Par Olivier Perceval.
Un père qui donne une gifle à sa fille, ça fait un film de Claude Pinoteau, plutôt réussi, avec Lino Ventura et Isabelle Adjani.
Un jeune Français qui donne une gifle au président, ça fait des images en boucle à la télé et sur les réseaux sociaux. Plut au ciel que le dit-président ne fut pas giflé par Lino, car là on aurait certainement parlé d’attentat et non d’un incident isolé !
Mais si on avait voulu réaliser une intrigue cinématographique, il eut fallu parler dans le scénario, de l’arrivée de « Jupiter » au pouvoir, de son discours au Louvre, d’une certaine affirmation de la souveraineté française, puis des Gilets jaunes tabassés , des promesses non tenues, de la soumission zélée à Bruxelles, de l’immigration sans frein, de l’insécurité grandissante (qui n’est pas qu’un sentiment), de l’accueil des gens du show-biz en bas résille à l’Élysée, comme celui des youtubeurs Carlito et l’autre clown Mac Fly, bref , de la désacralisation de la fonction présidentielle. Ainsi Emmanuel Macron donne t’il finalement l’impression de mépriser, croyant les séduire, les Français qui ne sont pas dupes, et présente cet itinéraire pitoyable se terminant logiquement par une gifle, symbolisant l’aboutissement chaotique du malentendu tragique entre la présidence et le peuple tout au long du quinquennat.
Bien sûr, tout le monde est choqué ! C’est bien compréhensible. Mais qu’arrive-t-il quand une caste de « sachants » se répand dans les médias avec un discours moralisateur et explique aux gaulois réfractaires qu’ils ont tort de se plaindre. Cette gifle est la réponse énervée, d’un homme qui n’est pas tombé sous le charme d’une stratégie de communication basée sur le contact flagorneur avec un peuple subissant la crise économique, le dictat sanitaire et la violence qui se répand dans le pays, accentuée par la gestion de la pandémie. Mais campagne électorale oblige.
A l’unanimité, tous les partis, condamnent le geste : on ne touche pas au président !
Certains, un peu grandiloquents, parlent même du corps du roi !
Alors Parlons du corps du roi !
Rappelons-nous que toutes ces personnalités politiques toutes idéologies confondues, scandalisées par cette violence sacrilège, revendiquent unanimement l’héritage de la Révolution qui exerça une violence sans précédent contre le peuple de France, jusqu’au sommet de l’Etat à commencer par le Roi, la Reine et le Dauphin. La France n’est pas guérie de ce traumatisme, et il sera toujours difficile d’être un président respecté, quand on a tué le roi.
La Ve République a réussi, après trois révolutions, quatre républiques, un empire, deux restaurations, une guerre civile (la Commune), trois guerres, à redonner une forme régalienne à la fonction présidentielle, mais la médiocrité l’a vite emporté, aggravée par le cadre réducteur du quinquennat. Les présidents, comme Giscard, ont pensé sous l’influence de leurs équipes de communicants, ( le nouveau clergé de la république,) que l’on pouvait séduire le peuple, non par des mesures sociales et protectrices, mais en invitant les éboueurs au petit déjeuner ou en faisant des selfies avec des badauds pendant un tour de France électoral.
On cherche un chef d’État et on nous donne des amuseurs publics. On souhaite une politique indépendante et on nous propose une startup nation sous contrôle d’une holding européenne…
Et l’on s’étonne que cela se termine par une gifle ? Il fut un temps où l’on souffletait avec un gant avant de se retrouver sans portable mais avec des témoins au Pré-aux-clercs. Époque à jamais révolue et perdue dans la supposée inexistence d’une « culture française »
Mais ce soufflet-là qui n’est pas près de retomber, est-peut être un signe symbolique annonciateur d’évènements plus graves, sincèrement, nous ne le souhaitons pas, mais si rien ne change nous craignons des journées fatigantes à l’avenir.
Aux dernières nouvelles, le gifleur du président est condamné à quatre mois de prison fermes, dormez bourgeois, la République vous protège. ■
Bravo monsieur Olivier Perceval, pour ces quelques flèches littéraires autant que fulgurantes, qu’en des termes élégants ces choses là sont dites, quel plaisir de retrouver une langue que nous nous devons de faire survivre, et vous le faites bien monsieur!
MARC CHAPELLE