Par Pierre de Meuse.
Le 8 avril 2021, l’Assemblée nationale a voté à une large majorité la loi Molac sur les langues régionales. Pourtant, deux semaines plus tard une soixantaine de députés de la majorité déposèrent une demande de saisine au Conseil constitutionnel, afin d’en empêcher l’application. Que s’était-il passé ? Et quel est le contenu de cette loi ?
Le but de ce texte est clair : il s’agit de redonner vie aux langues régionales en permettant à ceux qui le désirent de recevoir un enseignement immersif – c’est-à-dire général – dans la langue régionale de leur terroir. Et ce en créant la possibilité pour les communes de financer le déplacement de ces élèves vers les établissements qui disposent d’enseignants en mesure de fournir cet enseignement.
Or cette loi n’a pas plu à M. Michel Blanquer, digne héritier des hussards noirs de la république, et dont la complexion jacobine s’est soulevée d’horreur en imaginant une renaissance des dialectes parlés par nos ancêtres. Il a donc sonné le rappel de ses fidèles pour pourfendre cette réforme blasphématoire. Naturellement le Conseil Constitutionnel a rejeté l’essentiel de la loi, pour sa non-conformité avec l’article 2 de la Constitution. Cela dit, au-delà de l’imbroglio surgi dans la majorité, avec un gouvernement qui tire sur ses propres troupes, ce qui ne manque pas de sel, et montre bien de quel bois sont faits les députés de la majorité, il y a la question des langues régionales. Rappelons tout de même que notre famille de pensée, à sa grande époque, affirmait bien haut la nécessité de les revigorer. Ainsi Maurras n’hésitait pas à attaquer avec force Anatole de Monzie, ministre de l’Instruction publique, qui rappelait il y a presque cent ans aux enseignants qu’ils devaient veiller au maintien du bannissement des « patois » à l’école. Citons-le, au risque d’encourir les foudres du fonctionnaire jacobin de service : « La langue locale est une des (..) particularités matérielles, spirituelles et morales du sol ». « Non seulement il ne faut pas la diminuer, il faut la relever et la glorifier. Ce devrait être œuvre nationale, œuvre d’Etat. L’Etat fait le contraire. Il est fou. » (1).
Pourtant cette part d’héritage a été quelque peu délaissée à l’AF depuis quelques décennies. Plusieurs facteurs expliquent cette désaffection ; certains tiennent aux faits les plus triviaux, d’autres sont des erreurs de la pensée. Le premier facteur est le déclin généralisé des langues locales : le Provençal est presque éradiqué, idem pour l’Occitan, le Breton et même l’Alsacien ou le Basque. Seul le Corse survit encore. L’école de Jules Ferry, le service militaire et surtout la télévision les ont terrassées. Certains d’entre nous, tout en la déplorant, considèrent comme irréversible cette disparition. Peut-être ont-ils raison. Cependant, comme il n’y a pas de structure humaine naturelle que la volonté ne puisse reconstruire, nous pensons qu’il suffit de vouloir, vouloir en commun, pour redonner vie à cet ouvrage collectif qu’est une langue.
Il faut être plus sévère pour les raisonnements erronés de ceux qui considèrent que les langues régionales sont un facteur de morcellement de la France. Souvent sans s’en rendre compte, ils sont contaminés par une vision jacobine de notre pays. Or les identités régionales et leurs expressions sont un facteur de féconde diversité de notre pays, et d’enracinement. Une variante de cette dérive est l’idée que, tant que la république dure – donc l’absence de roi – il est dangereux pour la survie de notre pays de permettre la renaissance du régionalisme. Et de pointer du doigt la politisation à gauche des régionalismes d’aujourd’hui. Or ce n’est pas une nouveauté : il y a cent ans Victor Gelu, Antonin Perbosc ou Prosper Estieu affichaient déjà les mêmes idées anticléricales et socialisantes. D’autres soupçonnent que l’on veuille en catimini introduire l’arabe dans les langues immersives. Qu’ils se rassurent: les « variétés régionales du français ainsi que les langues issues de l’immigration ne sont pas des langues régionales », même si le créole figure sur la liste. En fait ces « jacobins blancs » comme aimait à se désigner Jean Ferré, craignent les séparatismes. Pourtant le danger le plus grave qui menace la France, comme d’ailleurs tous les pays d’Europe, n’est pas la critique de l’Etat-Nation centralisé, mais la submersion conjuguée avec la perte de conscience collective. Dès lors les particularismes locaux, et notamment les langues, sont des éléments essentiels de l’acceptation de l’héritage des passés, l’immémorial et l’historique. Il serait regrettable de les abandonner à l’ennemi. ■
1. Action Française 10-11 septembre 1925
L’unité ne vient pas de l’uniformité mais d’un puissant fédérateur. c’est une des raisons pour lesquelles nous sommes monarchistes. En république, le jacobinisme est nécessaire parce que toute diversité est un danger pour le tout national.
Certes, mais c’est le problème de la république, non le nôtre. Et il y a une sacrée incohérence à renoncer à nos idées sous prétexte qu’elles portent atteinte à l’Etat républicain, alors que notre plus cher désir est de le renverser.
Le problème est aussi que l’État jacobin même s’il conserve l’unité administrative du pays est devenu le 1er destructeur du tout national dans tous les domaines de sa substance. On pourrait énumérer. Les dégâts sont immenses. Alors, comment faire ? Le fédérateur est impuissant. Et il trahit dans les grandes largeurs.
Je suis par toutes mes pores et par. toute ma raison opposé à la totalité de ce point de vue.
Il me parait absurde d’éduquer dans des langues aussi impratiquées qu’impratiques, sans aucune utilité dans le monde moderne autre que des pleurnicheries nostalgiques sur le bon vieux temps d’avant la guerre de 14. Les élèves d’aujourd’hui ne savent plus parler ni écrire français et on voudrait leur apprendre EN IMMERSION TOTALE des idiomes que personne ne parle plus. Si des parents souhaitent que leurs gosses apprennent le breton, le limousin ou le provençal, il existe de très nombreuses associations qui lors de leurs moments de loisir s’attachent à cet enseignement ; ce sont les mêmes associations folkloriques qui pratiquent la farandole, la sardane ou la bourrée. Ma foi, si ça amuse, ça vaut toujours mieux que les jeux vidéo.
Et puis il faut cesser de croire que la France est identique à celle de Maurras : dans le temps, on bougeait peu, on demeurait dans son village, dans son canton, dans sa province. Désormais – heureusement ou non – on change, on bouge, on vit en aquitaine un temps, en Alsace un autre, à Paris souvent : la mobilité professionnelle est une réalité sur quoi on ne reviendra pas.
Et puis qu’on me dise quelle oeuvre littéraire un de ces écrivains régionalistes qui s’expriment en langue régionale a produit ? Le Breton Chateaubriand, le Normand Maupassant, le Tourangeau Balzac, l’Auvergnat Pascal, le Dauphinois Stendhal, les Provençaux Pagnol ou Giono, les Champenois La Fontaine ou Racine, le Lorrain Barrès ont tous écrit en français, exclusivement français.
Qui d’autre, en face ? Surtout ne parlons pas du bien peu lisible Mistral…
On pourrait gloser des heures là-dessus. Qui ne voit derrière ces revendications linguistiques une sorte d’ethnicisme ravageur et discriminatoire ? Et une volonté de faire éclater la Nation française ?
Cher Pierre, ton opinion est bien connue de nous tous. Je reviens sur ton dernier membre de phrase: « un ethnicisme ravageur et discriminatoire ». Mais c’est justement ce que les partisans des langues locales apprécient. Non pas d’être ravageur (c’est polémique) mais de discriminer entre nous et les autres, c’est-à dire effectuer la démarche sociale la plus originelle. Les langues régionales sont une barrière contre les invasions allogènes pacifiques. Compare un peu les villes flamandes aux villes wallonnes: les immigrés y sont moins nombreux car, pour se faire comprendre, il faut parler une autre langue. En cela, je dirai à M. Le Cosquer que, bien au contraire, comme l’a montré Maurras, les langues régionales sont favorables au maintien de la langue française dans sa pureté, notamment parce que, étant des variations issues de langues parentes, elles nous permettent de voir le Français en perspective. Il n’y a donc absolument pas nécessairement de volonté de faire éclater la nation française, mais seulement de la libérer d’une uniformité desséchante.
Je suis en accord avec la dernière phrase. Si l’on désire reconstruire la nation française, il faut redonner à l’école ses lettres de noblesse. redonner une place d’honneur à ses professeurs dans un enseignement digne , et pourquoi pas avec du latin et du Grec antique, en passant bien entendu par la langue Française.
Ces langues régionales , pour autant qu’on veuille les sauver de la disparition pure et simple sont ( étaient ) , en effet , des langues parlées plutôt qu ‘écrites ; il semble déjà trop tard et la transmission aurait dû être familiale ( en complément du Français ) ; pourquoi cela n’a t-il été fait alors ? ( Il y a plus de 50 ans ! )
Le législateur , au mieux , peut ( pourrait ) permettre un maintien « académique » . Ces écoles et ces classes attireraient « les bons élèves » ( un peu comme le choix de l’ Allemand en apprentissage de langue étrangère à une certaine époque ) .
Le Français , quant à lui , est ( sera ) simplifié ; il ne faut pas se faire d’illusion sur ce sujet : écouter comment s’exprime la nouvelle génération , même passée par les écoles « privées ». Il reste le rôle des parents ; encore faut- il qu’ils veuillent rectifier .
a
Se déchirer quereller sur l’opportunité de faire renaître ou non les langues locales à peu près oubliées en France (par exemple, je ne savais pas qu’il existât un parler lyonnais à l’exception d’un accent bien reconnaissable et de quelques mots et expressions typiques que tout lyonnais de souche connaît inévitablement) me semble sympathique pour animer un bon
repas entre amis mais à condition de rester amis en se quittant.
Le mouvement mistralien de renaissance provençale des XIXe et XXe siècles a eu amplement partie liée avec le patriotisme français. Loin de lui être opposé, il l’a au contraire renforcé de l’enthousiasme patriotique au double sens provençal et français que Mistral avait soulevé dans les coeurs et les esprits. À leur égard, folklore n’est pas un mot à la hauteur. Par ailleurs, j’ai envie de dire qu’aujourd’hui le plus redoutable destructeur de notre culture, notre langue et notre unité, c’est l’État lui-même. Le régime si l’on veut. Mais de fait c’est pareil. Encore une remarque : quelles que soient nos différences, nous sommes tous ici patriotes français. Tous des amis. En discussion. Pas en dispute. Pour rassurer Gilbert Claret !
En effet!
Cueillons-en les plus belles fleurs, telle est ma motion chèvre-chou: le français pratiqué aujourd’hui, souffre d’une rigidité proche de l’ankylose. Peu de mots nouveaux, peu de trouvailles et ces innombrables traductions ou ré-emplois déférents, maladroits ou à contre-sens du seul américain, souvent le plus vulgaire, le plus plat. Parmi mes favoris, attesté dans des supports très prestigieux, est l’anglais « otter » traduit « otarie » au lieu de loutre. C’est ainsi qu’on a « appris » l’hécatombe des otaries lors du naufrage de l’Exxon-Valdez en Alaska! Il y a dans nos langues, patois et dialectes régionaux, comme dans l’argot, l’ancien français et de multiples autres langues étrangères, des trésors pleins de saveur et de force expressive. Que nos écrivains et journalistes s’y attellent au lieu de mastiquer de la gomme comme des garçons vachers. Bouléguez-vous un peu; retrouvez l’esprit de Rabelais, Shakespeare, Molière, Huysmans, San-Antonio… Qui sait ce qu’un mot bien choisi peut déclencher ?
Marc Vergier, j’approuve tout à fait votre intervention ; vous concevrez toutefois qu’elle n’a pas de rapport direct avec la question de l’apprentissage immersif de langues, patois, idiomes et dialectes dans des écoles primaires et secondaires, sous le prétexte que des autochtones de la région ont jadis parlé de cette façon et non pas en français. Moi-même provençal, je truffe souvent mes propos de provençalismes bien venus et expressifs que mes enfants ont adopté.
Ce n’est pas la question. Que notre langue française, la plus belle du monde, la plus claire, celle qui a été la langue de la diplomatie, de la courtoisie, de l’excellence continue de s’enrichir avec des apports divers, c’est, vous avez raison, une nécessité ; qu’elle évolue, comme elle l’a toujours fait, souplement, au gré de l’usage et non pas d’ukases gouvernementaux, c’est un bienfait.
Mais il s’agit de la langue française : pas du picard, du gascon, qui sont des langues supplantées par le français, pas du breton ou du basque qui sont des langues originales, nullement méprisables mais qui s’inscrivent dans un territoire restreint et non dans l’universalisme de notre français.
Maurras, les félibres, la tradition d’AF voudraient que nous défendions automatiquement ces parlers ? Sans doutye pouvait-ce se concevoir avant 1914 dans une société qui n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui.
C’était une société où les couples se mariaient, divorçaient peu, où il aurait été inconcevable de vivre autrement (du moins publiquement) ; une société encore agricole, villageoise, majoritairement catholique, où l’immense majorité des habitants ne voyageait pas, où partir à l’étranger, voire venir à Paris était rare pour la plupart.
On dirait que nous sommes figés dans ce monde, certes sûrement plus harmonieux que le nôtre, mais qui est mort et ne reviendra pas ou dans fort longtemps.
Les « langues régionales », c’est, pour notre famille de pensée les mêmes lubies que des « libertés locales » que nous prétendrions vouloir restaurer/instaurer. Personne n’a jamais été capable de me dire ce que ça pourrait être.
Mes chers amis n’oublions pas que même François 1 c’est heurter aux langues et patois régional. Mais François 1 ne voulait pas la destruction des langues régionales mais il souhaitait qu’un habitant du Pays Basque, de Provence sache parler la langue du roi qui est le Français, car quand il devait se déplacer pour affaire il fallait qu’il se fasse comprendre. Et aussi pour les ministres et autres fonctionnaires se fasse comprendre. Ne nous laissons pas diviser par cette république criminel. Bonne fin de semaine
Oh que si mon cher Pierre! Mais il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Les libertés locales supposent l’exercice d’une autre forme de civisme que celle que nous connaissons aujourd’hui: celles où l’on peut à la fois combattre l’Etat (dans son. intérêt) chaque fois qu’il veut empiéter sur le domaine propre des communautés naturelles et lui être dévoué. Mais pour en revenir aux langues régionales, je soutiens que la langue française en a besoin pour survivre, face au globbish qui nous écrase. Quand je travaillais aux Pays-Bas, j’ai été amené lors d’un congrès où les francophones étaient minoritaires, à imposer le néerlandais, alors que ces mêmes francophones exigeaient que les échanges se fissent…en langue anglaise. A la pause café, lesdits francophones, français, luxembourgeois, belges et valaisans exhalèrent leur acrimonie à mon égard, m’accusant de trahison. Je leur répondis que le plus gros danger linguistique n’était pas le néerlandais, mais évidemment l’anglais professionnel, sorte de « lingua franca » dépourvue de contenu culturel, qui anéantit tout sur son passage. Je ne les ai, bien entendu, pas plus convaincu que toi.
Que tu le veuilles ou non, la lingua franca anglaise s’est imposée ; j’en suis navré, d’autant que je n’en parle pas un mot, ayant fait allemand-latin-grec. Et ça m’a bien handicapé dans les quelques voyages que j’ai faits et surtout dans cveux que j’aurais pu faire si j’avais connu cette langue-là.
Je le regrette comme toi, mais l’anglais a gagné et un homme d’aujourd’hui qui ne saurait pas cet idiome sera un véritable handicapé. Les blagues agitées autour de la francophonie sont encore une façon de s’illusionner. (les maillots sportifs du Maroc s’intitulent »Morocco » : et il paraît que ce peuple nous est proche !!!)
personne n’empêchera jamais de doux rêveurs de s’exprimer dans des idiomes qui n’ont jamais donné au monde la moindre oeuvre de qualité ; mais on peut continuer à niaiser sur le basque et le breton ; et le créole tant qu’on y est.
Tiens, au hasard de tes propos, je constate que nous sommes d’accord sur la francophonie qui est selon moi une chimère, du moins pour les espoirs que l’on y met. Je constate également que sur le règne de l’anglais, tu t’es résigné. Moi non. Surtout qu’à la différence de toi j’ai travaillé en anglais dans des pays où il était la langue des affaires. Mais dans les pays où il y avait une langue nationale, si inférieure qu’elle fût, j’insistais pour parler cette langue de préférence à l’anglais. Telle devrait être l’attitude des Français à l’étranger dans l’intérêt de notre langue et de notre pays. Et, pour tenter provisoirement de conclure ce débat, la langue française ne doit pas être vue comme la langue qui remplace les autres sous prétexte qu’elle est plus universelle, mais celle qui permet aux autres d’exister, y compris sur le territoire national.
Ce n’est pas le sujet , mais puisque l’anglais est mis sur le tapis , Il y a tout de même un problème français avec la langue anglaise généralement prononcée par nos compatriotes sans inflexion ( le français étant une langue très faiblement accentuée , on se fait vite détecter comme Français , en Grande Bretagne sans compter touts autres pays ) .
L’utilisation comme langue intermédiaire est donc assez facile et bien pratique ; il est par contre moins aisé , de parler anglais avec des anglais : ils parlent trop vite ou bien est ce l’ intonation , justement , qui est à l’origine de la difficulté. Egalement parmi des relativement jeunes , l’on peut relever cette marque française : quelle différence entre l’ anglais parlé par E. Macron et celui d’ un discours d’ Elisabeth II ou même d’ un Président des Etats – Unis !
De toute façon , la plupart des français sont peu doués pour les autres langues et c’est la meilleure garantie ; sans parler des qualités de précision et des nuances venant de la richesse du vocabulaire .
Pour revenir aux langues régionales , c ‘est seulement depuis 1992 que le français est inscrit comme langue officielle de la République dans la constitution… et c’est ce traficotage qui sert maintenant contre les langues provinciales ; il en est d’autres (traficotages) sur divers sujets dans l’air du temps . La Ve change sans qu’il n’y paraisse .
Antiquus, je ne me « résigne » pas au règne du global english : je le constate. C’est fort bien de lutter, comme tu l’as fait, pour que les peuples parlent leur langue nationale et non ce sabir ; et crois bien que si j’avais été en position d’agir comme tu l’as fait, je t’aurais imité.
Mais nous vivons dans le « monde réel » et, si nous voulons avoir une action vraiment politique, il faut prendre en compte les données de ce monde, si exécrables qu’elles sont ou peuvent l’être.
Croyons-nous vraiment que, si par un coup de baguette magique, la Monarchie redevenait le régime de la France (c’est-à-dire était « instaurée » et non « restaurée » – mais j’ai écrit ça dans « Je suis Français » il y a 40 ans), on supprimerait ce sur quoi la France d’aujourd’hui vit (ou subsiste, si l’on veut) ? Croit-on que l’on raccompagnerait chez eux les millions de Français de papier qui en changent la nature ? Croit-on qu’on supprimerait le « mariage » homosexuel ? (et pourquoi pas le divorce comme je l’ai vu écrit dans des forums intégristes !). Croit-on qu’on obligerait les gens à se rendre à la messe dominicale ? Croit-on que l’hyperconcentration des métropoles s’arrêterait et que les cités de banlieue disparaitraient ? Croit-on qu’on règlerait en fronçant les sourcils les problèmes de drogue, de violence et d’insécurité ?
Prendre le pouvoir, d’abord et ce ne sera pas facile ; mais regarder avec des yeux lucides le champ de ruines. Indignés, scandalisés, furieux, si l’on veut, mais LUCIDES.
» D’autres soupçonnent que l’on veuille en catimini introduire l’arabe dans les langues immersives. » Cet aspect du problème est totalement écarté, de manière irréaliste, me semble-t-il.
Car qu’est-ce qu’une « langue régionale », sinon une langue parlée dans une région ??
Il n’est pas indiqué de critère historique…
Or, bien des villes, et même certaines régions de France, aujourd’hui, sont à peine francophones… Eric Zemmour, né à Montreuil en Seine Saint Denis, racontait dans une émission récente sur France-soir, qu’ayant été reconnu sur les lieux de son enfance, il a été interpellé par de jeunes Arabes (sic) « eh Zemmour, qu’est-ce que tu fais ici ? t’es pas chez toi !!! »
Faire son possible pour sauver des locuteurs des langues régionales, oui. C’est un trésor pour le linguiste.
Mais donner une possibilité pour faire disparaître le français dans certaines régions… on comprend les réticences…