Par Benoît Rayski
Cette brève et intéressante chronique qui ne manque pas d’ironie et de lucidité, est parue dans Causeur le 27 mai. Nous n’y ajouterons pas de commentaire. Les mots et les faits suffisent. L’incapacité du Système à défendre l’identité française ou sa volonté de la détruire, sont des évidences.
Démagogie et start-up Nation…
Jupiter est tout puissant. Nous pouvons lui faire confiance pour changer la géographie de la France.
Le président de la République s’est confié à Zadig. Un magazine dégoulinant de crème pâtissière bien-pensante. Pauvre Voltaire ! Mais il n’est plus là pour protester.
Macron a communiqué aux lecteurs de Zadig sa vision de la France qu’il aime. Il a évoqué Amiens, le berceau où il a grandi. Puis il s’est attardé sur le 9-3 à qui, selon lui, « il ne manque que la mer pour devenir la Californie ».
À l’appui de cette superbe envolée lyrique, il a avancé deux arguments. La Seine-Saint-Denis est, a-t-il dit, « le département le plus jeune de France ». Il a toutefois oublié de préciser que le 9-3 était surtout très « jeunes ». Deuxième argument : « la Seine-Saint-Denis est le département qui compte le plus grand nombre de créations de start-up par habitant ». C’est tout à fait exact si l’on range dans cette catégorie les points de deal.
Zadig est un magazine niais. Pour être au diapason de ses lecteurs, le chef de l’État a bien compris qu’il lui fallait, lui aussi, être niais. Et dans ce registre, il a été excellent. La mer, Macron ira la chercher avec les dents. La plus proche du 9-3, c’est la Manche. Mais ses eaux sont froides et la population du 9-3 est frileuse. Ce sera donc la Méditerranée, plus chaude et plus propice à l’épanouissement des Dionysiens.
Macron est un démagogue éprouvé. Quand il lui faut parler d’insécurité, il fait un pas vers la droite. Quand il évoque les Français qui sont à la peine, il lorgne vers la gauche. Mais il n’est jamais aussi inspiré que quand il se penche amoureusement sur la banlieue jeune, vigoureuse et virile.
Pour conclure, j’emprunte une formule à un tenant de la fachosphère : « ce serait déjà bien si la Seine-Saint-Denis ressemblait à la France ». Je lui laisse la responsabilité de ses propos insupportables. ■
Benoît Rayski
est journaliste et essayiste
Macron a d’ailleurs longtemps habité en Seine-Saint-Denis. Il y a ses habitudes, c’est là qu’il à venir se recréer et les quelques économies qu’il a réalisées lors de son passage dans une petite banque dont le nom ne dirait rien à personne, il compte les investir dans un pavillon ou un appartement dans une barre (il hésite encore, ce sera son premier bien immobilier). Il y passera une retraite bien méritée avec sa charmante épouse et leurs enfants. Il sait donc de quoi il parle.