Par Rémi Hugues.
En voulant mettre son stade aux couleurs arc-en-ciel à l’occasion de la rencontre Allemagne-Hongrie, la ville de Munich a mis dans l’embarras les instances dirigeantes de l’UEFA. L’euro « 2020 » – il aurait dû avoir lieu l’an dernier mais il a été reporté, crise sanitaire oblige – est l’objet d’une instrumentalisation féroce de la part de lobbys se rattachant au paradigme des droits-de-l’homme.
Le lobby antiraciste veut que les joueurs débutent le match un genou à terre en hommage au « martyr » du mouvement Black Lives Matter George Floyd, cet Américain noir mort le 25 mai 2020 pendant une intervention policière.
Et le lobby LGBTQIA+ de rentrer lui aussi dans la partie : en s’immisçant dans la compétition sportive il a réussi à placer la question des droits des homosexuels dans l’univers du football, qui, reflet de la décence commune populaire, a tendance, par le truchement de ses chants et cris de supporters, à utiliser ces déviances comme signifiants d’anathèmes, prisés autant pour servir d’exutoire que pour exprimer son indéfectible soutien à ses champions, lesquels incarnent une identité collective, qu’elle soit locale (pour les clubs) ou nationale (pour les sélections nationales).
Or s’il y a un bien un pays européen qui représente aujourd’hui cette mentalité qui résiste au terrorisme intellectuel des progressistes, c’est la Hongrie de Victor Orban. Le match n’a pas été choisi au hasard. George Soros, ce corsaire du globalisme droits-de-l’hommiste, ce mécène de Black Lives Matter aussi bien que de la cause « gay », qui a des origines hongroises, a, on le sait, la dent dure contre Orban. Nulle trêve olympique entre les deux hommes pendant l’euro de football : la politique est un match qui ne se termine jamais…
Cette polémique est l’occasion de rappeler que des forces extrêmement puissantes agissent dans la politique mondiale. Elles servent un agenda précis. Ce qu’elles professent et mettent en œuvre, c’est l’antinomisme, l’inversion des commandements divins, ou loi naturelle. À la place, ces forces promeuvent « l’esprit de la Déclaration du 26 août 1789 où sont mis au pinacle les droits naturels et imprescriptibles de l’homme (article 2, ils sont au nombre de quatre : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression), sans qu’aucun rééquilibrage ne soit d’ailleurs opéré à travers des devoirs, ce qui souligne la nature antinomiste de ce texte qui pour beaucoup revêt une dimension sacrée »[1].
En matière de sexualité, la Tradition prescrit la norme, laquelle est ontologiquement conforme à la nature, à travers ces paroles christiques inspirées directement du livre de la Genèse : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, les fit homme et femme (Gn I : 27) et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera père et mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair (Gn II : 24). Dès lors, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mt XIX : 4-6)
À l’évidence, c’est aussi dans le livre de la Genèse que le parti de l’antinomisme choisit ses symboles. Cette « religion » se veut universelle, destinée à tous les enfants de Noé, noachique. « J’ai placé mon arc parmi les nuages et il servira de signe de l’alliance conclue entre moi et la terre, l’arc apparaîtra parmi les nuages et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous ainsi que tous les êtres vivants de toute espèce : l’eau ne se transformera plus en déluge pour détruire toute créature. L’arc sera parmi les nuages et je le regarderai pour me souvenir de l’alliance éternelle entre Dieu et tous les êtres vivants de toute espèce qui se trouvent sur terre. » (Gn IX : 13-17) Le noachisme, d’essence antinomiste, entend nous séduire par la beauté des couleurs de l’arc-en-ciel, en y associant des principes charmeurs, « tolérance », « diversité », « ouverture », « plaisir sensuel »[2]…
On ne peut qu’être frappé par la coïncidence : Munich, lieu choisi pour l’illumination arc-en-ciel, fut le quartier général des plus grands antinomistes du XVIIIème siècle, les illuminés de Bavière, Adam Weishaupt alias Spartacus, Freiherr Adolph Knigge alias Philon et leurs fidéicommis, parmi lesquels figurent les révolutionnaires Mirabeau,, Sieyès, Philippe « Égalité », ainsi que Cagliostro et La Fayette[3].
Pierre Boutang, lors d’une conférence qui s’est tenue à Marseille le 3 mars 1988, à qui l’on demanda que penser d’un prince gagné aux idées maçonniques, cita les écrits de l’abbé Barruel, qui affirma que la Révolution de 1789 et sa « religion » nouvelle des droits-de-l’homme émanaient de la secte illuministe[4], à ne pas confondre avec l’informelle « secte philosophiste » des penseurs des Lumières Rousseau, Voltaire, Diderot, d’Alembert, Condorcet, Turgot, Mandeville, Fontenelle, etc., bien que chacune favorisa l’irruption du déracinement moderne, ce qui suggère qu’elles ne sont pas étrangères l’une à l’autre.
Sectes dont le feu, hélas, ne s’est pas éteint. À leur rainbow nous préférons Rimbaud, Arthur de son prénom, et ses magistrales Illuminations. ■
[1]https://www.jesuisfrancais.blog/2021/02/01/philo-metapolitique-adamisme-et-evolutionnisme-10/
[2]« Mais qui pourrait le soupçonner sous des noms aussi bien sonnants que prospérité générale, sécurité de l’existence, paix des peuples, etc. ? Il se camoufle sous les idéalismes et sous tous les -ismes dont le pire est le doctrinalisme, cette manifestation la moins spirituelle de toutes les manifestations de l’esprit. », Carl G. Jung, Aïon. Études sur la phénoménologie du soi, Paris, Albin Michel, 1983, p. 99.
[3]René Le Forestier, Les Illuminés de Bavière et la Franc-Maçonnerie allemande, Milan, Archè, 2001.
[4]« C’est tellement bête la maçonnerie, vous savez. Je lis Barruel. Les tomes de Barruel. C’est tellement idiot, c’est tellement minable. […] Les gens qui l’ont fabriquée – Barruel raconte ça très bien – les illuminés de Bavière, mais c’étaient des dingues absolus. Ils étaient aussi dingues que les plus médiocres des maîtres d’école nazis. » À partir de 1:14:30 : https://www.youtube.com/watch?v=QjylMBkNIEs&t=4678s
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Que les sectes issues de Sabbataî Tsevi, Jacob Franck, les illuminés de Bavières voire Raspoutine soient des antinomistes soit.
Mais ce n’est pas le cas de l’alliance noachique comme de la révélation primordiale d’Adam, de l’Alliance abrahamique, de l’Alliance Mosaïque ou de la Nouvelle Alliance.
Qu’on ait prêté aux Juifs l’intention de développer une religion noachique en dehors du judaïsme et la substituer à la concurrence chrétienne, c’est possible.
Mais il ne faut pas tout confondre et de rejeter l’héritage de notre père Noé.