Cet article de Catherine Rouvier, remarquablement intéressant, est paru dans Causeur le 7 juillet. L’équipe de Je Suis Français connaît bien et apprécie les écrits de Catherine Rouvier et sa personnalité. Le lecteur jugera. Bien entendu, l’on peut en débattre.
Par Catherine Rouvier.
Comme le président Macron en 2017, Éric Zemmour enthousiasme les Français car il mène la danse dans le débat d’idées.
« La bataille électorale n’est pas la bataille des idées ». Jordan Bardella, le jeune second du RN, a prononcé cette phrase dans la matinale de Pascal Praud, sur CNews, au lendemain des élections régionales, croyant ainsi couper l’herbe sous le pied du possible candidat Zemmour à la présidentielle. À l’inverse, il a sans doute, par cette phrase, donné la clé de cette “envie d’Éric Zemmour” qui monte irrésistiblement dans le pays. Ce qu’a choisi Macron, pour gagner en 2017, c’est justement la bataille des idées. Et sa facile victoire aura détruit en cinq ans beaucoup de ce que nous aimons. Donc en face, pour le chasser du pouvoir, il faut un combattant des idées.
Pas franchement un centriste, Jean Messiha a quitté le navire RN
On sait bien que la présidente du RN a renoncé a remplir ce rôle, pensant, comme on le rabâche depuis la IVème République, que “les élections se gagnent au centre”. Beaucoup de ceux – dont je fus – qui s’étaient engagés à ses côtés pour défendre des idées de droite et les porter au pouvoir ont fini par le comprendre, et par quitter ce parti lourd de ces basses querelles intestines qui caractérisent la “bataille électorale”. Le dernier départ en date est celui de Jean Messiha. Mais il y en a eu tant d’autres depuis dix ans… Comment s’étonner que la possible candidature d’Éric Zemmour les comble de joie ?
Mais allons plus loin : comment imaginer que le peuple, l’immense foule qu’est ce peuple français malmené, enfermé, martyrisé par des tyrans velléitaires, arraché de force à l’image son pays bien aimé sous prétexte de pollution ou d’ouverture à l’autre, puisse ne pas être séduit par le discours politique d’Éric Zemmour ? Comment imaginer qu’il n’ait pas un “désir” grandissant de celui qui aime “leur” France, la France de toujours, et rejette clairement les politiques qui la défigurent, qu’elles soient “progressistes”, écologistes ou favorables aux islamistes ? Peut-être même, qui sait, que ce peuple, qui a perdu le chemin des urnes, le retrouverait alors ?
Une certaine idée de la France ?
On attend du chef de l’État, depuis De Gaulle, une vision. On attend qu’il tienne fermement la barre des idées. C’est ce qu’avait compris Macron, qui s’est contenté de se faire une liste d’idées subversives à défendre en guise de programme en 2017.
Le parti “en Marche” ne lui a été utile que pour lui fournir les députés qui voteraient les lois installant ces idées-là dans notre droit et nos institutions. Avec la présidentielle qui approche, il est de nouveau engagé dans la bataille des idées, et se moque bien des échecs électoraux de ses godillots de candidats locaux, fussent-ils ministres ! S’il gagne à nouveau, il reconstruira un parti éphémère sur les ruines du précédent, sachant que n’importe quel défonceur de tête à coups de casque, ou n’importe quelle mordeuse de taxi fera l’affaire, du moment que sur l’affiche, à côté de leur tête, il y aura la sienne ! Face à lui, il faut donc un homme qui n’aura que faire – comme lui – du ” combat électoral”.
Les tribunaux veulent faire taire Zemmour
Un homme qui, comme lui, se contentera, pour conquérir le pouvoir, d’un parti ad hoc, une sorte d’avant-garde éclairée, formée de ses partisans, qui inondera la presse et les réseaux d’informations enthousiastes le concernant, pendant que lui se concentrera sur le “combat des idées”. Les idées d’Éric Zemmour, les Français les connaissent, car il les a exposées depuis plus de dix ans dans ses livres et ses émissions, avec constance et clarté. Ils savent qu’elles sont à l’exact opposé de celles de Macron, à l’exact opposé du politiquement correct imposé par des lois iniques. Ils savent aussi qu’il a le courage de défendre sa liberté de penser – et donc la nôtre – jusque devant les tribunaux.
Un message toujours identique, sans variations et retournement, un message clair, un message fort qui n’a pas peur de designer l’ennemi et qui ne renonce pas sous sa pression, voilà ce qu’attend aujourd’hui une foule. Or, soumis depuis trois ans aux mêmes évènements traumatisants, entravé, réprimé, malheureux, que sera le peuple français en avril prochain, sinon une vaste foule ? Il se pourrait bien qu’il concrétise alors ce “désir de Zemmour” dont déjà bruisse le pays. ■
Lire aussi dans JSF le Lundi de Louis-Joseph Delanglade
La troisième vague
Zemmour nous secoue là où réside notre amour-propre et c’est ce que faisait de Gaulle avec ses idées de grandeur , c’est ce qu’a fait Louis XIV et même Bonaparte plus tard. « On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre », disait-on dans ma jeunesse .
Cette «idée» Zemmour est la plus contre-efficace idée émise par la plus qu’incertaine «droite», qui ne se veut surtout pas extrême… Zemmour est un chroniqueur intéressant à écouter, mais par trop systématique et polarisé sur la mécanique raisonnable de ses analyses, le plus souvent frappées au coin du bon sens, certes, mais être rompu à l’«analyse» n’implique pas que l’on soit capable de réflexion synthétique. Par ailleurs, et là est le sujet, quelqu’un comme Éric Zemmour aurait-il les capacités (disons «techniques») qui font le «candidat», pour commencer, et, pour continuer, en cas de réussite, qui font le gouvernant… Eh bien non, ce me semble manifeste ; notamment en raison de certaines de ses qualités «humaines», qui me semblent également manifestes. Pour finir, attraper des voix chez les uns et les autres ne revient pas à créer des voix exprimées supplémentaires (pas même en ces temps d’abstention galopante). Un nouveau spécimen de Dupont-Aignant n’enrichira pas plus en authenticité la vraie droite que le gaullisme, dont ils se réclament un peu trop à l’envi pour donner envie d’eux. Il ne faudrait pas en arriver à paraphraser en ces termes : «le gaullisme est le pire système de la démocratie», à l’exception de tous les autres», formule à laquelle, jusqu’à la gauche infecte, on semble de plus en plus enclin à vouloir se rallier.
Je crois comprendre votre analyse que je trouve fine. Dans le fond, les candidats en tant que candidats ne sont pas très brillants et ne motivent guère l’électeur. Pour ceux qui ont gouverné, on connaît le résultat. Zemmour a au moins toutes les apparences de l’honnêteté, du patriotisme et de l’intelligence politique. N’est-il pas bon, à tout prendre, qu’il entre en lice ?
Pourquoi attendre l’homme idéal pour sauver la France , Zemmour s’en approche , il n’est plus temps d’hésiter
Zemmour a de nombreuses qualités qui peuvent séduire en ces temps… Il lutte ave courage et intelligence contre notre effacement de l’histoire. Si seulement il pouvait prendre un peu plus distance avec l’aventure napoléonienne et suivre les leçons de Bainville jusqu’au bout. La légitimité préexiste à l’aventure politique, sinon cette dernière tourne à vide. Rappelons nous la satire Ménippée. Zemmour peut nous rendre d’immenses services, son amour de la vocation de la France à exister et non à être massacrée par nos nihilistes actuels, est touchant, comment transformer l’essai? Retournement qui va plus loin que le nécessaire combat idéologique qui reste toujours un peu désincarné? Humilité devant notre communauté de destin. La grandeur, c’est aussi cela.