Chacun sait que lorsque les Américains parlent de multilatéralisme cela ne veut rien dire d’autre que l’affirmation de leur volonté de domination universelle ou à tout le moins de domination d’une coalition de peuples et d’États qu’ils entendent entraîner dans l’une de leurs aventures pacifiques ou guerrières pour conserver l’impérium de leur État sur le monde.
Aujourd’hui, l’ennemi secondaire des États-Unis est la Russie – qui doit, selon eux, demeurer coupée de l’Europe pour éliminer leur alliance susceptible de puissance. Et la Chine, en phase de les surpasser, est leur ennemi principal. Leur ennemi véritable. Même si des tentatives de rapprochement sino-américain devaient se produire à moyen-terme, ce qui ne nous étonnerait nullement – la machine de leur affrontement semble aujourd’hui ancrée dans de profondes réalités, certes économiques et financières, mais aussi militaires et géostratégiques, propres à déboucher sur un conflit en règle.
Joe Biden, que Trump a eu tort de traiter d’endormi, relance donc l’offensive de domination américaine qui est, avec l’isolationnisme (toujours relatif), l’une des deux traditions de son pays. C’est à quoi l’on a assisté ce weekend en Angleterre. Les Américains reprennent leur politique des grandes coalitions qui ne nous ont apporté rien de bon, sinon notre affaiblissement (français et européen) depuis le début du siècle dernier.
Dans la suite des choses, qui seront complexes, la France devrait avoir au moins une idée simple : se garder des traités impliquant notre engagement automatique en cas de conflit au sein d’une quelconque coalition, conduite par d’autres. Cela nous a seulement valu notre position de faiblesse insigne lors des deux conflits mondiaux.