Peut-on vérifier, garantir, l’authenticité de ces traits d’esprit ? Sans-doute est-ce possible pour certains d’entre eux. Par exemple, de toute évidence, s’ils ont été enregistrés. La plupart ont été rapportés par des témoins, d’ailleurs plus ou moins fiables. puis colportés au gré des conversations, des articles ou des mémoires de l’un ou l’autre. Peyrefitte est sûr, tandis que pour Malraux, la véracité est littéraire. On ne prête qu’aux riches : Boris Johnson, dans son gros livre sur Churchill, rapporte nombre de ses bons mots, parfois très cruels, et même très grossiers, tout en prévenant son lecteur qu’une bonne partie d’entre eux est sans-doute apocryphe. Il n’en sont pas moins un reflet du personnage. Il en est de même, sans doute, pour De Gaulle qui n’en fut jamais avare.
L’humour de De Gaulle !
En septembre 1959, lors d’un voyage officiel dans le Pas-de-Calais, de Gaulle, devenu président de la République, est présenté à l’abbé Baheux, très ému, qui lui dit en tremblant :
«Mon… mon Général… C’est moi qui vous ai marié en 1921… »
De Gaulle :
« Rassurez-vous, Monsieur le Curé, je ne vous en veux pas ! »
Lors du même voyage, de Gaulle retrouve Jules Cousin, qui fut son compagnon de chambrée au 33e régiment d’infanterie à Arras, près d’un demi-siècle plus tôt. Jules Cousin, qui l’avait le premier surnommé « la grande asperge», est si impressionné qu’il reste muet.
Peu après, de Gaulle glisse à l’oreille de son beau-frère :
« Le brave Jules a pu constater que la grande asperge est devenue une grosse légume !»
En conseil des ministres, 13 novembre 1961. On vient d’apprendre que l’ambassade de France à Rabat a été mise à sac.
Commentaire du ministre des Affaires étrangères Couve de Murville :
« Bien sûr, si nous étions encore en régime de protectorat, cela ne se serait pas produit. »
Conclusion du Général :
« Et si les Français de Napoléon étaient restés à Moscou, il n’y aurait pas eu Staline. »
10 mai 1962, dans un petit village du Jura. De Gaulle : « Alors, Monsieur le Maire, pour l’eau, ça va ?
« Oui, mon Général, ce qu’on aimerait maintenant, c’est avoir le téléphone. »
« Ah, vous en êtes déjà là !… Je prends bonne note… Je vous téléphonerai ! »
Grande messe à la cathédrale de Limoges, 20 mai 1962.
De Gaulle, de retour à la préfecture :
« J’aime bien ces messes. C’est le seul endroit où je n’ai pas à répondre au discours qu’on m’adresse. »
Henri Tisot, imitateur du général de Gaulle, avait vendu entre 1961 et 1962 plus d’un million d’exemplaires de son disque parodique L’Autocirculation.
Il avait récidivé en 1962 avec « La Dépigeonnisation », mais en un an, les ventes n’avaient atteint que 300 000 exemplaires.
Réaction du Général :
« Tiens, Tisot est en baisse. Je vais encore me retrouver tout seul… »
En fait, de Gaulle était sensible à l’humour du personnage. D’où cette réflexion caustique :
« Au fond, Tisot fait le même métier que moi : il répète tout le temps la même chose. Mais lui, au moins, ça lui rapporte ! ».
À une femme de ministre qui s’indignait bruyamment des imitations de Tisot, de Gaulle avait répondu :
« Mais, Madame, il fait ça très bien,
et d’ailleurs, je l’imite parfois aussi, à mes mauvais moments ! »
Après l’attentat du Petit-Clamart, de Gaulle était insatisfait de l’attitude des ministres qui ne lui avaient pas écrit, car il considérait avoir été mitraillé en tant que chef de l’État,
« dans sa fonction officielle ».
En revanche, lorsqu’en avril 1964 il est opéré de la prostate, c’est uniquement l’homme privé qui est concerné, et il s’indigne de recevoir à l’hôpital Cochin des lettres de ses ministres :
« Enfin, ce n’est tout de même pas la prostate de l’État ! »
Lors d’une réception à l’Élysée, un ambassadeur s’approche du Général et lui dit :
« Savez-vous, Monsieur le Président, que ma femme est très gaulliste ? »
Réponse du président :
« Eh bien ! La mienne, Monsieur l’Ambassadeur… Ça dépend des jours ! ».
De Gaulle visite la Bibliothèque nationale, qui a exposé à cette occasion un brouillon de sa main, très raturé comme à l’ordinaire, à côté d’un manuscrit de Corneille, sans ratures ni surcharges.
Réflexion du Général :
« Tiens, Corneille ne se relisait pas ! ».
À Colombey, Malraux, qui s’entretient avec le Général, s’interrompt pour lui désigner le chat
« Regardez, mon Général, ses oreilles qui bougent… Le chat nous écoute. »
De Gaulle sourit :
« Pensez-vous ! Je le connais… Il fait semblant. »
Une chasse à Rambouillet. Réflexion d’un des invités :
« Ah, mon Général, la chasse ! Que d’émotions ! C’est vraiment comme à la guerre ! »
De Gaulle :
« Oui… À une différence près, cependant : à la guerre, le lapin tire ! »
Printemps 1968. La Révolution culturelle fait rage en Chine. À Pékin, un cortège de gardes-rouges défile avec des banderoles
« Non à la tête de chien de De Gaulle ! »
Commentaire du Général :
« C’est quand même un comble de se faire traiter de chien par des Pékinois ! »
1967 – Président de la France de 1958 à 1969, De Gaulle a prononcé cette phrase lors d’une visite au CNRS à une époque où l’on déplorait le manque d’inventivité des chercheurs :
« Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche.. »
Merci à LJD de sa transmission
De Gaulle disait » Avec de Gaulle, la France vit au-dessus de ses moyens « . Elle vit aujourd’hui juste au niveau de ses moyens …