C’est certainement avec des pincettes qu’il faut lire l’analyse de BFM TV que nous reprenons ici. BFM TV, la chaîne dont CNEWS est la concurrente la plus offensive, la plus en pointe et qui lui ravit souvent la première place en terme d’audience et de qualité. Le succès de CNEWS ne fait pas que des heureux. Et il doit naturellement beaucoup – mais plus seulement – à la présence d’Eric Zemmour et, comme il dit, de ses camarades.
Cela étant dit, l’on regardera avec intérêt la courte vidéo en tête de cette publication et on lira de même le texte rédigé par BFM, texte où l’on ne manquera pas de discerner des traces d’un certain venin. Discret, pour l’instant.
Tout cela est bien-sûr bon à savoir.
PRÉSIDENTIELLE: L’ÉNARQUE SARAH KNAFO, CHEVILLE OUVRIÈRE D’UNE CANDIDATURE D’ERIC ZEMMOUR
Le projet est de plus en plus éventé: Eric Zemmour se rêve candidat à la présidentielle. Il peut compter sur une jeune énarque, magistrate à la Cour des Comptes, Sarah Knafo, pour l’aider dans son entreprise.
La campagne présidentielle du polémiste Eric Zemmour n’est pour le moment qu’un fantasme caressé par une droite ne se reconnaissant ni dans les Républicains ni en Marine Le Pen, et de plus en plus ostensiblement par le principal intéressé lui-même. En attendant, une conseillère politique, magistrate à la Cour des Comptes, s’active pour concrétiser ces aspirations: Sarah Knafo.
La « brillante énarque »
La jeune énarque âgée de 26 ans accompagne dans la plupart de ses déplacements celui qui rêve d’une réconciliation des droites – fragmentées selon lui par la promotion et la diabolisation conjointes du Front national par François Mitterrand dans les années 1980. C’est elle qui a co-organisé la Convention de la droite, tenue le 28 septembre 2019, lors de laquelle Eric Zemmour avait endossé un rôle inédit pour lui: tribun politique, et non plus conférencier. Elle œuvre alors au rapprochement de ce dernier avec Marion Maréchal.
Avant d’être aux côtés d’Eric Zemmour, Sarah Knafo – comme le précise ici L’Express qui a repéré son activité auprès du chroniqueur et essayiste – responsable des Jeunes avec Henri Guaino en 2016 – à l’époque où le souverainiste pensait pouvoir faire son propre tour de piste à l’élection suprême. Elle est désormais fermement convaincue du destin national de son nouveau champion.
Le journaliste de Marianne détaille le parcours de Sarah Knafo: « C’est une brillante énarque, elle est sortie de la promotion Molière en 2019, et dans la botte, c’est-à-dire dans les premiers postes attribués à la sortie de l’ENA. » La « botte » propose toujours le même dilemme aux heureux élus: choisiront-ils le Conseil d’État, l’Inspection générale des Finances, le Quai d’Orsay ou la Cour des Comptes pour débuter leur carrière de hauts fonctionnaires? Sarah Knafo a opté pour la quatrième option et y a été intronisée magistrate en janvier 2020.
Une histoire de détermination
Mais son compagnonnage avec Eric Zemmour auprès duquel elle agit en conseillère politique montre qu’elle ne cherche pas à exercer longtemps au sein de ce grand corps de l’État. « Quelque part elle est plus déterminée que lui », commente même Louis Hausalter.
La détermination semble être venue crescendo à Eric Zemmour qui multiplie les signes de son ambition nouvelle depuis quelques mois: parmi d’autres, sa présence désormais importante sur les réseaux sociaux qu’il fuyait jusqu’ici. C’est moins l’appétit qui lui manque désormais qu’une équipe dévouée à le mettre sur orbite pour 2022.
Réunions à son domicile
Bien sûr, Eric Zemmour a l’un des carnets d’adresses les plus fournis à droite, forgé à force de fréquenter les intellectuels et politiques de ce bord depuis son entrée au Quotidien de Paris comme journaliste politique en 1986 avant son passage remarqué au Figaro et dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché ». Sa publication d’une série d’essais dans les années 2010 lui a de plus valu de beaux succès de librairies dans cet électorat. Mais sans formation politique, borduré par des Républicains et un Rassemblement national soupçonneux à son égard et prêts à défendre leur espace politique, il a autant besoin de cadres que de sympathisants actifs.
C’est encore là qu’intervient Sarah Knafo. Celle-ci organise ainsi des réunions à son domicile, réunissant Eric Zemmour et des personnalités de droite, et tente de lui attacher les services de jeunes talents, décrit ailleurs L’Express.
Dans un entretien accordé à Alexandre Devecchio, journaliste au Figaro, pour son livre Les nouveaux enfants du siècle, Sarah Knafo a retracé l’origine de son affinité avec Eric Zemmour. Le politique s’y double de raisons culturelles et intellectuelles voire livresques: « En tant que Française israélite, je me reconnais dans son parcours d’assimilation et dans son détachement par rapport à l’identité juive. Je suis de confession juive, mais je me sens de culture chrétienne. Chez moi, Charles Péguy est aussi important que la Torah. »
Un pas de plus
Eric Zemmour est en tout cas de plus en plus proche de récompenser cette foi du charbonnier. Dans un long entretien vidéo publié dimanche par la chaîne YouTube Livre Noir, il est ainsi revenu sur une citation faite en avril dans sa recension d’une biographie de l’historien royaliste Jacques Bainville. Il a en effet profité de ce long développement pour faire un nouveau pas vers une candidature.
« À la fin de sa biographie, je découvre que, quelques temps avant sa mort, Bainville est dépité autour de son existence et qu’il dit: ‘Pourquoi si bien prévoir et pouvoir si médiocrement?’ », commence alors le polémiste, enchaînant bientôt:
Mais la route n’est pas tout à fait dégagée devant ce désir dont il ne fait plus mystère. Au pénal, il a déjà été condamné par trois fois pour injures et incitations à la haine raciale et, plus récemment, il a été accusé d’agressions sexuelles et de harcèlements dans la presse. Sarah Knafo va peut-être devoir préparer quelques éléments de langage. ■