, les vues les plus amples. Nous l’assortissons de quelques illustrations sobres, disposées de sorte qu’elles ne coupent pas la lecture.
La transfiguration
L’INCOMPARABLE météore avait achevé sa course sur la terre. Il avait pris ses mesures pour qu’elle ne s’arrêtât pas. Mort, Napoléon s’anime d’une vie nouvelle. Après tant de métamorphoses, voici qu’il devient image et idée.
Des événements merveilleux s’étaient accumulés sur la seule tête qui fût assez forte pour les porter et capable de s’en servir. Humbles débuts, triomphes, désastres composaient l’enluminure de leurs violentes couleurs. Il n’y manquait même plus l’adversité. Une chance persistante, son astre jaloux de pousser jusqu’à la perfection une vie héroïque, faisaient gagner à Bonaparte le gros lot de la gloire. Et la gloire elle‑même le payait de n’avoir vraiment aimé qu’elle. Il avait toujours visé haut, calculé en vue du grand. Voilà ce qui lui est rendu par la plus large part de présence posthume, d’immortalité subjective qu’un homme puisse obtenir.
L’immense popularité de Napoléon, dont il est facile d’apercevoir les causes, n’en est pas moins surprenante à de certains égards. D’abord, c’est un intellectuel, une sorte de polytechnicien littérateur, un homme formé par les livres. Il ne croit pas à l’intuition, sauf à celle qu’on acquiert par l’étude et le savoir. Rien de tout cela n’est peuple ni propre à séduite le peuple. Éternel raisonneur, astronome militaire et politique, philosophe méprisant, despote assez oriental, mangeur d’hommes, on ne lui voit pas les dons qui transportent les coeurs. Les foules, il ne les aime pas. Il les craint. On l’avait vu pâlir au mot de « révolte » et son Versailles était à Saint-Cloud, à l’écart du turbulent Paris. Lui-même, régnant, a eu plus de prestige que d’amour. À l’heure de la chute, il a pu compter les véritables dévouements. La magie de son nom, qui avait fait des miracles, n’a pas fait une Vendée bonapartiste. Peut‑être a-t-il péri surtout par le doute des hommes de bon sens. Depuis plusieurs années, il n’était plus, pour l’opinion moyenne, qu’un mégalomane délirant.
Un jour, pendant la campagne de France, comme il côtoyait un ravin, à demi endormi sur sa selle, un officier l’avertit qu’il n’y avait pas de garde-fou. Il tressaillit, n’ayant entendu que le dernier mot, le répéta comme s’il avait reconnu la courante injure, ce qui le rendait la fable des politiques et des diplomates, des financiers et des commerçants, des bourgeois et même des militaires.
Cependant, le retour de l’île d’Elbe avait déjà montré comment l’horreur de la guerre, la haine de la conscription, la répugnance aux entreprises démesurées pouvaient céder à l’appel du souvenir. Peu de temps après Waterloo, on commença à ressentir l’humiliation de la défaite. Elle rehaussa l’éclat des victoires passées. Jours dorés du Consulat, jours glorieux de l’Empire, “on ne regarda plus qu’un seul côté des temps”. Avec Napoléon, un soleil semblait s’être éteint. Et puis il ne s’était pas confié en vain à la littérature. Elle lui rendait au centuple la matière, les éléments qu’il lui avait fournis. Vers, prose, roman, théâtre, l’“homme du siècle” envahit tout. Cependant, en grand nombre, ceux qui avaient pris part à son aventure en avaient tenu un écrit. Qu’on eût fait ou qu’on eût vu des choses incroyables et immortelles, on le savait à ce point que des officiers de troupe racontaient leurs campagnes, et jusqu’à des sergents, jusqu’à Roustan le mamelouk. Que ce fût le secrétaire Méneval ou le valet de chambre Constant, quiconque avait des souvenirs les couchait sur le papier. Les libraires sollicitaient les auteurs de Mémoires, mettaient des scribes à la disposition des moins lettrés. C’était un commerce, une industrie d’une prospérité rare. La bibliothèque napoléonienne grandissait. Elle était destinée à devenir montagne. L’empereur s’élevait tous les jours sur un piédestal d’imprimés.
Qu’était-ce même auprès de la propagande orale ? Le “Napoléon du peuple” vivait dans la grange où Balzac fait raconter toute la légende par un vieux soldat. Il vivait par les récits de la grand‑mère, selon la chanson de Béranger. Humble littérature, plus puissante que le haut lyrisme, et par laquelle l’empereur continuait d’habiter les esprits.
La Restauration s’épuisa à lutter contre ce fantôme. Louis-Philippe voulut l’exorciser. On fut, à Sainte‑Hélène, sous le saule, dans le vallon solitaire, déterrer le magicien. Le retour des cendres parut une pensée politique, une satisfaction donnée à l’honneur national, un apaisement. Le roi de Rome, otage de l’Autriche, devenu duc de Reichstadt, était mort. Quel napoléonide était à redouter ? Le 15 décembre 1840 vit les funérailles de l’empereur. On le mit en grande pompe aux Invalides, parmi les gloires militaires de la France, près des rives de la Seine, comme pour dire que son vœu suprême était exaucé, que c’était fini. Il continua de vivre dans son sarcophage.
Vint le neveu, le fils de Louis et d’Hortense qui, enfant, avait assisté au Champ de Mai. Conspirateur sous la monarchie de juillet, il est élu par le peuple sous la République, il recommence brumaire, le voici empereur. L’oeuvre de Sainte‑Hélène a réussi. La légende se matérialise. Ceux qui, en prose, en vers, ont contribué à la répandre, ne croyant pas eux-mêmes que la littérature eût tant de pouvoir, sont stupéfaits. Cependant les hommes sages, sensés, qui avaient ri de Louis-Napoléon Bonaparte, sont couverts de honte. Ce qu’ils déclaraient absurde et impossible s’est accompli. Les mots ont donc cette action ? Là-bas, sur son roc, celui que ses anciens soldats appelaient tantôt l’Homme et tantôt l’Autre, le savait bien. Par le Mémorial, le testament, des paroles bien rythmées, il a restauré sa dynastie.
Le second Empire répète le premier, sans génie, et s’effondre comme lui par l’invasion. Sedan ne fait nul tort à Austerlitz, pas même à Waterloo. L’invective qui vient meurtrir Napoléon le Petit s’arme encore de Napoléon le Grand.
Le césarisme est réprouvé. La figure du César, vaincu et renversé pour la troisième fois dans son pâle héritier, n’en resplendit que mieux. Désormais sa puissance est spirituelle. Il devient professeur de guerre, professeur d’énergie. On lui demande des exemples, des leçons, une doctrine. Il donne tout. Et, même quand ses disciples sont battus, ce n’est pas sa faute, ce n’est pas la faute de son école, c’est la leur.
L’Europe livre des batailles qui réduisent les siennes à de médiocres proportions. On doute qu’à ces masses armées, à ces fronts gigantesques son génie même eût été égal. Et rien n’arrête de dire : “S’il eût été là…” À cette guerre, succèdent des bouleversements inouïs. On pense encore à Napoléon. Déjà ce fléau de Dieu n’a-t-il pas été l’instrument des grandes transformations de l’Europe ? Déjà n’était‑ce pas à lui qu’on rapportait des effets dont ses guerres avaient été la cause ? La guerre est une révolution comme les révolutions sont la guerre. Soixante batailles rangées livrées par Bonaparte ont laissé derrière elles un monde nouveau. Alors il semble le père d’une société dont il n’a été que l’accoucheur. Et le travail de Sainte-Hélène fructifie. Tout peuple le regarde à la fois comme son tyran et son libérateur. Il apparaît comme une des plus grandes forces révolutionnaires de l’histoire, comme un primum movens de l’humanité. Autre sujet de livres, de discussions. Le souvenir napoléonien prend un nouvel élan par la sociologie.
Au fond, de même que ses soldats aimaient en lui leur gloire et leurs souffrances, les hommes s’admirent en Napoléon. Sans égard ni aux événements qui lui avaient permis de se porter si haut, ni à la science consommée avec laquelle il avait saisi les circonstances, ils s’étonnent qu’un mortel ait réussi une pareille escalade. S’il n’était que le soldat heureux devenu roi, il serait un entre mille. L’Empire romain, le monde asiatique regorgent de cas comme le sien. Mais le sien est unique aux temps modernes et sous nos climats. Un officier d’artillerie qui, en quelques années, acquiert plus de puissance que Louis XlV et coiffe la couronne de Charlemagne, de telles étapes brûlées à toute vitesse, ce phénomène parut, à juste titre, prodigieux au siècle des lumières, dans une Europe rationaliste, en France surtout où les débuts des autres « races » avaient été lents, modestes, difficiles, où les anciennes dynasties avaient mis plusieurs générations à se fonder. Les contemporains de Napoléon n’étaient pas moins éblouis de la rapidité que de la hauteur de son ascension. Nous le sommes encore. Lui-même, en y pensant, s’émerveillait un peu bourgeoisement, quand il disait à Las Cases qu’il faudrait “des milliers de siècles” avant de “reproduire le même spectacle”.
Un spectacle qu’il a regardé, lui aussi, quand il en a eu le temps. Il ne tirait pas vanité d’être un grand capitaine. La guerre – “un art immense qui comprend tous les autres” ‑ il savait la faire comme on sait jouer aux échecs, “un don particulier que j’ai reçu en naissant”, et il se flattait que ce ne fût pas sa seule faculté. Le pouvoir, il l’a aimé, mais “en artiste” ‑ il tient au mot qui le définit si bien ‑ et il ajoutait : “Je l’aime comme un musicien aime son violon.” Le plus étrange est qu’on lui demande encore ce que, de son temps, “l’école du possible” lui reprochait déjà de ne pas donner. Pourquoi ne s’est‑il pas modéré ? Pourquoi n’a-t-il pas été raisonnable ? On s’est fait, on persiste à se faire de Napoléon une idée si surhumaine qu’on croit qu’il dépendait de lui de fixer le soleil, d’arrêter le spectacle et le spectateur au plus beau moment.
Lui‑même, qu’a-t-il été ? Un homme tôt revenu de tout, à qui la vie a tout dispensé, au-delà de toute mesure, pour le meurtrir sans ménagement. La première femme n’a pas été fidèle, la seconde l’a abandonné. Il a été séparé de son fils. Ses frères, ses soeurs l’ont toujours déçu. Ceux qui lui devaient le plus l’ont trahi. D’un homme ordinaire, on dirait qu’il a été très malheureux. Il n’est rien qu’il n’ait usé précocement, même sa volonté. Mais surtout, combien de jours, à sa plus brillante époque, a-t-il pu soustraire au souci qui le poursuivait, au sentiment que tout cela était fragile et qu’il ne lui était accordé que peu de temps ? “Tu grandis sans plaisir”, lui dit admirablement Lamartine. Toujours pressé, dévorant ses lendemains, le raisonnement le conduit droit aux écueils que son imagination lui représente, il court au‑devant de sa perte comme s’il avait hâte d’en finir.
Son règne, il le savait, était précaire. Il n’a aperçu de refuge certain qu’une première place dans l’histoire, une vedette sans rivale parmi les grands hommes. Quand il analysait les causes de sa chute, il revenait toujours au même point : “Et surtout une dynastie pas assez ancienne.” C’était la chose à laquelle il ne pouvait rien. Doutant de garder ce trône prodigieux, alors même qu’il ne négligeait rien pour le rendre solide, il reposait sa pensée sur d’autres images. Daru n’admettait pas que sa vaste intelligence se fût fait des illusions : “Il ne m’a jamais semblé qu’il eût un autre but que de ramasser, durant sa course ardente et rapide sur la terre, plus de gloire, de grandeur et de puissance qu’aucun homme n’en avait jamais recueilli.” Mme de Rémusat confirme pour le sens religieux ce que disait Daru pour le sens pratique : “J’oserais dire que l’immortalité de son nom lui paraissait d’une bien autre importance que celle de son âme.”
On a fait de Napoléon mille portraits psychologiques, intellectuels, moraux, porté sur lui autant de jugements. Il échappe toujours par quelques lignes des pages où on essaie de l’enfermer. Il est insaisissable, non parce qu’il est infini, mais parce qu’il a varié comme les situations où le sort le mettait. Il a été aussi peu stable que ses positions successives. Son esprit, qui était vaste, était surtout souple et plastique. Il avait des limites pourtant. Peut‑être ne remarque-t-on pas assez que, fécond en prophéties, du reste contradictoires, Napoléon n’a prévu ni les machines ni le machinisme. Ses anticipations ne tiennent aucun compte du développement des sciences appliquées. Pour la guerre elle-même, il n’a pas songé à des engins nouveaux, il l’a faite avec les moyens, les instruments de Gribeauval et de Suffren. Ni le bateau à vapeur de Jouffroy ni celui de Fulton n’ont retenu son attention. Grand lecteur d’Ossian, amateur de tragédies et du Discours sur l’histoire universelle, la mémoire garnie de vers qu’il s’applique à lui-même dans les occasions pathétiques, faiseur de mots sur l’amour dont s’honoreraient Chamfort et Rivarol, son tour d’esprit est peut‑être avant tout littéraire et, par là, un peu néronien. Cependant il se penche comme personne sur le détail des choses. Comptable méticuleux, il sait le nombre des caissons qu’il a dans ses parcs d’artillerie comme il sait la valeur de l’argent. C’est un maniaque du contrôle et de la statistique qui tient avant tout à l’exactitude. Mais des témoins sérieux rapportent qu’il affirmait volontiers des chiffres en l’air. Ainsi chacun de ses portraits est faux par quelque endroit et l’on peut lui faire tout dire parce qu’il a presque tout dit. On l’a appelé Jupiter‑Scapin, on a répété le “commediante-tragediante” jusqu’à la fatigue. Mais il disait de lui‑même qu’il n’y a pas loin du sublime au ridicule et, si l’on veut le prendre tout entier, ce n’est pas encore par ce côté‑là. Ce n’est pas non plus par ses origines italiennes ou corses. S’il a eu une vendetta avec le duc d’Enghien, il n’en a pas eu avec Fouché ni bien d’autres qu’il a épargnés, fussent‑ils Bourbons. Si l’on admet que, selon les moeurs de son île natale, il a été l’esclave du clan, on ne comprend plus qu’il ait excepté Lucien et Louis, ni que Louis et Lucien, nourris du même lait que leur frère, se soient retranchés de la tribu. Enfin s’il est proposé tant d’explications de Napoléon, s’il en est tant de plausibles, s’il est permis de le concevoir de tant de manières, c’est parce que la mobilité et la diversité de son esprit ont été égales à la variété, peut‑être sans exemple, des circonstances de sa vie.
Sauf pour la gloire, sauf pour l’“art”, il eût probablement mieux valu qu’il n’eût pas existé. Tout bien compté son règne, qui vient, selon le mot de Thiers, continuer la Révolution, se termine par un épouvantable échec. Son génie a prolongé, à grands frais, une partie perdue d’avance. Tant de victoires, de conquêtes (qu’il n’avait pas commencées), pourquoi ? Pour revenir en deçà du point d’où la République guerrière était partie, où Louis XVI avait laissé la France, pour abandonner les frontières naturelles, rangées au musée des doctrines mortes. Ce n’était pas la peine de tant s’agiter, à moins que ce ne fût pour léguer de belles peintures à l’histoire. Et l’ordre que Bonaparte a rétabli vaut‑il le désordre qu’il a répandu en Europe, les forces qu’il y a soulevées et qui sont retombées sur les Français ? Quant à l’État napoléonien, qui a duré à travers quatre régimes, qui semblait bâti sur l’airain, il est en décadence. Ses lois s’en vont par morceaux. Bientôt on sera plus loin du code Napoléon que Napoléon ne l’était de Justinien et des Institutes, et le jour approche où, par la poussée d’idées nouvelles, l’oeuvre du législateur sera périmée.
Imaginatif, puissant créateur d’images, poète, il sentait cette fuite des siècles. Las Cases lui demandait pourquoi, avec le réveille-matin de Potsdam, il n’avait pas emporté à Sainte-Hélène l’épée de Frédéric. “J’avais la mienne”, répondit-il en pinçant l’oreille de son biographe et avec ce sourire qu’il rendait si séduisant. Il savait qu’il avait éclipsé le grand Frédéric dans l’imagination des peuples, qu’on répéterait son histoire, qu’on verrait ses portraits aux murs, son nom aux enseignes jusqu’à ce qu’il fût remplacé lui‑même par un autre héros. Ce héros n’est pas venu. L’aventurier fabuleux, l’empereur au masque romain, le dieu des batailles, l’homme qui enseigne aux hommes que tout peut arriver et que les possibilités sont indéfinies, le démiurge politique et guerrier reste unique en son genre. Pour le développement de l’humanité, peut-être, dans la suite des temps, Ampère comptera-t-il plus que lui. Peut-être l’ère napoléonienne ne sera‑t‑elle plus qu’un bref épisode de l’âge qu’on appellera celui de l’électricité.
Peut-être enfin, apparu dans une île du Levant pour s’éteindre dans une île du Couchant, Napoléon ne sera-t-il qu’une des figures du mythe solaire. Presque aussitôt après sa mort, on s’était livré à ces hypothèses et à ces jeux. Personne ni rien n’échappe à la poussière. Napoléon Bonaparte n’est pas protégé contre l’oubli. Toutefois, après plus de cent ans, le prestige de son nom est intact et son aptitude à survivre aussi extraordinaire que l’avait été son aptitude à régner.
Quand il était parti de Malmaison pour Rochefort avant de se livrer à ses ennemis, il avait quitté lentement, à regret, ses souvenirs et la scène du monde. Il ne s’éloignera des mémoires humaines qu’avec la même lenteur et l’on entend encore, à travers les années, à travers les révolutions, à travers des rumeurs étranges, les pas de l’empereur qui descend de l’autre côté de la terre et gagne des horizons nouveaux. ■
Napoléon et Maurras, cela fait 2.
Maurras et Zemmour, cela fait1.
Donc, Napoléon et Zemmour, cela fait 2:
Zemmour s’est affirmé bonapartiste pour botter en touche, et ne pas risquer d’être « catalogué » de royaliste.
Ce qu’il est très probablement.
Et l’on n’en l’aime que davantage…
Analyse profonde où se montre le génie de Bainville; Merci donc. Peut-être pourait-on compléter par les livre de Guglielmo Ferrero, peu réédités, qui montrent que l’aventure napoléonienne a exacerbé les conflits européens et que sa légende nous a coûté très cher pendant presque deux siècles et aussi lire le livre de René Girard » Achevez Clausewitz » qui montre lui que » la montée aux extrêmes que Girard date de Iéna n’ a pas fini de nous hanter et qu’elle rebondit bien aujourd’hui? La légende napoléonienne a nourri des fantasmes que nous avons un mal fou à exorciser, et dont même le très probe Eric Zemmour est un peu victime.
Le livre de Waresquiel » les cent jours » est aussi une merveilleuse leçon d’histoire, qui laisse le lecteur intact, c’est dire libre de choisir son camp, mais une lecture attentive révèle que non seulement Louis XVIII n’est pas revenu en 1815 dans les « fourgons de l’étranger », mais bien en toute hâte sous l’injonction de Wellington pour sauver Paris des fureurs de Blücher, et que c’est là que le ralliement de Fouché s’opère contre les jacobins comme Carnot qui il traite « d’imbécile « Bref, c’est aussi » Paris ne doit pas brûler ».
Vu un extrait d’émission TV , ou il était demandé à Eric Zémmour , défenseur d’une France Chrétienne pourquoi il n’allait jusqu’au bout en se convertissant ? de mémoire , la réponse fut que , venant d’une religion minoritaire , il n’allait pas aller vers une autre minoritaire .
Pour « revenir à nos moutons » , E. Zemmour , si l’on applique la » grille » , passée dans le domaine public , de René Rémond pour classer les » Droites en France » semble relever de la filiation « Bonapartiste » plus que de l’ « Orléaniste » . Cela n’enlève rien à son brio .
Sur Cniouz ( de plus en plus insupportable ) , l’émission de 7 à 8 post meridiem à laquelle il apporte ses lumières représente un moment de culture et de liberté d’ esprit (car nous en sommes rendus là ) .
Merci pour ce cours d’histoire de la France. Oui il en reste une hantise ou un éblouissement , de cet homme, enfin de sa légende qui fait rêver les collégiens. Parce qu’elle arrive à la suite du terrorisme et des massacres de Paris sous la révolution, sans oublier le génocide de la Vendée.
Vous dites: »polytechnicien littérateur, homme formé par les livres; » Vous pensez à qui en ces temps…
Et oui sa légende un peu trop dorée a conduit certains Français à voter un jeune élégant artiste féru de lecture, qui s’exprime à la perfection , mais c’est à peut prêt tout, et qui comme l’empereur n’aime pas le peuple et poursuit malgré la tempête sa vision mondialiste.
Cette fois nous n’avons pas les Anglais…mais peut être le reste de l’Europe…
Il ne faudrait pas oublier que le vrai Napo a combattu dans les rues de Paris, les royalistes au canon, pour la république; notre jeune président les gilets jaunes au « flash bach ».
Comment comprendre que les Français ne perçoivent dans le roi qu’un dictateur ou une puissance obligeante. Comment leur transmettre , que la vision du prince est une gestion à trois branches indépendantes.
Une légende reste une légende et chacun y trouve son fragment d’histoire.
A St Alman :
« Et on ne l’en aime que davantage »…
Quel odieux surnom que celui de » Napoléon le Petit », on ne se grandit pas en l’employant, même si l’on est le « grand » BAINVILLE, si justement qualifié ainsi par Eric ZEMMOUR. Ceux qui font généralement références à cet ignoble pamphlet ne l’ont jamais lu et se contentent de reprendre les antiennes rabâchées par leurs professeurs d’histoire, tous (ou presque) marxistes et hugolâtres. C’est pourtant à lire ; comment descendre si bas dans l’insulte, il est des textes qui salissent leur auteur, c’en est un.
Et si vous le publiiez, pour voir. Chiche ?
« Au fond, de même que ses soldats aimaient en lui leur gloire et leurs souffrances, les hommes s’admirent en Napoléon. » écrit génialement Bainville . Tout est dit. Même à un chrétien il n’est pas demandé d’aimer ses souffrances, mais de les offrir à Dieu, et Napoléon n’est pas Dieu.
Les Français aiment les batailles perdues pourvu qu’ils aient la gloire, le « panache »! Un livre de Buisson et Sévilla nous le rappelle. Waterloo avait du panache, Sedan n’en avait pas. Nous rappellerons nous plutôt Iéna, où nous vainquîmes à un contre trois!
L’arrière grande tante de ma mère, qui était une institutrice corse disait : « je suis bonapartiste de cœur et royaliste de raison »…
Je suis royaliste de cœur et par fidélité d’abord et ensuite de raison; Napoléon a certes comblé un vide, celui opéré par le maelstrom , – qu’il a servi- mais à quel prix malgré ses talents, celui trop souvent d’une idolâtrie, le contraire de ma fidélité qui me lie à nos Princes. Peut-on substituer une fidélité à une autre sans tomber dans ce danger? C’est tout le problème de la véritable légitimité.